Troquer les grandes tablées pour les tisanes bien infusées : quelle idée saugrenue pour une mordue de bons gueuletons ! Au menu de ce festin détox ? Sandwich de vent, mousse d’air, galette de rien et jus de néant. Carnet de bord d’une retraite de cinq jours de jeûne, entourée par une joyeuse bande de femmes. Roulez, jeûneuses !
Jour 1 : Hardelot et jus de pruneau
Fraîchement débarquée à Hardelot, coquette ville de la côte d’Opale, cela fait déjà une semaine que j’ai dit adieu au café, à l’alcool, au thé, et que je carbure à la tisane. Je me suis progressivement déshabituée des produits animaux, et j’ai délesté mes repas du sucre superflu. « Pas de sucre du tout ? Rien à boulotter, même pas un petit carré de chocolat ou des figues séchées ? », « Tu devrais te glisser quelques barres de céréales dans le sac, au cas où », « Payer pour ne rien manger, c’est quand même un concept ! ». Merci maman, mamie, docteur — et la petite voix dans ma tête — mais vos conseils, je préfère les passer à la moulinette et m’en faire un jus détox !
Félicie, l’animatrice solaire qui organise la retraite, nous encourage à boire la veille de notre arrivée, une pleine bouteille de jus de pruneau ou de jus de choucroute. Entre la peste et le choléra, que choisir ? J’opte pour le pruneau, dont la douceur me semble plus rassurante. Cet épais breuvage, connu pour ses propriétés dépuratives, fait office du dernier aliment ingurgité avant la rupture du jeûne, prévu cinq jours plus tard. Alors, haro sur le pruneau ? La surprise est finalement plutôt bonne et à en croire la fête qui a lieu dans mes entrailles, pas de doute, l’aventure intérieure commence. C’est, en somme, un pèlerinage en terre inconnue qui s’annonce aussi transformateur que formateur.
Jour 2 : Ventre plein je te vide, ventre vide je te plains
Après une nuit explosive, je découvre l’agréable sensation d’avoir le ventre vide. Il faut dire que le combo drainant jus de pruneau et chlorure de magnésium a fait son petit effet ! Pourquoi avoir attendu autant pour expérimenter le jeûne ? N’est-ce pas notre premier réflexe d’enfant malade, boudant catégoriquement toute nourriture ? Et comment ne pas songer à ces pratiques répandues chez de nombreux religieux qui jeûnent tantôt pendant le carême, le ramadan ou Yom Kippour pour mieux nourrir leur esprit ?
J’observe les sensations nouvelles qui surgissent : l‘impression de légèreté grandissante, la peau qui se détoxifie, le rythme cardiaque qui s’accélère, l’odorat et les goûts qui s’affinent. Jamais une eau chaude citronnée ou une tisane de cardamome dont je me remplis à longueur de journée n’ont eu autant de goût !
Jour 3 : Crise d’acidose pour la bonne cause
Le réveil, en ce troisième jour, est aussi brumeux que le ciel. Mon sommeil a été agité par une activité cérébrale dont je n’ai pas l’habitude en ces heures avancées de la nuit. Mon cœur et mon ventre palpitent de manière incontrôlable : suis-je en train de vivre cette fameuse crise d’acidose, connue et redoutée des jeûneurs ? Quand on jeûne, toutes les toxines sont en mouvement dans le sang, ce qui peut générer des expériences pas toujours agréables, qui sont très variables en fonction des personnes, explique Félicie. Ces toxines acides sont ensuite éliminées grâce à la sudation, à la respiration, à l’urine ou au lavement intestinal, d’où l’importance de jeûner tout en se mettant en mouvement !
Félicie, d’une voix rassurante et confiante, nous encourage : En arrivant sur votre tapis, vous avez fait le chemin le plus dur. Maintenant, laissez-vous guider pour les deux prochaines heures. Les exercices de respiration, la session de yoga et mes pieds qui foulent l’herbe mouillée par la rosée du matin me font l’effet d’un puissant médicament. Je me sens renaître !
Jour 4 : Marche ou rêve
Le mouvement, c’est vraiment la clé d’un jeûne réussi, nous a souvent répété Félicie. On dit oui à l’exercice physique, à condition qu’il soit doux. Pas question de sauter du lit pour aller courir un marathon. Le maître mot ? L’écoute de soi ! On se met au service de notre corps qui se régénère, on ralentit progressivement pour adopter le rythme du jeûne. Les journées vides de nourriture laissent place à l’activité : du yoga forcément, mais aussi de longues marches à la découverte de l’écosystème riche et varié de la côte maritime. Forêt, lac, dunes ou bord de mer que j’aime sillonner les pieds dans l’eau, le soleil sur le visage et le bruit des coquillages qui s’entrechoquent dans ma poche. Inspirer, expirer : c’est ça vivre le moment présent ?
Jour 5 : La faim des haricots
Je vous entends d’ici me demander : « Et la faim alors, tu n’en as pas souffert ? », « Tu n’as jamais eu envie de manger ? ». Bien sûr que j’en ai rêvé de ce plateau de fromages fermiers, de ce croissant bien beurré ou de cette galette dorée. Mais l’une des règles de cette retraite m’a sauvée : Pour votre propre bien-être, je vous conseille de ne pas parler de nourriture entre vous. Moi qui n’ai jamais fait mien l’adage il faut manger pour vivre et non vivre pour manger, je me surprends à apprécier cet allègement de la charge mentale liée à l’alimentation. Ici, pas besoin de réfléchir au prochain menu, de faire la liste de courses et l’inventaire des placards. Finie aussi la corvée de vaisselle. Toute l’énergie que je mobilise habituellement pour digérer et pour m’occuper de ces tâches quotidiennes m’est restituée. J’en profite pour lire, marcher, discuter, échanger, rêver.
Je finis par me reconnecter à la nourriture en préparant le banquet final de rupture du jeûne. Le plaisir de cuisiner s’accompagne de la torture de ne rien pouvoir goûter. La reprise n’en est que plus savoureuse : même sans sel, les aliments que nous redécouvrons sont explosifs de saveurs ! Je me délecte de la douceur du potimarron et des dattes moelleuses, du croquant des oléagineux et de la pureté des végétaux crus et cuits qui colorent notre joyeuse tablée.
Cette retraite est plutôt une re-traite : un nouveau traitement que l’on s’accorde à soi-même, en retrait de la vie urbaine effrénée. Le corps et l’esprit légers, je quitte ce cocon où les apprentissages, comme les innombrables tisanes, continueront d’infuser mon quotidien.
Chère Laurène,
Merci pour ce témoignage si bien décrit de ce jeune.
C’est tellement vrai, reel de se ressentir, de se retrouver … une vraie renaissance !! Merci Félicie et Laurène pour ce flash back ?
Bonsoir,
J’ai des problèmes de dos depuis des années, ce qui est très banal mais néanmoins très inconfortable !.. et l’expérience du jeûne me tente beaucoup..
Une chose pourtant me pose un problème : les tarifs ! je comprends bien qu’il faille rémunérer le suivi médical et le coaching mais les dépenses en nourriture étant ce qu’elles sont..
Si quelqu’un parmi vous pouvait me transmettre une « bonne adresse », je serais ravie !
Bonjour, j’ai 59 ans et, à 2 reprises, j’ai déjà fait un jeûne, précédé d’un nettoyage integral. C’est extrêmement bénéfique pour l’organisme. cela m’a débarrassé de douleurs articulaires résistant à tous les traitements, d’une inflammation chronique de certaine articulations. J’ai eu l’impression d’avoir à nouveau 25 ans tant j’avais de l’énergie. Cet effet à duré 6 mois, les douleurs elles ne sont jamais revenues. C’est comme si on « resset » notre métabolisme, c’est vraiment puissant.
Pour avoir fait déjà 2 jeûnes de 7 jours,je vous rejoint complètement. Quel bonheur de ne plus penser à manger et se sentir légère, c est comme si nos sens étaient surdéveloppés.
Par contre, nous parlions souvent de recettes pendant les randonnées, échangions trucs et astuces sans pour autant ressentir la faim.
Cela m à permis de rencontrer des gens formidables et ouverts.
Je recommencerai car le bien-être ressenti perdure longtemps après la reprise de l alimentation
Bonjour Christine,
Merci pour votre commentaire. Ravie que l’article résonne avec votre expérience de jeûneuse !
Tout à fait d’accord avec vous sur les bienfaits durables du jeûne.
Belle journée,
Laurène.
Bonjour et merci pour cet article. Est-ce que ce jeune de 5 jours fut l’occasion, quand vous avez recommencé de manger, de ne plus manger d’animaux? Cordialement,
Bonjour Laure,
Merci pour votre commentaire.
Je consomme de manière générale très peu de produits animaux. Quand j’en consomme, c’est exceptionnel et avec une attention particulière sur la provenance et le mode d’élevage. Le jeûne n’a pour le coup par remis cela en question !