Des plantes pour soigner les plantes. Une alternative aux produits phytosanitaires de synthèse.
Texte et photos : Julie Subiry
Mieux vaut prévenir que guérir, telle pourrait être la devise de Léa Bosshard. C’est à Arbois, dans son Jura natal, qu’elle s’installe en 2021 pour préparer et commercialiser des extraits végétaux issus de ses cueillettes locales. Des potions presque magiques qui permettent de stimuler la santé des plantes et des sols et d’ainsi réduire l’utilisation des traitements phytosanitaires de synthèse.
Avant de revenir à Arbois, Léa vivait à Paris et travaillait comme chargée de production dans une compagnie de danse. De la danse à la phytothérapie agricole, il n’y a qu’un entrechat ! C’est en documentant un projet lié à l’usage du terrain vague qu’elle passe tout un printemps dehors et se passionne pour les enjeux agricoles. En multipliant stages et expériences chez divers agriculteurs, son intérêt pour la vie des sols et la phytothérapie grandit. Elle se forme dans un CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole) en plantes aromatiques et médicinales, puis auprès d’Eric Petiot et Patrick Goater, maîtres en la matière.
La danse est encore un peu là au quotidien. « Dans ma relation à l’espace et au corps, je suis finalement plus engagée physiquement dans mon activité, que lorsque j’étais chargée de prod ». Et puis, le hasard des rencontres l’amène à collaborer avec une chorégraphe qui fait danser des paysans : on peut la retrouver dans Terriens, un spectacle mis en scène par Céline Larrère.
La cueillette commence au petit matin pour éviter la chaleur. Aujourd’hui, Léa se rend dans une ferme permacole à Planche-près-d’Arbois, au pied de la Reculée. Sous les falaises de calcaire et le clocher du village, se dessine un joli jardin mandala … En attendant de pouvoir cultiver son propre terrain, Léa s’entend avec les maraîchers de la région pour prélever les plantes nécessaires à ses préparations.
Fleur parmi les fleurs… avec son chapeau cloche, elle semble se fondre dans le décor de verdure. Ce matin, Léa cueille de la consoude pour préparer un extrait fermenté. Elle doit faire vite car elle n’a que trois heures pour mettre sa récolte en cuve et conserver l’énergie photonique des plantes.
Riche en nutriments ( potasse, oligo-éléments, vitamines et minéraux ), l’extrait fermenté de consoude permet de diminuer l’utilisation des intrants chimiques. Il favorise la croissance et la floraison et s’utilise pour prévenir le stress hydrique.
Les préparations de Léa conviennent à toute culture végétale, mais elle travaille surtout avec des vignerons en bio. Son père était oenologue, son compagnon est vigneron. Née dans une région viticole, elle gravite depuis toujours dans le milieu du vin. Ses préparations répondent particulièrement aux problématiques de la vigne. La décoction de prêle contre le mildiou ou la macération d’ail contre l’oïdium, sont des basiques.
Avec les paysans avec lesquels elle travaille, Léa est dans l’échange, la discussion. Il ne s’agit pas d’apporter des protocoles tout prêts mais de les penser ensemble, d’impliquer chacun. Parfois elle dispense simplement ses conseils ou partage des recettes, dans la lignée d’Eric Petiot et Patrick Goater, qui considèrent que ces savoirs relèvent du bien commun.
« Il est intéressant d’agir en amont car la plante ne peut pas faire deux choses en même temps : elle ne peut pas se défendre et grandir. Le but est de stimuler ses défenses immunitaires et d’activer son système de défense ». Mais ses préparations sont également curatives comme l’extrait de valériane qui aide les plantes à se remettre de la grêle.
Léa est depuis longtemps sensible aux questions environnementales. Son activité a du sens pour elle car elle contribue à réduire l’utilisation des traitements phytosanitaires. Aujourd’hui, elle souhaite aller plus loin en s’installant comme paysanne, en cultivant ses propres plantes, en prenant soin d’un lieu et en réduisant ses déplacements. C’est presque chose faite car l’installation est prévue pour l’automne !
Aucun commentaire
Close