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Solidarité hivernale

Le bel effet papillon des mangeoires pour oiseaux

Vous êtes nombreux à leur offrir une petite graine pendant l’hiver et vous avez bien raison. Grâce à vous, les oiseaux des jardins passent la froide saison le ventre plein.

L’heure des grands froids, des gelées et des tisanes au coin du feu est arrivée. Au potager, les jardiniers se désolent d’avoir beaucoup moins à récolter. Ils ne sont pas les seuls. Pour les oiseaux des jardins aussi commence la saison creuse. Il y a moins de tout à picorer, à commencer par les insectes.

Pour les aider, nous sommes très nombreux à leur avoir déjà donné des graines, souvent enrobées de graisse, emballées et suspendues aux branches des arbres. En le faisant, on pense aux individus qui pépient et volent autour de nous, mais pas forcément à l’impact global de cette pratique de plus en plus commune sur les espèces d’oiseaux concernés.

Dans le passionnant livre Un an dans la vie d’une forêt (Flammarion), le biologiste David George Haskell glissait une anecdote étonnante à ce sujet. On y apprenait que l’épervier brun, un oiseau migrateur d’Amérique du Nord, a cessé de migrer depuis quelques années. Selon le biologiste, il aurait changé de comportement notamment parce que la nourriture fournie par les êtres humains est suffisamment abondante, rendant inutile les longs et fatigants trajets dans le Sud. Ce dérèglement migratoire n’est pas très rassurant, entre autres parce qu’il pourrait avoir des conséquences sur les autres êtres vivants, végétaux comme animaux, avec qui ces oiseaux ont des interactions.

Plus d’oiseaux et plus de diversité

Heureusement, une étude plus précise et surtout beaucoup plus réjouissante vient d’être publiée sur le sujet. Elle a été menée en Grande-Bretagne – l’un des endroits au monde où l’on nourrit le plus les oiseaux – et diffusée en mai dernier dans la Revue Nature communications.

Cette activité est là-bas massive – la moitié des jardins particuliers sont équipés d’une mangeoire –, continue – on les nourrit toute l’année – et ancienne, puisqu’elle remonte à au moins un siècle. Elle est en prime documentée par des données vieilles de plus de 40 ans, à savoir des comptages très réguliers d’oiseaux à proximité de mangeoires réalisés par des membres du British Trust for Ornithology (BTO).

En exploitant ces données, les autrices de l’étude ont montré que le nourrissage a eu un impact positif à la fois sur le nombre des oiseaux mais aussi sur la diversité des espèces recensés dans les jardins. Ainsi, dans les années 1970, les mangeoires de jardin étaient dominées par deux espèces : le moineau domestique et l’étourneau sansonnet. Les autres espèces n’étaient que rarement recensées par les bénévoles. Aujourd’hui, un éventail beaucoup plus large d’espèces est régulièrement identifié, à commencer par le chardonneret et le pigeon ramier.

Les zones urbaines de la Grande-Bretagne nourrissent par conséquent des populations croissantes d’espèces d’oiseaux utilisant les mangeoires, sans que les populations d’espèces qui ne se nourrissent pas via ces mangeoires en soient affectées, précisent les autrices.

En France, certaines espèces déclinent. C'est le cas du Verdier d'Europe (-42% entre 1989 et 2017), du Moineau friquet (-60% entre 2007 et 2017) et du Chardonneret élégant (-33% entre 1989 et 2017).

Manuel du parfait nourrisseur

Si vous souhaitez vous en inspirer, certaines règles sont importantes à respecter notamment sur l’hygiène et le type de nourriture à apporter. Vous en prenez de la graine ?

Règle numéro 1 : ne pas nourrir toute l’année

Notre climat étant plus clément que celui de la Grande-Bretagne, les experts et notamment la Ligue de protection des oiseaux recommandent de ne nourrir les oiseaux qu’entre la mi-novembre et la fin mars, quand le froid est intense et prolongé

Règle numéro 2 : choisir l’endroit idéal

Prenez garde à ce que votre mangeoire ne devienne pas un guet-apens pour vos oiseaux. Veillez à la placer à un endroit bien dégagé ou alors inaccessible aux prédateurs, notamment le plus dangereux : les chats. L’idéal serait même de répartir dans votre jardin plusieurs mangeoires. Celles pour les oiseaux qui aiment manger au sol et d’autres suspendues pour ceux qui préfèrent s’envoyer leurs graines en l’air.

Règle numéro 3 : donner les bons aliments

Le mélange idéal se compose de graines non grillées et non salées enrobées de graisses végétales. Pour aller encore plus loin, les graines les meilleures sont les graines de tournesol noir, de cacahuète et de maïs et la meilleure graisse végétale est le colza. Vous pouvez aussi ajouter des fruits décomposés.

Règle numéro 4  : faire le ménage régulièrement

Il faut nettoyer très régulièrement les mangeoires, et ne pas y laisser de la nourriture s’y décomposer. Les mangeoires favorisent en fait une promiscuité importante et inhabituelle pour les oiseaux, ce qui peut contribuer à la diffusion de maladies entre les oiseaux et entre les espèces.

Règle numéro 5  : offrir aussi un coup à boire

Vous pouvez également laisser des points d’eaux accessibles aux oiseaux, et ce pendant toute l’année. Mais cette eau doit être renouvelée régulièrement, pour des questions d’hygiène. Veillez à ce que le récipient ne soit pas trop profond, pour éviter que les oiseaux ne s’y noient.

6 commentaires

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  1. Ne pas oublier de privilégier les graines bio ou approchant, et non les graines industrielles dont on ne connait pas la provenance et qui peuvent être bourrées de produits nocifs.

  2. Merci pour ces informations toujours positives et intéressantes! J’ai entendu dire que le maïs était dangereux pour certains oiseaux, notamment les mésanges: elles s’étouffent avec les grains qui restent coincés dans leur gosier. Qu’en dites-vous?

  3. Bonjour,
    Il ne faut pas oublier d’enlever le filet plastique qui recouvre les boules de graisse car c’est un piège mortel pour les pattes griffues de nos petits oiseaux, qui reste accrochés…et meurent.

  4. Bonjour,
    Il ne faut pas oublier d’enlever le filet plastique qui recouvre les boules de graisse car c’est un piège pour les pattes griffues de nos petits oiseaux

  5. Merci pour l’article intéressant, cependant la photo de la mésange accrochée à une boule de graisse n’est pas un exemple, dangereux pour ces petits oiseaux, de plus souvent on trouve les filets dans la nature.

  6. Merci pour cet article. Un petit détail. Vous montrez une photo d’une boule de graisse dans un filet. Des millions de filets vides ajoutent à notre pollution plastique. Conseillez donc des boules sans filet soit placées dans les mangeoire soit dans des tubes spéciaux. Merci

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