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Rando gourmande

Carte postale corse

Après l’océan qui va qui vient, changement de décor au milieu des sommets vertigineux. Ce mois-ci, je vous emmène en Corse sur le mythique sentier du GR20, pour une étape gourmande à la saveur du maquis. Prenons le chemin de la montagne, sur les pas des bergers aux mollets bien musclés.

Coucher de soleil sur les sommets corses, depuis le refuge haut perché de Petra Piana. © Noémie Malaize

En septembre, j’ai choisi de faire ma rentrée sur le GR20 – un sentier de Grande Randonnée réputé exigeant, qui traverse la Corse du nord au sud. L’expédition sur trois jours est bien rodée : nous partirons marcher en duo entre les étapes 7 et 8 du parcours ; un tronçon difficile mais qui nous promet des vues à couper le souffle.

Pour les courses, direction la Foire du Niolu ! Cet événement aux racines agropastorales succède chaque année à l’incontournable Santa di Niolu – plusieurs jours de recueillement en hommage à la Vierge Marie. Traditionnellement foire aux bestiaux et lieu de rendez-vous des bergers, cette fête pendant laquelle le village de Casamaccioli (Haute-Corse) devient le cœur de l’île accueille aujourd’hui une centaine d’exposants et d’artisans venus célébrer le terroir et la culture corses.

Je repère les délices de la famille Sabiani, coincés entre deux stands de charcuterie. La dame derrière son étal m’explique : C’est une affaire familiale. Je m’occupe du brocciu, mon mari de la tomme, ma belle-fille des confitures et des canistrelli ! Je louche sur les petits biscuits secs qui garnissent généreusement les sachets tandis qu’elle poursuit : Dans le temps, la recette était complétée avec du fenouil ou de l’anis sauvage que les bergers trouvaient dans le maquis. Je me décide pour un lot goût noisette, une variante non moins locale de ce biscuit de montagne.

Dans les allées de la foire, des migliaccioli nous tendent les bras. Nous dévorons ces pancakes au brocciu encore fondants tandis que la montagne se teinte de rose. Les buvettes se remplissent et les chants traditionnels emplissent l’air d’une douce ambiance de fête mais il est déjà l’heure de rejoindre notre campement.

Coté pile : la vallée du Manganello

Notre aventure débute de bon matin au départ de Canaglia. Chargés comme des bourriques, nous empruntons le sentier qui quitte le hameau pour se promener dans une forêt ombragée le long des rives du Manganellu. Nous passons devant la cascade du Meli et traversons une passerelle avant de déboucher dans une clairière de poche, pour une première escale à la bergerie de Tolla.

Première pause à la Bergerie de Tolla pour se ravitailler en fromage. © Noémie Malaize

Nous posons nos sacs et nous approchons du petit chalet en bois. Nous sommes en septembre et les bergers corses sont partis. À leur place, un belge qui restera ici jusqu’à début octobre pour ravitailler les randonneurs en charcuterie, miel, confiture ou fromage. Il nous questionne sur notre itinéraire et je me sens soudain petite face aux aventuriers téméraires qui parcourent le GR pendant quinze jours : Certains tracent et ne savent même plus par où ils sont passés ! s’exclame le saisonnier qui en a vu défiler. Je repars le cœur léger sur les traces de mon balisage rouge et blanc, un morceau de tomme sous le bras, bien décidée à m’offrir une savoureuse pause pique-nique à l’écart du sentier.

La tomme corse de Pierre-Thomas Graziani, éleveur de chèvres et producteur de fromage fermier. © Noémie Malaize

Coté face : tomme de chèvre, figues sauvages et canistrelli aux noisettes

C’est quelques kilomètres après la bergerie que nous trouvons notre bonheur au bord de l’eau. La vue sur le massif du Monte Rotondo est saisissante et les piscines naturelles invitent à la baignade. Mes pieds, eux, sont heureux de quitter les chaussures dans lesquelles ils ont été comprimés toute la matinée pour glisser dans l’eau glacée du ruisseau.

Pique-nique bien mérité après plusieurs heures de randonnée le long des rives du Manganellu. © Noémie Malaize

Nous sortons de notre sac à dos une poignée de précieuses figues pourpres, glanées la veille le long de la route. Il a fait si chaud cette année que les fruits étaient en avance, et nous avons bien cru les rater. Mais c’était sans compter sur mon infaillible radar à fruits sauvages, qui une fois encore n’a pas manqué à sa mission pour nous régaler ! Une tranche de pain rustique, un morceau de tomme de chèvre, une tomate bien juteuse et quelques figues simplement coupées en deux forment une tartine ensoleillée bien méritée, que nous dévorons avant de fermer l’œil un instant, en écoutant les éléments chanter.

Tartine de saison : figue fraîche, tomate de fin d’été, tomme de chèvre et pain au levain. © Noémie Malaize

Notre expédition prend fin au refuge de Petra Piana après avoir crapahuté plusieurs heures supplémentaires dans un paysage de haute montagne. Perchés sur le toit de cette île merveilleuse, nous admirons le coucher du soleil en avalant une bouillie toute prête nettement moins appétissante que notre festin du midi. Marcher plusieurs jours en portant son sac sur le dos nécessite de savoir faire quelques compromis culinaires …

La sieste après le pique-nique, entre ombre et soleil les pieds dans l’eau. © Noémie Malaize

Canistrelli

Pas de dessert maison cette fois-ci, car nous étions limités avec notre modeste popote de randonnée. Mais Isabelle Guichard, qui vient de publier un livret sur le gâteau de voyage, nous dévoile sa délicieuse recette de canistrelli. Vous voilà sauvés pour partir en randonnée !

Les ingrédients 
2,5 kg de farine
600 g de beurre mou
250 g de sucre
1 verre de vin blanc sec
4 œufs
1 sachet de levure de boulanger déshydratée
100 g d’amandes émondées

Délayer la levure dans un peu d’eau tiède. Dans un saladier, verser tous les ingrédients. Mélanger vigoureusement avec une cuillère en bois. La consistance de la pâte doit être assez ferme. Laisser lever pendant quelques heures.

Préchauffer le four à 200 °C. Étaler au rouleau la pâte et la découper en rectangles. Huiler une plaque allant au four et déposer dessus les canistrelli. Faire cuire 45 min.

 

Les producteurs du menu corse

Tomme de chèvre – La bergerie de Tolla (Pierre-Thomas Graziani)
Canistrelli aux noisettes – Biscuiterie Sabiani

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PILE / FACE est une série imaginée par Noémie Malaize pour la Ruche qui dit Oui ! Un œil sur le paysage et l’autre dans l’assiette – elle nous envoie ses cartes postales depuis les 4 coins de la France, au fil des saisons et de ses escapades gourmandes.

Prochaine expédition cet automne, avec de nouvelles surprises au menu.

 

3 commentaires

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  1. J’étais il y a une semaine en Corse, nous avons visité avec émerveillement le nord et le centre ; partis en randonnée à la journée depuis Vizzavona, j’ai réalisé avec émotion, une fois devant la bergerie de Tolla qui me semblait étrangement familière (mais elle était déjà fermée, hélas) que j’étais en train de faire votre propre randonnée ! Nous avons été bien moins courageux que vous et avons fait demi-tour là, mais sommes revenus avec la fierté d’avoir emprunté le GR20… quinze minutes !
    La pause « cryothérapie » en trempant les pieds endoloris dans l’eau du Manganellu a cependant été plus qu’appréciée.

    Pour l’anecdote fermière, la famille qui tient le troquet à la sortie de Canaglia produit ses propres charcuteries et fromages. Je crois que l’élevage de porcs noirs qu’on aperçoit en contrebas de la route leur appartient. Des Corses qui étaient venus en acheter exprès sont malheureusement repartis bredouilles : la saison était terminée depuis septembre.

  2. je suis surprise de la quantité de farine ,j’ai bien lu c’est 2,5 kilogs de farine , ça me semble énorme

    1. Et oui, il s’agit bien de 2,5 kg de farine ! De quoi faire une sacré quantité de biscuits … Mais n’ayez crainte, ils se conservent très longtemps dans une boite hermétique (et se mangent sans fin à l’heure du café).

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