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Jardin du futur

5 bonnes idées pour préparer son potager au changement climatique

Avant l’arrivée de l’automne, on vous livre quelques conseils de professionnels pour adapter votre potager et vos techniques de jardinage au changement climatique.

Semez comme vous voulez ! © Istock

1 – Sortir des sentiers battus

En 2021, le jardinier lambda a tout fait comme il fallait. Il a respecté à la lettre les dates de semis et de plantations recommandées. Pourtant, pas de bol : été pluvieux, aucune récolte. L’année d’après, il garde confiance et fait de même. 2022, sécheresse historique, récoltes difficiles. Jardiniers déchus, sortez des sentiers battus !

C’est en tout cas ce que défend le jardinier paresseux Didier Helmstetter dans son dernier livre Le potager du paresseux frappé par le changement climatique (Tana Editions). Au téléphone, il nous détaille : Il faut toujours envisager une chose et son contraire. Cela veut dire par exemple commencer très tôt les laitues, choux, betteraves rouges, poireaux au cas où l’année soit chaude, tout en étant près à les cultiver de façon habituelle en les semant à nouveau quelques semaines plus tard si ce n’est finalement pas le cas.

Pour mener son potager, cet auteur et youtubeur vise de produire beaucoup en n’en faisant le moins possible : Ce que je recommande est plus difficile à entendre si on pratique le potager de façon je dirais traditionnelle, si on bêche sa parcelle, si on fait un lit de semences, si on met des engrais. Dans ce cas, c’est dur de répéter plusieurs fois les semis. Mais pour un potager de type paresseux comme le mien, où on limite ces corvées, c’est très faisable. Il me suffit de faire des semis en février, et puis s’il fait froid d’en refaire 3 ou 4 semaines plus tard.

Face au chaos climatique, le paillage est l'ami du jardinier. © Istock

2 – Les méthodes douces et naturelles

Parmi les deux techniques préconisées chez les potagistes dits naturels, incontournables face au dérèglement climatique, il y a d’abord le paillage. Cette fameuse technique consiste à couvrir une surface avec de la paille, des tontes de gazon, du foin, des feuilles mortes ou même des drèches de brasserie, du carton ou des rameaux d’automne broyés appelés BRF. Les avantages sont très nombreux. Cela va permettre de nourrir le sol et de conserver l’humidité. En effet, nourrir un sol permet d’augmenter sa teneur en humus et donc sa capacité de rétention d’eau, puisque l’humus est capable de retenir entre 5 à 10 fois sa masse en eau. Deuxième technique, le non-travail du sol : ne pas labourer ni bêcher permet entre autres au sol de bien absorber les pluies importantes, surtout après une période de sécheresse.

Il devient quasiment inenvisageable d'avoir un potager sans stocker de l'eau de pluie. © Istock

3 – Bien faire les comptes

C’est sûrement la partie la plus complexe. Heureusement, sur ce sujet aussi, Didier Helmstetter nous donne des clés importantes dans son livre. D’abord, il définit une notion peu connue : l’ETP (ou évapotranspiration potentielle). Kézako ? C’est la quantité d’eau que va perdre le potager par évaporation ou par transpiration des plantes. Et cette quantité dépend de la température de l’air, de l’hygrométrie de l’air, de la vitesse de l’air et de l’intensité de la lumière, précise-t-il. Cela peut sembler compliqué, mais c’est surtout du bon sens : de même qu’on est facilement capable de sentir que le linge étendu dehors va sécher plus ou moins vite selon la chaleur ou la quantité de vent, on peut aussi estimer combien la terre du potager perd d’eau. Pour vérifier, c’est très simple : si certaines plantes ont l’air d’avoir soif, on peut planter l’index à côté d’elles. Si on ne sent aucune humidité, c’est que la terre est trop sèche et qu’on peut arroser.

Mais encore faut-il avoir de l’eau. L’arrosage étant interdit en cas de sécheresse, la solution réside dans le stockage de l’eau. Et là encore, il faut faire des calculs. On multiplie d’un côté la pluviométrie moyenne de son coin (en mm par m² et par an) par un coefficient de perte de 0,7 puis par la surface au sol occupée par son toit. Si votre maison fait 100 m² et que vous vivez à Nantes où il pleut en moyenne 750 mm par m² et par an, votre calcul sera 100 X 750 X 0,7. Résultat : vous pouvez récupérer près de 50 m³. Veinard !

Faire grimper les plantes permet de gagner de la place et de faire de l'ombre. Précieux ! © Istock

4 – Le système-D et les petits travaux

Pour préserver l’eau, surtout dans les régions chaudes, il vous faudra bien souvent avoir recours au bricolage. Olivier Puech, auteur de la chaîne Le Potager d’Olivier (et d’un livre du même nom Le potager d’Olivier : nourrir sa famille, nourrir son esprit, éditions Terre Vivante, 2020) recommande d’installer des poteaux en bois de plus de 2 mètres de haut dans son potager, sur lesquels on peut fixer chaque année des cannisses au moment où l’ombre devient nécessaire. Un autre avantage : Ces structures jouent aussi un rôle de tuteurage, j’installe des treillis entre certains poteaux. On peut voir des plants de courges traverser les treillis et monter sous la toiture de la structure.

Si vous n’êtes pas bricoleur, vous pouvez selon ce que vous avez sous la main vous servir d’un parasol, de cagettes retournées ou même d’un vieux drap suspendu. Encore une solution, très onéreuse toutefois : les pots en argile enterrés. Le principe, appelé oya ou alla selon l’entreprise qui le commercialise, est simple : il s’agit d’enterrer des pots en argile remplis d’eau. Par nature poreux, ces pots vont laisser échapper leur eau progressivement dans le sol et ainsi arroser peu à peu les plantes à proximité. Enfin, si vous cultivez sur une terrasse ou un balcon, pensez à emballer, protéger ou ombrer vos pots, qui peuvent chauffer énormément quand ils sont exposés au soleil direct.

5 – Vive les essais et erreurs

On peut voir l’incertitude climatique comme une invitation aux tests. Didier Hemstetter décrit par exemple comment il s’amuse à tenter de récolter des radis à Noël. D’autres jardiniers sèment leurs derniers haricots en septembre, et non pas au cœur de l’été comme c’est recommandé. Eh bien, parfois, ça marche et ils récoltent des haricots jusqu’à l’automne.

On peut aussi jouer sur les variétés, en choisissant des hâtives qui ont plus de chance d’être productives rapidement. Ces essais sont amusants et sont autant d’informations cruciales sur les meilleures adaptations possibles face au changement climatique.

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