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Réparer, rouler

Cette semaine, je guéris mon deux roues

Vous savez quoi ? Deux tiers des vélos ont une vie de moins de 24 mois. Après, on les jette, zou, comme ça. Eh bien moi, j’ai décidé de vous montrer 1/ mes mollets, 2/ comment les remettre en selle.

Mon deux-roues, c’est comme une extension de moi-même, c’est ma rossinante à moi. Il est vieux, il est rouillé, mais il roule. Question trace carbone, à part ma sueur odorante, je suis au top. Bref, toutes les raisons sont bonnes pour adopter le vélo. Écolo, moins dangereux, sportif et pratique. Seul bémol dans ce merveilleux monde cyclothymique : alors que nous sommes de plus en plus à adopter le « vélo lifestyle », on n’est pas plus doués pour les réparer de nos dix doigts. Bien souvent, on se rachète un vélo neuf quand l’ancien a juste une roue dégonflée. Alors, maintenant ça suffit, j’ai décidé de mettre les mains dans le cambouis. Rossinante, tu ne pousseras pas ton dernier soupir de sitôt !

 

Le gaspillage de vélos, un mal peu connu

Allez faire un tour dans la cave de votre immeuble et vous serez à peu près sûr d’y trouver un paquet de vélos délaissés. Ils finiront un jour ou l’autre dans une déchetterie ou attachés au bord d’une nationale à faire gémir leur sonnette pour retrouver leur maître. Pour 3 millions de vélos vendus neufs en France en 2016, les deux tiers seront bazardés en moins de deux ans. Or, les pièces d’un vélo sont toujours recyclables. Leura durée de vie est injustement écourtée faute d’entretien et ça, ça pue du bec.

Forêt de roues en attente d'adoption.

Heureusement, de nombreuses initiatives ont été prises pour combattre ce gaspillage et permettre le réemploi de nos vieux cycles. Ateliers d’autoréparation, vente de vélos recyclés à moindre coût, dons de particuliers… Depuis vingt ans, 150 structures solidaires ont vu le jour en France, dont 30 en Île-de-France (carte à retrouver ici pour connaître les ateliers les plus proches de chez vous).

Les pièces d’un vélo sont toujours recyclables.

L’Heureux Cyclage est à ce jour le réseau national d’ateliers de vélos participatifs et solidaires. En Île-de-France, Bicyclo est un autre réseau qui gère les ateliers de Plaine Commune. En plus de l’autoréparation, il propose une école du vélo pour apprendre aux derniers récalcitrants à aller comme sur des roulettes. C’est donc toute guillerette que je me rendis à « La maison du vélo » (un des ateliers de Bicyclo) à Saint-Denis pour apprendre à changer mes freins. Première mauvaise idée : faire une heure de vélo à 13 h par canicule et arriver sous forme liquide à l’atelier. Je prends note pour la prochaine fois.

Vécologique et cyclolidaire

Elvire est la maîtresse administratrice des lieux. Elle me présente le palais des vélos. Comme pour la plupart des ateliers, en plus des dons de particuliers, des partenariats sont mis en place avec les bailleurs sociaux et les syndics pour récupérer les vélos abandonnés dans les caves. Une fois les vélos sauvés, on les diagnostique et, quand c’est possible, on les répare. Sinon, on les désosse pour récupérer toutes les pièces encore utilisables. Les vélos sont ensuite remis en vente pour des prix défiant toute concurrence (50 € en moyenne pour un adulte, 5 à 10 € pour un enfant). Certains vélos collectors valent un peu plus cher comme ceux des employés de La Poste qui sont renouvelés chaque année.

« La maison du vélo » dépend également de l’association Etudes et chantiers, un dispositif qui forme les personnes éloignées de l’emploi. Salariés en insertion et bénévoles nous accueillent tous les mercredis et tous les samedis de 10 h à 19 h pour nous apprendre à manier les clés de 12. En moyenne, l’atelier reçoit 20 à 30 personnes chaque jour d’ouverture. Autant dire que pour les petites réparations, c’est une bénédiction. Apprendre à changer une roue, une pédale ou mettre de nouveaux freins, c’est de b.a.-ba de tout cycliste qui se respecte. Il suffit d’adhérer à l’association (cotisation annuelle en moyenne de 16 €) et je pourrai désormais venir comme bon me semble.

Elizabeth, Cynthia et Karim, salariés de la Maison du vélo en pause clope entre deux cessions de réparation.

Aujourd’hui, c’est Marius qui s’occupe de moi. En théorie, il doit juste m’indiquer les outils nécessaires et les manipulations à effectuer sans trop mettre la main à la pâte, histoire que j’apprenne comme une grande. Comme je suis carrément pas douée, il finit par me donner un coup de main. J’observe. Je refuse même de mettre des gants pour montrer que je suis très volontaire. En une petite heure, le tour est joué. Seul coût : une paire de freins neufs à 3 €. Je m’en sors plutôt bien, même si une séance ne suffit pas pour être totalement autonome. Parmi les habitués, il y a des débutants comme moi et d’autres plus virtuoses qui viennent profiter du local pour installer par exemple un lance-flamme sur leur bat’vélo.

En fait j'aurais dû mettre des gants.

L’ambiance est conviviale, tout le monde s’entraide malgré la chaleur. Plus qu’un simple service de proximité, les ateliers d’autoréparation répondent à un projet bien plus vaste porté par l’écologie, la solidarité et la transmission de savoir-faire. Je suis conquise. Je ronge mon frein en attendant la prochaine réparation. La vélorution en marche !

4 commentaires

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  1. Bonjour, heureusement, nous n’habitons pas tous Paris ou sa banlieue et c’est tant mieux! Faudrait avoir les adresses en province et surtout dans le Sud. Soit les Bouches du Rhone, Salon de Provence/Marseille, soit les Alpes Maritimes Antibes/Sophia Antipolis

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