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Test de l'extrême

Cette semaine, je garde la pêche à Paris

Ça fait partie de mes bonnes résolutions : retrouver mon autonomie alimentaire. Pour faire le plein de protéines à Paris, j’avais deux solutions : capturer les rats des égouts ou pêcher les poissons de la Seine. J’ai choisi la deuxième option. Enfin presque…

Je vous l’accorde, la Seine, je suis plus habituée à y voir flotter des bouteilles en plastique et des cannettes de Fanta qu’un défilé de mode de brochets. Bref, pas si saine que ça, la Seine, (vanne approuvée par le syndicat des jeux de mots ringards). Alors, me direz-vous d’une voix fluette, « formidable Louise, comment as-tu pu avoir l’idée saugrenue d’aller pêcher un poisson mutant dans ce gouffre bactérien ? ». Ce à quoi je vous répondrai tout de go que j’aime vivre avec le risque et, surtout, que l’entreprise de dépollution de la Seine l’a rendue riche en faune piscicole. On compte à ce jour plus de 45 espèces. Brochets, carpes, poissons-chats, goujons, sandres et silures se la collent pépère sous l’écume des péniches. Pêcher à Paris ne serait donc plus si baroque. La preuve, plus de 8 200 pêcheurs sont maintenant encartés (contre 7 000 en 2014).

 

Permis de tuer pêcher

Si la pêche est légale, elle reste encadrée et nécessite un permis. Rangez-moi cette goutte de sueur froide, ça n’a rien à voir avec le permis de conduire. Il s’agit d’une adhésion à l’association de pêche de votre département avec une modique cotisation annuelle. Si vous êtes en mode pirate, grand bien vous fasse mais l’amende s’élève à 500 € donc, on espère que vous avez quelques pièces d’or cachées dans votre besace. Selon votre profil et l’ardeur de votre envie de pêcher, différentes formules sont disponibles allant de la carte pour la journée (10 €) à la carte annuelle (75 €). Cette cotisation finance, entre autres, la Fédération nationale de pêche et de la protection du milieu aquatique. Le paiement se fait en ligne et il vous suffit d’imprimer la carte depuis chez vous et de la montrer à qui de droit pour tâter l’hameçon comme il vous plaira.  A choper ici : http://www.cartedepeche.fr/

Tout ça, c’est bien beau, mais comment mettre en œuvre cette entreprise folle, moi qui ne connais le poisson que sous forme panée en barquette surgelée ?

 

Astuce : penser à pêcher sur un plan d'eau parce que sur l'herbe il n'y a pas de poissons.

Premier défi : trouver une canne à pêche. Les premiers prix des cannes destinées à la pêche au leurre sont autour de 30 €. Adaptée à la technique de la pêche au lancer qui consiste à disposer un appât artificiel pour aller chercher le poisson (en gros, c’est pour l’attirer vers le leurre). Il faut lancer la ligne et faire tourner le moulinet pour ramener le leurre et le poisson avec. C’est un genre de pêche itinérante et sportive idéale pour pécho le silure, la truite ou le brochet. On parle aussi de street-fishing, qui concerne les pêcheurs de ville et dont le matériel est léger et facile d’usage. Dans un autre genre plus calme, on peut opter pour la pêche au coup, qui « amorce » les poissons de façon à ce qu’ils se rassemblent vers le pêcheur et que ce dernier n’ait plus qu’à attendre que l’un de ces groupies à nageoires morde. Elle ne nécessite pas de moulinet donc pratique pour les nazes de la pêche. Les autres techniques, comme la pêche à la mouche, demandent un peu plus de dextérité, donc on attendra que je sois passée à un niveau supérieur pour vous faire un p’tit débrief.

Un conseil : pour votre première tentative, rapprochez-vous d’un coin de pêcheur et demandez un peu d’aide (la mise en place de la ligne peut s’avérer complexe, surtout avec un moulinet capricieux).

Pêcher oui, mais faut-il manger ma proie ?

Concernant la pêche à Paris, plusieurs questions se posent. Comment savoir si le poisson que je pêche n’est pas une espèce en voie de disparition ? Ou, tout simplement, est-ce que je risque d’attraper le sida des branchies en consommant une carpe mutante ? À cette deuxième question, je vous répondrai d’emblée non, car comme vous avez dû l’apprendre à l’école, nous, humains, ne possédons pas de branchies, c’est d’ailleurs pourquoi nous nous ridiculisons avec un tuba pour chercher des coquillages dans l’eau. Toutefois, il est vrai que la consommation de poissons parisiens est interdite depuis juin 2010 car ces petits sournois contiennent des polluants chimiques et cancérigènes comme le PCB (un produit Monsanto, la preuve que c’est le mal tout puissant). Youpi, pratiquons le « no kill », les gars ! On remet à l’eau tout ce qu’on pêche. Déjà qu’on harponne ces pauvres bêtes pour le plaisir du sport, laissons-les gambader dans les algues tranquillement.

Je vous fais donc l’impasse sur le calendrier des races de poissons qu’il n’est pas permis de pêcher durant certaines périodes de l’année. De façon générale, retenez qu’il est permis de pêcher le matin 30 minutes avant le lever du soleil jusqu’au soir, 30 minutes après son coucher. Certaines espèces sont interdites à la pêche, comme le saumon et la truite. Mais si vous ne faites pas la différence entre une sardine et un dauphin, ne prenez pas de risque et remettez tout ce que vous pêchez à l’eau après avoir fait un gros bisou à votre victime pour qu’elle vous pardonne. Sauf les sacs plastiques qui, bien sûr, trouveront plus d’utilité dans une poubelle. Sinon, pour plus de précisions rendez-vous ici.

No kill = ne tuez pas le poisson même s'il a manqué de respect à votre mère.

Le bon spot

Parce qu’avec le ballet des péniches qui anime les flots de la Seine, ne rêvez pas. Les poissons se font la malle. Au mieux, la casquette d’un touriste pourra mordre à votre hameçon, dans ce cas, n’hésitez pas à la cuisiner avec une pointe de romarin. À Paris, toute la Seine est libre d’accès pour les pêcheurs et le collectif French Touch Fishing propose une carte des meilleurs coins et des poissons que vous y trouverez. Proche de Paris, on a aussi de quoi faire avec les bois de Vincennes et de Boulogne mais attention à ne pas vous retrouver coincés entre un maquereau et une morue.

Astuce : éviter les plans d'eau qui contiennent plus de 95% de déchets.

L’appât du gain

Asticot ou ver de terre, voilà un gros dilemme. Si l’un et l’autre vous inspirent le plus profond dégoût, vous pouvez choisir la boule de mie de pain ou le grain de maïs en guise d’appât mais c’est un peu moins concluant. Ça dépend du poisson que vous cherchez, parfois, un appât artificiel suffira. Personnellement, l’appât que je vous recommande le plus c’est la bouteille de rosé qui vous permettra de patienter de longues heures sans voir votre hameçon bouger d’un iota. Car, même en vadrouillant le long de la Seine tout en parfaisant son lancer, la pêche c’est avant tout une histoire de patience et de contemplation, sans ces armes, passez votre chemin car vos espoirs tomberont à l’eau.

3 commentaires

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  1. Donc, le message c’est : pour retrouver une autonomie alimentaire niveau poisson, il est inutile de pêcher dans la Seine à Paris puisqu’on n’a pas le droit de les manger?

  2. Mais laissez ces animaux dans l’eau bon sang. La pêche quelle quelle soit est une catastrophe!
    Le poisson n’est plus un aliment santé! D’autant que c’est un être vivant au cas où vous ne l’auriez pas remarqué…

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