Moitié homme et moitié héros, vous cherchez chaque jour à parfaire votre karma écolo. On a une mission pour vous : recycler vos biodéchets pour gagner les faveurs de la terre. Prêts pour l’aventure ?
Vous mangez 5 à 10 fruits et légumes par jour, vous achetez local, vous avez tout bon ? Tatata, laissez-nous faire un tour du côté de vos poubelles pour en juger. Si votre bac, comme celui du Français moyen, est rempli au tiers par des épluchures, des restes de repas, du marc de café, des sachets de thé, du pain rassis, des os, des produits périmés et des fleurs fanées, c’est que vous n’êtes pas encore champion du recyclage des biodéchets. Vous aurez donc droit à deux bons points et une fessée.
Les biodéchets regroupent tous les déchets issus de ressources naturelles animales ou végétales. Sous l'action des bactéries et d'autres micro-organismes, ils ont la capacité de pourrir et de fermenter.
D’ailleurs, vous êtes vous déjà demandé où partaient vos épluchures de ratatouille ? Non ? Eh bien, elles font le même voyage que les ordures ménagères non recyclables, ce qui est logique puisque vous les avez mises dans le même bac. Elles peuvent être incinérées, c’est-à-dire brûlées dans de grands fours qui produisent souvent de la chaleur mais aussi des fumées toxiques chargées en métaux lourds. Ou bien finir leur course dans un centre de stockage, une décharge quoi ! Ça ne vous bouleverse pas plus que ça ?
En 2009, le Grenelle de l’environnement prévoyait d’augmenter le recyclage de la matière organique afin dʼorienter vers ces filières un taux de 35 % en 2012 et de 45 % en 2015 de déchets ménagers et assimilés.
OK, on sort l’argument porte-monnaie. En France, selon les derniers chiffres de l’Ademe, le service public de gestion des déchets coûte en moyenne 89 € HT par habitant et par an. « Il s’agit du coût aidé, c’est-à-dire de l’ensemble des charges d’où sont déduites les recettes industrielles (vente d’énergie et de matériaux), les soutiens des sociétés agréées et les aides ». Vous n’avez jamais vu la douloureuse ? Sans doute parce que la Teom (la taxe d’enlèvement des ordures ménagères pour les intimes) se cache quelque part sur votre feuille d’impôts locaux, coincée entre la taxe d’habitation et la redevance audiovisuelle.
Comme un arc-en-ciel courageux…
On commence à vous émouvoir avec nos histoires d’épluchures de ratatouille qui coûtent cher et souillent la planète ? On est sur le point de vous convaincre de trier vos biodéchets ? Il nous reste à vous donner les clés pour les valoriser et là, ça peut se corser. Si vous avez un jardin, aucune hésitation : fabriquez-vous un composteur et laissez faire la nature. Vous pouvez aussi installer un poulailler et refiler l’affaire à vos poulettes. Si vous habitez en ville et que vous n’êtes pas lombriphobique, invitez des vers de terre dans votre cuisine et testez le lombricompostage archi efficace. Vous pouvez aussi rejoindre un point de compostage partagé et vous faire de nouveaux amis une poubelle à la main.
Vous avez peut-être aussi la chance d’habiter dans une ville qui récupère ces fameux biodéchets. En France, elles sont une centaine à tenter l’aventure. Des exemples ? Depuis 1994, la communauté urbaine de Lille récupère les biodéchets chez les particuliers qu’elle composte ou transforme en biogaz. Voilà donc 6 ans que les bus de la ville roulent aux épluchures de ratatouille fermentées, au biométhane si vous préférez. Dans les Vosges, les communes se sont regroupées pour envoyer leurs déchets organiques à la plateforme de compostage d’Aspach-le-Haut et produire du compost brut pour les agriculteurs, les pépiniéristes, les paysagistes et du compost fin pour les particuliers.
Retrouvez plein de bonnes initiatives les 30 juin, 1er et 2 juillet 2016 au Festival Zéro waste.
… Tu t’en vas vers des aventures qui préparent notre futur
A Paris, où 80% des déchets sont incinérés, 4% sont enfouis et seulement 16% sont recyclés, la poubelle de déchets organiques n’est pas encore prête à grimper tous les étages. Mais depuis le printemps 2016, 54 marchés alimentaires parisiens font le tri des biodéchets et la collecte devrait prochainement s’étendre aux restaurants et cantines. « D’ici un an, prévient la mairie, les habitants des 2e et 12e arrondissements bénéficieront d’un nouveau service de collecte. Un nouveau bac sera mis à leur disposition pour trier leurs déchets de table et de cuisine ainsi que leurs déchets végétaux. L’expérimentation menée dans ces deux arrondissements constitue une première étape avant la généralisation à tout le territoire parisien. »
On verra peut-être bientôt Anne Hidalgo trier ses épluchures dans sa cuisine comme l’a fait le maire de New York en 2014 ? Ou mieux encore, faire de Paris la cousine germaine de San Francisco : une ville zéro déchets . Biodéchetwoman, héros de l’univers…
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Festival Zéro waste
Les 30 juin, 1er et 2 juillet 2016, rendez-vous (pour les Parisiens) à la première édition du Festival Zéro waste. Conférences, débats, ateliers pratiques : une super programmation et même toute une zone autour du compost.
Pour les Parisiens qui n’ont pas la chance de participer à l’expérimentation des 2ème et 12ème arrondissements, il y a des poubelles de biodéchets sur les marchés de la ville. Il faut juste garder ses sacs d’épluchures jusqu’au jour du marché…