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Odeurs buissonnières

Bérengère Colomb, la fée des plantes aromatiques

Au cœur de la Drôme, au pied de la rivière Gervanne, Bérengère Colomb, productrice et transformatrice de fleurs et plantes aromatiques, cultive un petit paradis qui fleure le bon sens paysan. 

©Anne-Claire Héraud

Des odeurs de verveine et de menthe flottent dans le hangar. Bérengère Colomb, aidée par trois stagiaires, monde minutieusement des tiges de menthe. Elle sépare toujours, sur une partie de la récolte, les feuilles de la branche.

Monder au préalable permet de diminuer les temps de séchage. Et c’est sous cette forme que je vends les plantes en vrac destinées aux tisanes, explique ce pétillant bout de femme que rien ne prédestinait à l’agriculture. En effet, après des études de commerce et de marketing, la quadragénaire travaille dans le milieu du spectacle vivant. C’est lors de sa première grossesse, qu’elle et son compagnon, Sylvain, décident de s’installer dans la Drôme. J’ai grandi à la campagne mais nous n’avions pas de potager. Je suis totalement autodidacte. J’ai simplement suivi quelques formations en maraîchage bio et en transformation.

Construire son paradis

Il y a onze ans, le couple visite ce terrain situé sur la commune de Beaufort-sur-Gervanne et l’achète. À l’époque, il n’y avait qu’un bâtiment de trente mètres carré. Sylvain, mon homme des bois, a tout construit lui-même. Ainsi, peu à peu, le couple et leurs deux enfants établissent leur oasis. J’ai aussi installé un maximum de haies et je plante des fleurs à l’entrée de chaque serre pour attirer les insectes pollinisateurs. En contrebas du terrain coule la Gervanne, un affluent de la Drôme. La nature y est luxuriante, crapauds et grenouilles croassent en cœur pour un joli concerto. Nous avons un petit coin de baignade, un grand bonheur l’été. Et j’ai un droit de pompage ce qui m’évite bien des soucis d’irrigation. 

Je plante des fleurs à l’entrée de chaque serre pour attirer les insectes pollinisateurs.

Aujourd’hui, sur les 5 000 m², 1 000 sont dédiés aux plantes, le reste est alloué au maraîchage. Chaque année, la saison débute avec la récolte du romarin puis vient la sauge, la verveine, la menthe et la mélisse. Bérengère achète des plants bio au lycée horticole. Au bout de quelques années, lorsque la production diminue, elle les renouvelle.

©Anne-Claire Héraud

Couper la menthe en quatre

Avant chaque coupe — sur des plantes comme la verveine, il y en a jusqu’à quatre — Bérengère procède à un désherbage minutieux qui lui évite un tri après récolte. Ce jour-là, malgré la grosse récolte matinale de menthe, il reste encore un petit peu de place dans le grand séchoir en bois. Afin d’optimiser l’espace, la fée des champs, comme ses amis se plaisent à l’appeler, décide d’aller en cueillir davantage. Les tiges sont coupées à la serpette, un outil de jardinage avec un manche en bois assorti d’une lame recourbée qui permet de récolter de grandes quantités en un temps record. 

Bérengère Colomb ne cultive pas seulement des plantes aromatiques, elle a également plusieurs variétés de fleurs qu’elle transforme ensuite en macérats huileux. Les roses, dont les gros boutons sont prêts à éclore, seront bientôt en fleurs. Durant quarante jours, les boutons de rose de Damas, de Provins, Belle d’Isis et Rugosa macèrent au soleil dans de l’huile de tournesol désodorisée. Et c’est le même processus pour le calendula et le millepertuis.

©Anne-Claire Héraud

Opération séchoir

Une fois la menthe récoltée, tout ce qui n’est pas mondé rejoint directement les tiroirs au grillage fin du séchoir. Les tiges sont étalées harmonieusement en couche fine afin d’éviter qu’elles ne noircissent. Construit par Sylvain, le grand caisson en bois est doté d’une dizaine de tiroirs. En bas, au centre, un déshumidificateur. La menthe et la mélisse sont composées à 90 % d’humidité. Chaque jour, on récupère cinq litres d’eau. Les temps de séchage dépendent beaucoup de la saison et des conditions climatiques. La verveine que nous avons retirée ce matin du séchoir a séché en un petit peu plus de deux jours, il a fait chaud pour un mois de mai. L’été, lorsque la température extérieure monte au-dessus de 35 °C, Bérengère laisse le séchoir ouvert. 

©Anne-Claire Héraud

Les plantes séchées, elle en transforme une partie en sirop. Pour cela, elle verse les tiges entières dans un seau alimentaire qu’elle remplit ensuite d’eau bouillante, couvre le contenant et laisse macérer entre dix-huit et vingt-quatre heures. L’été, il faut être très vigilant car la préparation peut rapidement partir en fermentation. Bérengère passe ensuite la mixture à travers un filtre à lait puis elle ajoute du sucre et fait cuire le tout. Ses sirops et les autres produits qu’elle confectionne (confitures, sauces, hydrolats…), tous certifiés bio, sont vendus dans cinq magasins de producteurs de la Drôme, en circuit court toujours. 

Et l’hiver, lorsqu’elle n’est plus au champ, Bérengère Colomb réfléchit à tout ce qu’elle pourra améliorer l’année suivante, essayant de créer un écosystème toujours plus propice au bon développement de la faune et la flore environnantes. Sirops, hydrolats et confitures adouciront alors ses froides journées jusqu’au printemps prochain.  

http://lafeedeschamps.free.fr/

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