Laissez tomber les écailles saumonées, privilégiez les mordus d’hameçons au bout d’une ligne, tentez l’exotisme en renouant avec les espèces locales : voici nos conseils pour mettre dans votre assiette un poisson plus durable.
Les tomates en hiver, c’est non. Les lasagnes au bœuf à la provenance douteuse, fini depuis longtemps. Les œufs de poules élevées en batterie, et puis quoi encore ? Mais le poisson sème encore le doute abyssal devant le (trop ?) vaste étal du poissonnier. Comment connaître sa provenance ? La façon dont il a été pêché ? Voici quelques conseils pour tenter un choix « éthique » et « durable »…
1. Regardez comment il a été pêché
Il faut éviter les engins de pêche actifs, comme le chalut de fond qui tracte de nombreuses espèces sur son passage, dont des non-ciblées rejetées mortes à la mer, et a un fort impact sur l’habitat et l’environnement marin, explique Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, ONG qui œuvre à la protection des océans. Facile ? Pas forcément. Depuis 2014, la méthode de pêche doit être indiquée sur l’étiquetage mais la réglementation n’est pas toujours respectée, comme l’indiquait Que Choisir en décembre 2018. Posez la question directement au poissonnier. L’idée est d’opter pour des pêches dites douces : ligne, casier, plongée et pêche à pied notamment.
2. Évitez le trio saumon-crevette-cabillaud
Une technique pour choisir un poissonnier : fuir les étals à dominante orange, avec des crevettes ou du saumon, lance Frédéric Le Manach. Le problème du saumon ? Qualité de l’eau, alimentation, densité de poisson trop importante… L’élevage de saumon en Norvège et au Chili est une catastrophe, et commence à l’être en Écosse, où beaucoup de fermes ont été rachetées par les Norvégiens. Si vraiment vous ne pouvez pas vivre sans saumon, tournez-vous vers la truite : française et beaucoup moins onéreuse !
Et les crevettes, alors ? Elles viennent d’élevages intensifs du bout du monde (Thaïlande, Équateur, Madagascar… ), subissent des traitements chimiques et sont parfois pêchées dans des conditions proches de l’esclavage. La solution ? Si vous avez la chance de croiser de la crevette (impériale !) de Charente-Maritime, qui pousse en claires et est disponible l’été, foncez ! Vous pouvez aussi opter, en automne, pour le bouquet breton.
Le cabillaud est quant à lui le plus souvent importé d’avion depuis la Norvège, qui le pêche en mer de Barents, où il est directement transformé. Le stock de la mer baltique, lui, est mal en point. L’Union européenne vient d’ailleurs, mi-octobre, de restreindre les quotas de pêche pour 2020.
3. Tentez des espèces que vous ne connaissez pas
Il y a des tas de poissons à découvrir, en fonction des régions et des gisements, estime Adélaïde Périssel, cheffe des Deux Sardines (qui fait la part belle au poisson justement) à Saint-Briac, près de Saint-Malo. La vieille a une chair savoureuse pour concocter un tartare, le mulet doré est aussi bon, voire meilleur, et surtout beaucoup moins cher que le bar. Il faut apprendre aux gens à consommer d’autres espèces, et ça passe entre autres par nous, restaurateurs.
L’enjeu est aussi bien sûr d’éviter le report de consommation sur certaines espèces, pour ne pas les rendre vulnérables à leur tour. Si vous êtes vraiment perdus, optez pour des coquillages, pose Charles Guirriec, fondateur de Poiscaille, site qui vend du poisson et des crustacés durables en circuit court. Moules, huîtres (préférez les non-triploïdes, NDLR) ou palourdes par exemple sont moins problématiques quant à la gestion de la ressource que les poissons.
4. Faites le tri dans les labels
Pêche durable, éthique… On trouve un peu de tout et de n’importe quoi chez certains labels, souligne Frédéric Le Manach, évoquant notamment la faiblesse du cahier des charges et de son application de MSC. Ce label certifie par exemple la pêcherie d’empereurs en Nouvelle-Zélande, capturés jusqu’à 2000 mètres de profondeur, ce qui est ultra destructeur pour les écosystèmes. Le directeur scientifique de Bloom conseille ainsi de chercher la présence de petits labels comme l’Association des ligneurs de la pointe de Bretagne.
5. Achetez votre poisson entier
On perd la moitié d’un poisson quand on ne l’achète pas entier. Et c’est aussi une garantie de fraîcheur. Souvent, le poisson pêché au chalut a passé plusieurs jours en mer, n’est donc plus forcément en bon état et est présenté en filets, conclut Charles Guirriec.
__________________
Un peu plus d’infos à mettre dans vos filets
– Les méthodes de pêche et leurs impacts, en illustration ludique, par Bloom
– La chaîne Youtube de Poiscaille pour apprendre à lever des filets, vider un poisson, le désarêter…
Les truites, même chose que les saumons, piscicultures, surpopulation dans les bassins, nourries aux granules. D’ailleurs un signe de la qualité médiocre, il y’a beaucoup de gras dans ce poisson comme le saumon … le seul inconvénient avec les pêches durables c’est le prix très élevé du poisson ?
Bonjour,
J’étais bien tenté de commander mais l’amidon modifié ds toutes les rillettes m’a refroidi.
Dommage!
Bien cordialement.
Merci pour cet article.
Ça manque d’un petit tableau récapitulatif ou d’exemples concrets, pour les urbains stressés qui moins de la mer mais veulent quand même manger du poisson…
J’utilise aussi l’application Planète Océan créé en partenariat avec l’association Ethic Océan qui donne des conseils pour consommer de façon responsable selon les différentes espèces de poisson