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C'est moi qui l’ai fait !

La Grange aux savoir-faire, apprendre à faire soi-même

Dans le Loir-et-Cher, une vieille grange tourangelle fraîchement retapée organise toute l’année des stages sur les savoir-faire alimentaires. À la Grange aux savoir-faire, on apprend à faire son pain, à brasser sa bière, à fabriquer des saucisses, à découper la viande, à cuisiner les plantes sauvages… On a testé, et largement approuvé.

Il fait froid en cette journée de janvier. L’atelier cueillette et cuisine sauvage vient tout juste de débuter. Doucement mais chaudement. La petite dizaine de participants se retrouve autour d’un poêle avec un petit-déjeuner de subsistance : confiture maison à la courge, infusion aux plantes et beurre de baratte. 

On resterait bien toute la journée à papoter mais il nous faut enfiler nos bottes et nos bonnets pour partir à la chasse aux plantes sauvages. En cette saison, nous trouvons des feuilles de plantain – idéales pour du pesto, de l’oseille, ces petites feuilles au goût acidulé en forme de poisson, du lamiacée, du rumex… et autres plantes aux noms farfelus. Dans nos pérégrinations, l’œil avisé d’Amandine, herboriste-botaniste, nous fait aussi croiser le chemin de la porcelle, qui doit son nom à sa texture en peau de cochon, lisse et poilue. On coupe quelques collerettes à la racine en prévision d’une salade, à manger en début de repas pour lancer la digestion, nous conseille la spécialiste.

Après une bonne promenade-cueillette dans les sous-bois de Vallières-les-Grandes,  la spécialiste nous emmène dans la cuisine qui ressemble à celle de la maison, le gigantesque plan de travail et le piano super professionnel en plus. Au programme : préparation d’une pâte à beignet de pulmonaire, plante aux feuilles tachées de blanc, energy balls au lierre terrestre, crackers au douglas, infusion à la racine de benoîte et salade. Chacun met la main à la pâte, pose mille et une questions sur les plantes et leurs usages, plonge ses doigts dans la préparation à beignet, puis tout le monde passe à table pour goûter cette belle coproduction. Au fil des heures, les têtes et les ventres se remplissent, des liens se tissent. Pour clôturer cette parenthèse champêtre, une photo immortalise la journée. On y verrait presque un groupe de vieux amis, alors que le groupe ne se connaissait pourtant pas le matin même. 

Redonner le pouvoir en cuisine

On doit la bonne idée de la Grange aux savoir-faire à Julie et Guillaume Mignard, tous deux ex-consultants parisiens. Il y a quatre ans, ils sont venus poser leurs valises dans cette ancienne ferme de deux hectares avec leurs quatre filles. Leurs envies ? Retrouver une certaine autonomie alimentaire. Explorer une alternative au modèle de production agroalimentaire dominant. Et permettre à tous d’apprendre au contact de professionnels des tours de mains, des techniques, des recettes et des idées à tester sur place et à emporter chez soi. La Grange est donc un lieu d’expérimentations, de tentatives, de grandes réussites et de petits loupés, mais avant tout un lieu collectif, expliquent-ils sur leur site.

La Grange permet à chacun d’entre nous d’acquérir davantage d’autonomie en réalisant une foule de produits alimentaires du quotidien.

Transmissions

En 2014, les premiers mois de l’aventure sont consacrés aux travaux. La maison des tôliers devient cuisine et la forgerie un cabanon. La laiterie et la bergerie sont aménagées en espaces de vie. L’écurie, quant à elle, sera prochainement retapée en espace d’accueil. La vaste grange aux chevrons vrillés apparaît naturellement comme l’espace idoine pour faire se rencontrer artisans et gens de passage lors d’ateliers. La Grange est un lieu dédié à l’échange et au partage de savoir-faire, explique le couple. Son but est de permettre à chacun d’entre nous d’acquérir davantage d’autonomie en réalisant une foule de produits alimentaires du quotidien. Tout au long de l’année, une offre permanente de stages fait se rencontrer les “sachants” (boulangers, charcutiers, cuisiniers, glaneurs, pastiers…) et toutes celles et ceux qui caressent l’envie d’apprendre, de s’enrichir, de se perfectionner, bref de prendre du plaisir en réalisant et en mangeant bon, beau et fait-maison.

Valoriser les savoir-faire de la région

Si la région est riche en savoir-faire culinaires, il a fallu les dénicher et donner envie aux artisans du coin de venir transmettre leur métier, de transposer leurs pratiques professionnelles à un usage ménager. Pour que le projet prenne vie, la famille Mignard a adopté Maud, rencontrée dans l’ancienne vie éditoriale de Guillaume. Elle n’a pas été de trop quand il a fallu partir, baluchon à l’épaule, à la recherche des derniers artisans de la région. Sur leur chemin, le trio a trouvé Amandine, botaniste de formation, qui ramassait des plantes sauvages. C’est elle qui nous a emmenés, panier au bras, glaner des plantes comestibles autour de la Grange en vue de préparer des mets très sauvages.

Ils sont aussi tombés sur Sarah, affairée à préparer son levain pour ses pains, brioches et sablés aux saveurs campagnardes. Puis ce fut le tour de Pascal, donnant ses lettres de noblesse à chaque partie du cochon grâce à différentes techniques de salaison, fumage et transformation. Ils ont failli passer à côté d’Arthur, tapi dans sa cave à brasser du houblon. Ils ont aussi dû courir après Christophe, toujours entre la France et Madagascar pour dénicher les meilleures fèves en vue de la confection de son chocolat cru. Tous ont accepté de rejoindre l’aventure pour venir le temps d’un jour ou deux transmettre leurs techniques aux curieux, des gens du coin ou de loin, spécialistes ou néophytes. Aujourd’hui, la Grange aux savoir-faire propose près de 30 formats d’atelier différents et plusieurs centaines de personnes s’y sont déjà essayées. 

De notre côté, on a adoré cette parenthèse botano-gastronomique. La prochaine fois, on testerait bien l’atelier fumage et salaison. On a toujours rêvé de fumer au petit-déjeuner.

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[Recette des beignets à la pulmonaire]

Mélanger 1 œuf, 50 g de farine et 5 cl de lait.
Enduire de faisselle les feuilles de la pulmonaire pour les coller deux à deux.
Tremper les sandwichs de feuilles dans la préparation à beignet.
Faire frire les beignets dans une poêle à grand renfort d’huile.

4 commentaires

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  1. Un week-end absolument génial ! J’ai fait le stage « Mon boulanger, c’est moi » et suis rentrée enchantée – je vais d’ailleurs m’inscrire pour le stage Cueillette. La gentillesse des gens, la pédagogie de Clémence, le plaisir d’apprendre … Bref, une très belle découverte. Merci la factrice !

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