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La douce musique de la terre

Gabriel Willem, polyphonie maraîchère

Gabriel Willem, musicien et maraîcher
Gabriel Willem, musicien et maraîcher

Dans la gamme des agriculteurs, Gabriel Willem détonne. À la fois musicien et maraîcher, il pratique ces deux activités dans ses Jardins En-chantants. Découverte du chef d’orchestre des légumes, lors d’un de ses repas-concerts “Un samedi soir sur la terre”.

©-www.pallages.com

À Herrlisheim, un petit village alsacien situé près de Colmar, un hectare de terrain se démarque des champs voisins. Sur ce bout de terre se dressent plusieurs serres, dont certaines fixées sur des rails ont la particularité d’être mobiles pour s’adapter à la saisonnalité. À côté, une multitude de fruits et légumes poussent au grand air : potirons, pâtissons, ou encore raisin, tous issus de variétés non hybrides F1. 

Ce soir, Gabriel Willem, le maraîcher à l’origine de ces Jardins En-chantants fait le tour du propriétaire aux curieux qui souhaitent connaître son histoire. À l’intérieur de la serre où s’engouffre le groupe, les dernières tomates de la saison sont encore rouges et charnues. J’aime bien venir dans ces serres la nuit car j’ai l’impression que les végétaux reprennent leurs droits, qu’il y a comme une présence, sourit le néo-paysan totalement dans son élément. Originaire du village, Gabriel Willem n’a pas toujours travaillé la terre. À 18 ans, il quitte l’Alsace pour rejoindre la capitale et suivre une formation de comédien aux cours Simon. Pendant près de huit ans, il enchaîne les gros projets qui le mènent aussi bien au cinéma, au théâtre qu’à la télévision. 

©-www.pallages.com

Contre-champ

Lorsqu’il parle de sa profession aujourd’hui, Willem se décrit comme musicien-maraîcher. J’ai toujours voulu lier l’agriculture et la culture. En revenant sur les terres où j’ai passé mon enfance, je ne savais pas ce que j’allais faire de ce terrain communal que j’avais l’opportunité de louer. Je me suis finalement dit que de m’installer, c’était un bon moyen de lui donner un peu de répit et que ce serait au moins ça que le maïs n’aurait pas (ici, dans la région, le maïs occupe 40 % de la surface agricole disponible, ndlr). Cultiver la terre est un message militant que veut faire passer ce passionné qui travaille entre 70 à 80 heures chaque semaine à la belle saison, sans pouvoir toutefois se dégager un salaire. 

À côté de cette activité, le trentenaire donne des cours de piano et organise une partie de l’année, avec sa compagne costumière, les samedis soir sur la terre. Il propose le temps d’une soirée de partager un repas puis, cerise sur le dessert, d’assister à un concert en plein air. 

L'un des repas des Samedis soir sur la terre
©-www.pallages.com L'un des repas des Samedis soir sur la terre

Samedis soir sur la terre

Sous la tente, les effluves du repas commencent à parvenir jusqu’aux narines des convives. Difficile de proposer un repas plus local puisque les légumes cuisinés proviennent directement de sa production. Dans les assiettes colorées, une part de pizza maison, du chou kale en salade et des pommes de terre. Vin bio, bière locale et tisanes au thym sont servis aux invités qui s’attablent par petits groupes. Edwige est venue de Colmar avec sa fille Léa pour profiter de la soirée aux côtés d’un couple d’amis.

J’aime ce genre d’ambiance particulière où il y a une véritable cohésion. Ça me rappelle les moments lorsque j’étais enfant et que j’allais à la foire bio de Rouffach, il y avait une ambiance similaire. Ça donne toujours une énergie particulière lorsque l’on retrouve des sensations liées à l’enfance, raconte-t-elle en se délectant de son repas. Arrive le dessert, des crêpes accompagnées au choix de confiture fraise-basilic ou cerise-lavande. Edwige opte pour les fruits du jardin et revient avec un petit bol de physalis, à la chair douce et sucrée. 

« Paysan et fier de l’être »

Une fois les assiettes terminées et les tables débarrassées, l’assemblée se tourne vers la scène improvisée. Le piano à queue de Gabriel est installé face au public. S’en suit plus d’une heure de show où le musicien mêle improvisation au piano et morceaux de son cru. Au moment où il entonne son dernier titre Paysan et fier de l’être, les enfants du premier rang se mettent spontanément à l’accompagner. Parmi eux, Anicet, 13 ans, vient pour la première fois assister à un concert, mais connaît bien l’artiste. On l’a rencontré au marché, explique sa mère. Anicet m’a demandé cet été s’il pouvait venir l’aider. Il y est allé plusieurs jours et en rentrant il nous a annoncé qu’il voudrait devenir professeur-maraîcher. Ce samedi soir, sur la terre et sous les étoiles, Gabriel Willem a semé les premières graines… de star. 

4 commentaires

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  1. J’ai eu la chance de participer à un Samedi soir sur la terre, l’ambiance était chaleureuse et j’ai passé un moment magique ! Il devrait y avoir plus d’initiatives comme celles-ci… Et surtout les paysans devraient être capables de pouvoir vivre de leur activité !

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