Après le Manifeste pour le vin naturel, Antonin Iommi-Amunategui vient de commettre le Manuel pour s’initier au vin naturel (éditions de l’Epure, 7 €). L’ouvrage, bref, dense et efficace, est en librairie depuis le 14 mars. Nous lui offrons cette tribune, afin qu’il nous explique pourquoi lever le coude, selon lui, c’est voter.
Le vin naturel n’existe pas… Il n’existe pas depuis 8 000 ans environ ! En clair, il n’a pas d’existence officielle à ce jour, pourtant on en fait et on en boit depuis toujours. Et aujourd’hui, c’est surtout le produit qui secoue le mieux le grand cocotier malade de l’agriculture.
En effet, aucun autre produit issu de l’agriculture n’avait jusqu’à présent attiré à lui autant de lumière et de bruit médiatique : internet, journaux, radios, livres, télévision ou même cinéma… Le vin naturel est omniprésent depuis 5-6 ans. C’est plutôt cocasse si on considère qu’il ne représente guère plus de 1 % de la production de vin (en termes de volume).
C’est aussi une responsabilité pour les vigneron-ne-s qui travaillent ainsi, avec des raisins sains (bio, c’est la base) et sans filet (pas de trituration chimico-oenologique). Ils ne sont plus du tout ignorés ou méprisés, comme ils ont pu l’être longtemps ; désormais, on les observe, on les scrute, avec sympathie, méfiance ou comme des bêtes curieuses, parce qu’ils sont devenus, à certains égards, un véritable modèle de résistance agricole. Une voie alternative viable à l’autoroute agro-industrielle. Un choix de consommation quasi-révolutionnaire.
Un vin naturel fait l'impasse sur 99 % des méthodes et potions industrielles (toxiques, pour l'essentiel, faut-il le rappeler).
Concrètement, tout est différent, de manière subtile ou plus radicale, avec ces vins-là : leur conception, d’abord, artisanale et paysanne, qui fait l’impasse sur 99 % des méthodes et potions industrielles (toxiques, pour l’essentiel, faut-il le rappeler) ; leur commercialisation, ensuite, qui contourne royalement les réseaux de grande distribution, en privilégiant les petits cavistes indé et autres épiceries de quartier (ce qui contribue à préserver le maillage commercial de proximité des centres-villes, ravagé par cette même GD) ; leur goût, enfin, déstabilisant au départ, car souvent à mille années-lumière de l’aromatique standardisée des produits agro-industriels, dont on a toutes et tous – sauf heureuses exceptions – été gavés depuis notre enfance…
Le vin naturel, en bref, est révolutionnaire, depuis sa production jusqu’à sa consommation. Choisir une bouteille de vin naturel, plutôt qu’une bouteille conventionnelle, c’est donc bien glisser ses euros dans l’urne d’une – très concrète et immédiate – alternative agricole. C’est rien moins qu’un vote sonnant et trébuchant… Et c’est bien pourquoi il est plus que temps de se mettre au vin naturel (en plus, spoiler, c’est souvent délicieux).
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Aussitôt dit, aussitôt fait ? Il vous suffira de parcourir le Manuel pour s’initier au vin naturel pour, peut-être, franchir le pas de ces nectars engagés… À noter également, le rendez-vous annuel Sous les pavés la vigne, festival des vins actuels et naturels, qui propose aussi dédicaces, débats et projections, dont la 5e édition parisienne aura lieu les samedi 29, dimanche 30 avril et lundi 1er mai 2017, à la Bellevilloise (21, rue Boyer – Paris XXe). On y retrouvera l’auteur de ce manuel, qui en est l’un des principaux organisateurs.
Votre article est affligeant de désinformation.
« Leur goût, enfin, déstabilisant au départ, car souvent à mille années-lumière de l’aromatique standardisée des produits agro-industriels ».
Sachez qu’aucun arôme exogène n’est apporté aux vins que vous qualifiez d’industriels, et que ce fameux goût que vous trouvez déstabilisant est en réalité une déviation organoleptique préjudiciable au vin ! À mour de rire.