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Potager du Nebbio : îlot de beauté

À quelques encablures de Saint-Florent, en Haute-Corse, le Potager du Nebbio fait prendre tout son sens au surnom d’île de beauté. Cette oasis de vie mêle activité maraîchère, table potagère et refuge pour bénévoles avides d’une reconnexion à la terre. Rencontre avec Sophie Pollini et Jérémie Verdeau, hôtes de haut vol.

Texte et photos : Laurène Petit

Bienvenue au Nebbio ! On est partis de rien : juste ici en 2006, il n’y avait que du maquis. Nebbio, un nom à mi-chemin entre bio et Nebbiu, fait référence à la vallée éponyme dans laquelle il est lové. Le vivant y est désormais en concert tous les jours : les oiseaux chantent à cœur joie et les abeilles noires locales sortent doucement de leur hivernage. Sur les quinze hectares du domaine, trois sont dédiés au maraîchage bio. La récolte alimente aussi bien les stands du marché de Bastia toute l’année que les assiettes du restaurant ouvert à la belle saison.

Les grandes tablées, les oliviers centenaires illuminés et la musique bien rythmée : c’est ce qui fait vibrer aussi bien Jérémie que son potager. La vie par temps de COVID est comme anesthésiée, mais cela n’enlève ni la convivialité, ni l’éclat dans le regard de cet infatigable amoureux des gens et de la terre.

Je te présente mes poules de luxe : Nicole Kidman, Cate Blanchett et Bree Van de Kamp, des volailles anciennes de race Cochin que Sophie adore. Ce jour-là, elle jongle entre la livraison des légumes pour le drive fermier local Drivulinu, l’entretien de la cuisine et la rencontre avec une future recrue, un cuisinier, en vue de la réouverture éventuelle de la saison.

Si le restaurant est aujourd’hui à l’arrêt, Sophie a bon espoir de refaire chauffer les fourneaux pour l’été. Le menu rêvé ? Charlotte d’aubergines au fromage frais en entrée, effiloché d’agneau de sept heures au miel du Cap Corse, écrasé de pommes de terre et légumes du potager rôtis au romarin en guise de plat, et tartelette aux fraises du jardin pour le dessert. En attendant, ce sont les cuves du premier millésime d’huile d’olive du potager qui occupent l’espace. On vient de commencer notre propre production avec deux variétés d’olives endémiques différentes, explique Jérémie.

En février, c’est la basse saison pour la production, mais la pleine période des installations ! Celle d’une serre d’abord, qui viendra abriter la future « jungle permaculturelle » dont rêve Jérémie : Nous allons y planter des passiflores, du gombo, du shiso, et les associer à nos traditionnels plants de tomates, d’aubergines, de maïs et de poivrons, pour multiplier les associations de cultures dans cet espace de 500 m². Plus loin, sur une autre parcelle, il expérimente une combinaison fertile entre verger naissant, plantations variées, paillage végétal et renfort d’amendement apporté par les poules, qui y gambadent librement le jour durant.

C’est aussi le moment parfait pour préparer la terre pour les semis à venir. Notre objectif, c’est de créer de la vie, de générer un sol vivant au fil du temps, raconte Jérémie. La terre, humide et grasse, est très peu travaillée en profondeur. Notre meilleure amie, c’est la grelinette, qui nous permet de retourner le sol en surface, sans l’agresser.

La vie bourgeonne, le printemps s’éveille au potager où l’agroforesterie est de mise. Ce jeune nectarinier est mis en terre ce jour-là, aux côtés de 120 autres arbres qui viendront, d’ici quelques années, ajouter de la vie et des fruits dans les assiettes des amis du Nebbio. Pêchers, figuiers, pruniers et même grenadiers et manguiers : planter aujourd’hui pour cueillir demain le fruit du temps et de son travail, c’est une formidable ode au temps long !

Une partie de la production est transformée au fil des saisons en confitures, conserves, pickles et autres légumes fermentés. Ainsi, en hiver, la centaine d’arbres fruitiers du domaine mis en terre au fil des années croule sous le poids des oranges, cédrats et autres agrumes : leur mise en pot est un acte aussi gourmand que prévoyant.

En temps normal, des wwoofers viennent des quatre coins de la planète pour échanger gratuitement quelques heures de travail à la ferme, contre le gîte et le couvert sur place. Pour nous, les wwoofers sont indispensables à l’équilibre du lieu, confie Sophie. Au-delà d’apporter un coup de pouce essentiel, ils participent à la vie du potager et apportent dans leur sac à dos leur propre bagage culturel, professionnel et personnel.

Ici, on ne cultive pas que la terre, mais aussi l’art de recevoir. Faute d’accueillir du public, Sophie et Jérémie continuent d’héberger des bénévoles de passage, à qui ils ouvrent bien plus que les portes de leur quotidien bien cadencé. Vivement l’été !

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