L’été voit fleurir les vrais marchés, ceux des producteurs, avec leurs étals de fruits ensoleillés et leurs tranches de vie bien fraîches. Visite de celui de Pernes-les-Fontaines, au milieu des vergers de Provence.
Devant ou derrière le stand ? Stéphane cherche le meilleur endroit pour poser son parasol, alors que le soleil provençal est encore bien haut dans le ciel. Il est 17h22. Ce sera derrière le stand.
Les camionnettes continuent d’arriver au compte-gouttes sur la place Frédéric-Mistral qui accueille, chaque mercredi de fin mars à début octobre, le marché de producteurs de Pernes-les-Fontaines. À l’arrière-plan se dressent les imposantes cheminées de brique des anciennes conserveries qui donnaient, avant l’apparition de la chaîne du froid, une seconde vie à la fabuleuse production de fruits et légumes de la région. Aujourd’hui, la vente directe est devenue la priorité des producteurs locaux, pour qui la Chambre d’agriculture du Vaucluse a mis en place cinq marchés du soir comme celui-ci, hors du tumulte des gros marchés.
Bref mais intense
L’un des gros avantages, c’est que ça ne dure deux heures, en fin de journée, ce qui ne t’empêche pas de travailler, assure Nicolas, de la Ferme des Possibles, tout en sortant les cagettes de légumes de son utilitaire. Pour faire le gros marché du samedi matin, il faut arriver à 7h, et repartir l’après-midi. On ne peut pas tout faire ! Présent pour la quatrième année consécutive place Mistral, Nicolas compte encore y réaliser un bon tiers du chiffre d’affaires annuel. Car à défaut d’être long, ce marché d’une quinzaine de producteurs est intense. À mesure que l’on s’approche de 18h, les premiers clients viennent sagement attendre devant les étals, leur cabas plié sous le bras, avec la mine réjouie du futur premier servi.
Les chambres d’agriculture ont lancé les Marchés de Producteurs de Pays qui, partout en France, réunissent uniquement et exclusivement des producteurs locaux.
Devant chez Fred, un autre maraîcher bio, un soupir de déception : Il n’y a pas de melons ? – Et non, grâce à ce beau printemps bien pluvieux, on en a pas encore. La semaine prochaine. 17h47. Le temps de mettre les étiquettes devant les produits, et il y a six personnes dans la file. Monique a son panier dans une main et son bichon maltais dans l’autre : Moi je ne fais que ce petit marché, et d’ailleurs je ne vais que chez ce producteur. Les produits sont excellents, de pleine fraîcheur, on voit qu’il les a cueillis ce matin. 17h59. C’est le rush, il y a 15 à 20 clients devant chaque étal de fruits et légumes, l’allée centrale est bondée, on est au centre du monde. Top départ.
Falafel-bicyclette
Chez Isabelle, personne. L’apicultrice ne s’inquiète pas outre mesure : Les gens se ruent d’abord sur les produits frais, puis ils prennent un falafel chez Félix, au fond, et à la fin ils viennent prendre du miel chez moi. C’est ça, le parcours. Tiens, ces deux-là ont pris de l’avance : ils ont déjà leur falafel en main. C’est la première fois que l’on vient au marché cette année, mais on est des habitués, on vient deux fois par an en Provence, explique Meurig Edwards, dans un anglais à fort accent gallois. Elle et son mari Sam font partie de l’énorme contingent de cyclotouristes britanniques, belges, néerlandais ou allemands qui vient défier, à chaque belle saison, le proche mont Ventoux et son soleil de plomb.
Nous on habite ici, on est habitués à la chaleur, mais les Belges je ne sais pas comment ils font pour venir pédaler maintenant, lâche Barbara, derrière ses bouteilles de sirop artisanal. Mais sans se plaindre de cet afflux de clients estivaux. D’ailleurs, pour leur troisième année sur le marché, elle et son compagnon Maxime ont décidé de ne déplier le stand qu’en juillet-août. On peut ajuster entre avril et septembre, dès lors qu’on paye le forfait. En face, Nathanael et Margherita, éleveurs de brebis, devront arrêter le marché fin août, lorsque les bêtes seront taries. En attendant, leurs glaces font un carton. S’il n’y avait pas ce marché-là, on y arriverait pas, concède Nathanael. Et puis c’est le but, d’avoir un contact direct avec nos clients. Eux ne font pas d’autre vente directe, mais pour nombre de marchands, le but est aussi de se faire connaître et d’attirer les clients directement à la ferme.
Se refaire la cerise
De l’autre côté du marché, Fabien enchaîne les allers-retours entre la camionnette et le stand, pour le réapprovisionner en barquettes de cerises. Il est 18h55, l’ambiance redescend en pente douce. J’ai déjà fait 50 kilos ! Il y a pas mal de touristes, ça part bien. Même razzia chez Annie et Mayo, qui ont dû retourner chez elles chercher dix caisses de melon. Pernes c’est un bon marché, explique Annie, satisfaite. Ça fait 8 ans qu’on le fait, et j’ai eu beaucoup de connaissances qui sont arrivées comme ça : on a maintenant des amis à Paris et au Mont Saint-Michel ! Certains clients emballés sont même tentés de rester, comme Patrick et Patricia : On cherche à s’installer dans la région, explique Patrick, salade à la main. On aime la bonne bouffe, ça fait partie de la qualité de vie. C’est la première fois qu’on vient à ce marché, et un lieu comme ça, dans le choix de vie, ça compte ! Sûr, mon petit marché local a une côte internationale.
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Tronches d’étal
Ils n’ont pas des gueules à faire de la revente. Les producteurs provençaux du marché de Pernes-les-Fontaines ont sorti pour nous leurs plus belles bobines, et leurs produits-phare. Retrouvez-les ici.
Un superbe marché 100% producteurs ! ?
Le Marché du soir des Producteurs de Pernes est contrôlé par la Chambre d’Agriculture de Vaucluse et les personnes qui vendent sont Exclusivement des Agriculteurs qui ne vendent que leur production, cela fait parti du règlement qui ne tolère aucun achat Revente.
Pour ce genre de marché (comme celui de Velleron à quelques km), on m’a donné le conseil suivant. Achetez à ceux qui ne vendent que très peu de produits différents. Vous êtes sûr que c’est eux qui les font pousser.