Par Hélène Binet, 21 mars 2013

« Le printemps est arrivé la belle saison / le printemps est arrivé sors de ta maison / (…) Dépêche-toi, dépêche-toi, ne perds pas de temps/ Taille ton arbre et sème ton champ, gagne ton pain blanc. » Est-ce que les paroles de Fugain sont d’actualité cette année ?

Nicolas : Au Nord de la Loire, nous avons subi de plein fouet les intempéries de la mi-mars. Il a neigé comme jamais. Certaines de mes serres ont craqué sous le poids de la neige, mes légumes se sont retrouvées au grand air, sous le blizzard. Une vraie cata. Aujourd’hui la neige a fondu mais les champs sont détrempés. On fait quoi ? On attend que ça sèche.

Quand la terre aura fini de gadouiller, qu’allez-vous faire en premier ?

Le printemps, c’est la préparation de la terre, l’idée est de faire un beau lit de semences que ce soit dans les champs ou sous les serres. Une bonne terre, c’est la base, une étape à particulièrement soigner. On passe d’abord avec un outil à grandes dents qui ameublit la terre sur 10 à 12 centimètres de profondeur. L’objectif est de permettre aux racines des légumes de s’arrimer. Ensuite, juste avant de semer, on repasse avec un genre de cultirateau pour affiner le grain de la terre en surface. On peut aussi pratiquer la technique du faux semis.

C’est quoi faire semblant de semer ? De l’air semis ?

On prépare la terre comme si on allait semer mais en fait on attend quelques jours que les graines des mauvaises herbes se mettent à pousser. Ensuite, juste avant de semer, on repasse avec un engin pour détruire ces premières pousses. Le champ est libre pour nos graines potagères. Adieu les mauvaises herbes ! C’est une technique efficace pour avoir moins de travail de désherbage.

Une fois le lit de semence bien douillet, quelles plantes allez-vous accueillir en premier ?

On va d’abord repiquer ail, échalote et oignons. On met en terre des mini-bulbes (des bulbilles) tous les 20 centimètres. Pour les protéger du froid, on installe du P17 ou du P30, un voile spécial qui protège les cultures de la grêle, créé un genre de micro-climat et laisse passer les rayons du soleil comme les gouttes de pluie. Et puis on attend. Si tout va bien, on pourra les récolter cet été.

Et si tout ne va pas bien ?

C’est qu’il aura gelé. Dans ce cas les pousses seront ralenties, voire au pire anéanties. Chaque année, on y va au feeling car ni la météo ni le maraîchage ne sont des sciences exactes.

Dans les serres, vous avez commencé à semer ?

Petits pois, navets, épinards, carottes… On a aussi mis des poireaux que l’on repiquera dans les champs quand les températures seront plus clémentes. Pour les choux fleurs, les brocolis, les fraises, il va falloir encore attendre que le mercure remonte.

Le printemps était cette année le 20 mars, l’an passé le 21, pourquoi ce n’est pas toujours la même date ?

Le printemps est une notion abstraite pour nous les maraîchers. Il fluctue d’une année à l’autre. L’an passé on se demande même s’il a existé. Plus sérieusement, la date est calculée en fonction de l’équinoxe de printemps, le jour où le soleil se trouve exactement à la verticale de l’équateur. A cette date, la durée du jour et de la nuit est rigoureusement identique. Comme il n’y a aucun compte rond en astronomie, l’équinoxe de printemps varie de quelques heures chaque année. En 2044, il sera même un 19 mars.