Le marc de café est très à la mode chez les jardiniers, notamment débutants. Nous avons interrogé des experts et des spécialistes pour distinguer les mythes et rumeurs des vrais bons conseils.
Le jardinage a ses modes et ses tendances. Après la spirale aromatique ou les tours à pommes de terre, l’idée la plus virale de ces derniers mois semble être l’utilisation massive de marc de café pour régler… à peu près tous les problèmes. Vous peinez à faire germer vos graines ? Mélangez-les à du marc de café, préconisent certains. Des limaces et escargots veulent croquer vos salades ? Protégez-les avec une barrière de marc de café, suggèrent d’autres. Vos plantes ont l’air pâles et fatiguées ? Nourrissez-les avec un engrais au marc de café, soutiennent encore d’autres jardiniers. Encore un peu, et on nous proposerait de faire revenir l’être aimé avec quelques incantations et du marc de café.
Pourtant, quand on interroge les personnes ayant jardiné avec cette substance prétendument omnipotente, on constate que beaucoup sont au mieux nuancées, au pire déçues. La chose est simple pour les limaces et escargots : personne ne semble avoir constaté un réel pouvoir du marc de café pour faire fuire ces gastéropodes. Si vous voulez les empêcher de manger vos jeunes pousses, privilégiez une chasse à l’escargot à la nuit tombée et/ou favorisez l’arrivée de prédateurs de mollusques comme les hérissons et les carabes.
Jean-Claude a cherché ses marques avec le marc
Concernant l’éventuelle utilité du marc de café sur vos semis, cette seconde théorie ne semble pas non plus résister à la pratique. Jardinier depuis son enfance, Jean-Claude Férail a tenté il y a quelques années d’utiliser du marc de café dans ses rangs potagers en semant ses graines. Après plusieurs tentatives et observations infructueuses, lui qui côtoie des centaines de jardiniers au sein de l’association orléanaise pour les jardins ouvriers et familiaux (AOJOF), a finalement renoncé à cette pratique : Certaines personnes le font parce qu’elles pensent que ça peut alléger la terre. Personnellement, je n’ai vu aucune différence. Pire : certaines études montrent que le marc de café frais contient de l’acide chlorogénique, qui a un pouvoir antigerminatif. Si l’on souhaite semer un sol léger, on préférera donc semer ses graines dans un mélange de sable et de compost.
Reste maintenant le plus compliqué : vérifier si le marc peut ou non être utile pour fertiliser son sol et ses plantes. Âgé de 70 ans, Jean-Claude Férail se souvient avoir vu sa grand-mère déposer son marc de café dans son jardin, directement au pied des plantes. Lui préfère placer le marc dans son compost, avec ses autres restes et déchets végétaux. Dans les deux cas, est-ce bien utile ? Contactée, l’agronome à l’INRA/AgroParisTech et spécialiste de l’agriculture urbaine Christine Aubry botte en touche mais rappelle que le marc de café est utilisé avec succès comme substrat dans le cadre de plusieurs expérimentations de culture de champignons. Et qu’il joue dans ce cas un bon rôle d’amendement organique. Encore faut-il savoir s’il en est de même avec la culture horticole.
Justine en a eu marre du marc
Une chose est sûre, la prudence est de mise. Jardinière néophyte en région parisienne, Justine en a fait l’amère expérience. Elle se souvient en avoir déposé abondamment au pied de ses plantes enracinées dans des pots en terre cuite. Le marc a fini par former une croûte très sèche et ses végétaux ont même commencé à dépérir, si bien qu’elle a entièrement retiré ce marc qui a terminé dans son compost.
Quelques études publiées sur le sujet semblent faire écho à la mauvaise surprise de Justine. Une petite expérience a été menée en 2004 et publiée dans la revue américaine The fruit gardener. Un cultivateur appelé Nick Lolonis a tenté de cultiver des tomates dans des pots contenant du compost mélangé à une proportion plus ou moins importante de marc de café. Il a constaté que plus le pot contenait de marc, moins le pied de tomate poussait. Et que le pied le plus en forme était celui ayant poussé dans le pot témoin, ne contenant pas de marc de café du tout.
Une autre étude beaucoup plus poussée a été publiée en 2015 dans la revue scientifique Plant Production Science. Le marc de café avait été testé pendant quatre saisons successives afin de mesurer ses capacités d’amélioration de la croissance des cultures, d’amélioration des sols mais aussi de contrôle des herbes non désirées. D’abord, le marc a fait des dégâts : au cours de la première saison de culture, la croissance de tous les végétaux a été considérablement inhibée par l’application d’une grande quantité de marc (10 kg par m²). En revanche, dès la deuxième saison de culture, la croissance des plantes a été deux fois plus élevée que celle de plantes non exposées au marc. Si le contrôle des herbes spontanées n’a été efficace qu’à très court terme, l’amélioration du sol a, elle, été durable. Ce dernier point a en prime depuis été confirmé par une autre étude publiée en 2018. Moralité : le marc de café est bel et bien un bon amendement organique pour les plantes comme pour les sols, à condition de lui laisser le temps de se dégrader. Soit directement sur le sol, soit beaucoup mieux en passant quelques mois par la case compost.
Yohann se démarque
Si vous vivez en ville, il peut donc être tout à fait intéressant de vous tourner vers des bars et cafés de votre quartier pour récupérer leur marc de café en grande quantité et le composter. Mais n’en faites pas un produit magique, loin de là, puisqu’on peut en dire autant de beaucoup de végétaux, restes et épluchures de cuisine.
Yohann Hubert, fondateur de l’entreprise spécialisée dans l’agriculture urbaine Sous les fraises, préfère même s’en passer totalement : On trouve important de remettre en cause la consommation de café, qui a un coût environnemental important et qui est un excitant qui contribue à la trop grande vitesse de nos vies, notamment dans le travail. On préfère donc choisir d’autres ressources que le marc de café pour nos cultures. Il propose d’autres matières à récupérer pour remplir ses bacs et pots de culture : Il y en a plein, il y a les litières biodégradables pour chats, on peut aussi aller chez les cavistes pour récupérer des bouchons de liège que l’on va broyer, on peut même se mettre d’accord avec ses voisins pour récupérer les éponges en cellulose.
On en ajoute deux, testées et approuvées : les drêches de brasserie, à demander dans la microbrasserie d’à côté, et les feuilles mortes, à récupérer dans le parc ou la résidence proche de chez soi. Chacun de ces matériaux pourra soit être utilisé tel quel une fois mixé avec de la terre et du compost (⅓ de terre végétale, une petite moitié de compost et le reste de liège, drêches… ou marc de café si vous le souhaitez), soit être composté six à neuf mois avant d’être utilisé.
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Sur le marc de café: pour mes plantes, j’ai constaté aussi que si je le disposais en surface, il finissait par former une croûte. Je le donne maintenant à mon lombricomposteur. Les vers le transforment, avec les feuilles de mon thé, de mes tisanes & les épluchures des légumes. Puis je mélange le compost 1/3 compost + 2/3 terreau & tout va bien.
Bonjour,
Je trouve cela honteux d’avoir des représentations ethnique comme vous le faites!
Le café n’est pas uniquement l’apanage des personnes de couleur noires !
Susceptible, donc on ne peut plus mettre 1 dessin d’une personne de couleur ? Ce sont des gens comme vous qui cherche la petite bête
Pour ma part je trouve honteux votre remarque. Auriez vous fait le même commentaire si cela avait été une personne blanche sur l’illustration ?
Lisez l’article : il ne parle que de jardinage…
Ah ben merci, parce que j’étais tombé dans tous ces mythes du café et je n’ai jamais effectivement pu constater une amélioration.
Oui, le Marc de café c’est sympa mais j’utilise le thé de mon « côthé » :p Parfois, quand mon thé est froid et que je n’ai plus soif j’en profite pour arroser mes plantes !