Le soleil, c’est leur rayon. Maryse et Tann, à l’origine du Jardin de GraMaTann, à Arcachon, imaginent chaque jour de nouveaux modes de cuisson qui fonctionnent à l’énergie solaire. Bienvenue dans le monde des pétroleuses négaWatt.
Les bonnes idées viennent souvent d’une situation à régler. Maryse et Tann, sont 1/à la retraite, 2/leur pension est plutôt modique, 3/elles ont de l’énergie à revendre. Aussi, pour joindre les deux bouts, les voisines et amies décident d’alléger le poids de leur facture énergétique. Leur chasse aux watts commence par l’achat d’un premier four solaire, le Bolivia Inti, qu’elles s’empressent illico de customiser. Puis, les deux femmes se mettent à tester tous les cuiseurs solaires possible.
Voici notre four solaire assez grand comme vous pouvez le constater. Les rayons se concentrent à l’intérieur du four, la chaleur y monte progressivement (le thermomètre permet ainsi d’évaluer le temps de cuisson). Les gros inconvénients de ce modèle ? Son poids et sa non maniabilité, car faut-il le rappeler, ce type de cuisson nécessite tout de même de suivre le soleil à mesure que les heures passent ! Pour le rendre plus maniable, Maryse l’a équipé de poignées latérales.
Les filles, vous avez remisé four, micro-onde, friteuse, plancha… Mais au fait pourquoi ? Maryse de répondre : Loin d’être une usine à gaz, la cuisson solaire non contente de réaliser d’énormes économies d’énergie, ne dégage ni ondes, ni buée, ni fumée, ni odeur. Sans compter qu’elle nous évite toute intoxication causée par la réaction de Maillard (le cramé réputé cancérigène, ndlr). Rien de tel, en effet, qu’une cuisson naturelle, lente et douce, pour retrouver le vrai goût des aliments et conserver l’intégralité de leurs nutriments.
Confectionné à partir d’une plaque de carton pliée et d’une feuille miroir, ce cuiseur solaire très simple baptisé Tout d’une pièce, leur a été inspiré par Roger Bernard, le grand manitou des réflecteurs solaires. Une fois qu’on a compris comment le monter, puis qu’on l’a orienté vers le soleil, il suffit de placer sa casserole ou un autre ustensile de cuisine, noir de préférence, et ça marche tout seul ! Dans ce cas précis, nul besoin de réorienter la bête… On peut faire confiance à nos deux comparses qui en connaissent un rayon.
Également appelée caisse à cuire ou cuiseur thermos, la marmite norvégienne d’origine scandinave est une structure isolante qui permet de poursuivre une cuisson amorcée sur le gaz ou autres, sans apport d’énergie supplémentaire. En fait, elle utilise le principe ancestral de la rétention de chaleur. Il est tout de même appréciable de pouvoir laisser un truc sur le feu et de ne plus s’en soucier, s’amusent Maryse et Tann.
Une vague de nouveaux chefs a fait son apparition, on les surnomme les chefs solaires : Pierre-André Aubert en France (Le Présage à Aubagne, Bouches-du-Rhône), Celestino Ruivo au Portugal, Juan Bello en Espagne...
À chacune son métier, à chacune sa créativité. Si Maryse, l’ancienne menuisière, confectionne ses prototypes de marmite norvégienne dans des caissons de bois, Tann, l’ancienne couturière, se plaît à décliner celles-ci sous toutes les coutures. Entre elles, c’est la compétition, elles vont même jusqu’à réaliser des études comparatives des performances énergétiques de leurs spécimens ! Et qui gagne ? Eh bien, ça dépend des fois.
Soucieuse de bien nous recevoir, Tann nous a concocté un dessert aux pommes, cuit à la parabole solaire, un genre de barbecue qui concentre la direction des rayons du soleil vers un point central grâce à sa forme parabolique et qui monte très vite en température. Cuisinez avec le soleil vous réconcilie avec la nature en vous initiant à un délicieux goût d’indépendance et de liberté. S’affranchir de notre dépendance aux énergies fossiles ou nucléaires est une sensation magique.
Cerise sur le gâteau, notre goûter dégusté sous le soleil, s’accompagnera de tisanes de plantes du jardin délicatement chauffées au four solaire à panneaux ouverts. Ce mode de cuisson peut tout à fait convenir tout au long de l’année dans les zones tropicales et tempérées, mais on se doute moins que certains l’utilisent aussi au Canada ou dans les pays nordiques pendant 6 à 9 mois sur 12 !
À chacun de choisir sa place au soleil… nos reines du (non) pétrole et de la sobriété heureuse ont vraissemblablement trouvé la leur ! Cette alternative leur permet de profiter d’une ressource gratuite, propre, disponible en abondance, inépuisable et utilisable en toute saison. Et les autorise à se dorer la pilule et à recharger leurs batteries.
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B.a.-ba de la cuisine solaire
La cuisine solaire n’est pas une nouveauté, elle serait née au XVIIIe siècle, et c’est Horace-Bénédict de Saussure, un naturaliste suisse, qui aurait le premier construit un cuiseur solaire. Le principe du four ou cuiseur solaire est simple, de forme carrée ou hexagonale, il capte les rayonnements émis par le soleil qu’il transforme ensuite en chaleur pour cuire les aliments. Depuis ce temps là, les techniques concernant ces cuiseurs solaires se sont diversifiées. Pour autant, la majorité de la population mondiale ne sais pas encore que le soleil permet la cuisson quotidienne des aliments.
À vous de jouer !
S’instruire : Cuissons alternatives, 40 recettes véganes et sans gluten pour cuire autrement, éditions Alternatives.
Construire : Maryse organise régulièrement des stages à Arcachon pour apprendre à construire ses fours solaires. Le prochain ? Le dernier week-end d’avril 2018. Inscriptions par mail marysenbato@yahoo.fr ou directement par téléphone 06 19 58 38 46
Le site idcook.com publie plein de tutos pour construire ses cuiseurs solaires à la maison.
Bonjour Jolie Lucie, non des ouvrages existent déjà sur le sujet ! 😉 Entièrement d’accord avec toi par contre, Maryse et Tann sont fabuleuses !
Bonjour, comme tout cela s’append et c’est en expérimentant que l’on parvient à gérer ces températures et temps de cuisson, mais oui, il s’agit de cuisson lente en ce qui concerne les marmites norvégiennes donc douces, à l’inverse si la météo s’y prête la cuisson solaire peut être plus ou moins rapide, suivant la montée en température ! 😉
Ah j’ai des questions aussi ^^ : je me demande comment on fait pour gérer la chaleur d’un four solaire et est-ce que ça se gère ? Ça ne doit pas être facile de s’adapter quand on s’y met, non ? Peut-on faire des cuisson lentes ou tout est plus rapide ? Et est-ce que le four fonctionne bien quand il ne fait pas très beau?
Super, elles sont trop fortes ces mamies 😀
Dis Marie, ton prochain livre portera-t-il sur les alternatives à la cuisson sans gaz ni électricité ? 😉
bravo à ces deux voisines-amies. Moi, ça me titille depuis longtemps, d’essayer de construire puis utiliser un four solaire, il va faloir que je m’y mette.