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À vos bêches !

Créer sa microferme : suivez le guide-témoignage d’une néopaysanne !

Voilà 5 ans que Linda Bedouet, néopaysanne, s’est installée comme maraîchère bio en Normandie. De son expérience à la ferme de la mare des Rufaux, elle en a fait un livre-témoignage à destination de celles et ceux qui rêvent d’un retour à la terre. Entretien.

©Ferme des Rufaux

Quels premiers conseils donneriez-vous à quelqu’un intéressé pour s’installer ?

Je pense qu’il faut bien réfléchir à son projet de vie. Veut-on être fermier ou veut-on être autonome ? Ce n’est pas un job comme les autres et ce n’est évidemment pas juste un travail. Et on n’est pas tous faits pour être paysans, il y a parfois une confrontation difficile entre ce que l’on s’imagine du métier et la réalité.

Ainsi, on a vu passer beaucoup de stagiaires sur notre ferme de la mare des Rufaux, environ une centaine depuis 2012 et je dirais qu’entre 20 % et 30 % vont ou se sont lancés. Ce n’est pas la majorité mais ce n’est pas grave ! Beaucoup de personnes qui nous contactent sont en burn-out et se cherchent. Il faut d’abord faire un cheminement personnel avant de se lancer dans un projet agricole car après, une fois installés, il faut tenir.

©Claire Baudiffier

Que voulez-vous dire ?

Que ce n’est pas forcément facile, nous sommes parfois mis à l’écart parce que nous sommes contre le système dominant. L’important est de ne pas perdre de vue qu’il faut rester dans le faire.

Un futur néopaysan doit-il forcément passer par une formation ?

C’est une grande question. Le souci est que beaucoup de formations ne transmettent pas les bonnes choses. Il y a bien sûr des formations autour du bio, mais du bio intensif ! Or, les gens qui veulent s’installer aujourd’hui recherchent du sens, pas du profit. Mais il y en a quelques-unes qui sont très en avance dans les enseignements, je pense par exemple à Coutances ou à celle du Rheu. Par ailleurs, les stages chez des professionnels sont évidemment nécessaires.

©Stephan Gladieu

Dans votre livre, vous soulignez plusieurs fois que ce projet est un projet de vie. Vous vous êtes lancés en couple. Est-il selon vous possible de s’installer seul(e) ?

Toute seule, je ne me serais pas installée. J’étais une citadine, je ne connaissais pas les codes. Avec Édouard, tout a été plus simple (lui est normand et travaillait déjà dans le milieu de l’environnement, ndlr), nous avons été acceptés plus facilement. Mais je pense que ce n’est pas infaisable de s’installer seul, tout dépend de votre caractère. En tout cas, avant de se lancer à deux, ce qui est sûr, c’est qu’il faut être prêt soi-même. Il faut ensuite bien gérer la répartition du travail. En ce qui nous concerne, au début, nous n’avions pas les mêmes compétences – moi je m’y connaissais plutôt en comptabilité, communication et création d’entreprise et Édouard avait davantage de compétences de terrain –, ce qui a facilité les choses.

©Claire Baudiffier

Vous insistez beaucoup sur le fait de prendre du recul, de faire des pauses…

Oui, en étant installés en couple, il faut sans cesse faire des points. Où est-ce qu’on en est tous les deux ? Au sein de la ferme ? Dans notre couple ? Où en suis-je, moi personnellement ? Par ailleurs, nous avons fait le choix de nous imposer, même si ce n’est pas simple, un mois de vacances par an (vers novembre). C’est essentiel pour nous, cela arrive toujours à un moment où on n’y voit plus clair, où les décisions commencent à être difficiles à prendre. On part et, en revenant, tout paraît plus simple et limpide ! La fatigue, physique et mentale, est vraiment quelque chose à ne pas prendre à la légère dans notre métier. Quelque chose qui peut vous faire arrêter. C’est pour ça qu’il est primordial de faire des pauses pour se retrouver.

©Fred Berthelot

Nous nous sommes rencontrées en 2015. Vous me disiez à l’époque « J’ai mal au dos mais j’en ai pris mon parti, je sais que j’aurai mal toute ma vie ». Rediriez-vous la même chose aujourd’hui ?

J’ai appris à me préserver et à trouver des petits trucs pour me soulager : ne pas porter des caisses de plus de 10 kilos, bien plier les genoux, mettre quelque chose de chaud dès que la douleur apparaît. C’est aussi parce que je n’avais pas l’habitude d’avoir mal ! Au début, je ne savais pas vivre avec la douleur physique contrairement à Édouard qui, lui, connaissait le travail en extérieur, les bons gestes, etc. Désormais, je sens que mon corps travaille et je sais pourquoi je suis fatiguée, ce qui est plutôt satisfaisant.

Concernant votre installation, vous évoquez dans « Créer sa microferme » l’importance du non-endettement. Que voulez-vous dire ?

On a fait le choix de s’installer sans s’endetter, de ne pas prendre de crédit. Il y a une différence entre ne gagner presque rien et devoir de l’argent et gagner peu, s’en satisfaire et ne rien devoir à personne. Devenir néopaysans, c’est toute une philosophie, celle de la sobriété heureuse. On ne dépense pas grand-chose, on produit notre propre alimentation, qui est très riche et qui donc nous maintient en bonne santé. À la clé, très peu de frais de santé. On gagne peu (environ l’équivalent d’un petit Smic par personne) mais nous sommes heureux, nous avons une vie très plaisante, bien meilleure, je pense, que la plupart des gens.

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