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Alizarine, péniche militante

Cave à fond de cale

Seul 3 % du transport de marchandises se fait par voie fluviale contre 90 % par la route avec la pollution que l’on connaît. Cécile Sauthier, Raphaël Sauzéat et leur péniche Alizarine livrent des vins bio de la vallée du Rhône à Paris et jusqu’à Bruxelles. Et tentent de convaincre qu’il est temps de suivre d’autres courants.

Vingt minutes de libre entre chaque écluse. La péniche Alizarine est à Rogny-les-sept-Ecluses (dans l’Yonne) et traverse la Bourgogne. La cale est pleine depuis son départ du côté de Valence dans la Drôme le 19 mai. À son bord, du vin bio, du vin naturel, de l’huile d’olive, du miel, des produits régionaux de la Drôme et de l’Ardèche. Climatisée et isolée, la cale maintient les vins à température, prêts à être consommés à leur arrivée à Lyon, Paris ou Bruxelles.

Depuis deux ans, la Société coopérative de production (Scop) Alizarine et ses deux responsables, Cécile Sauthier et Raphaël Sauzéat, se battent pour faire entendre la nécessité de sauver une perle – 8000 kilomètres de voies navigables – et relancer le commerce par voie fluviale. Pour ce faire, les deux anciens saltimbanques, elle comédienne et chanteuse, lui acrobate sur corde, ont eu l’idée géniale de racheter une péniche de 39,5 mètres de long et de créer une ligne régulière entre Sète et Bruxelles.

Nous traversons 80 % du vignoble français, du Languedoc Roussillon, des Côtes du Rhône, du Beaujolais, de la Bourgogne, du Champagne. Au retour, Châblis et Val de Loire…  Ainsi, sur son trajet, la péniche se remplit des vins que les vignerons situés à moins de 20 kilomètres de l’itinéraire viennent lui livrer.

 

 

Dans ce projet, l’aller comme le retour se fait à plein. En passant par le Canal des Vosges, une véritable merveille assure Cécile, l’impression de naviguer dans le Vercors, Alizarine va terminer sa course en Belgique et recharger le bateau de bière, de sel de Guérande, de cidre de Normandie, de Rhum venu des Antilles par transport à la voile, de sardines de Bretagne. Avant, elle aura livré sa cargaison aux épiceries bio, à des cavistes et à des coopératives.

Leur embarcation se nomme Alizarine, du nom d’un colorant rouge d’origine végétale et peut transporter l’équivalent de 5 containers, soit cinquante palettes et 30 000 bouteilles.

Fleuve de liens

Si l’image de la péniche sur les flots est bucolique, celle de Cécile et Raphaël se veut surtout fonctionnelle et engagée. Transporter par péniche, c’est 40 % en moins de pollution atmosphérique et 4 fois moins de carburant. Par bateau, le vin ne subit pas de vibration, il est bercé à température constante, expliquent les deux passionnés qui entendent bien faire monter à bord de leur projet d’autres structures.

Dans leurs rêves les plus fous, ils imaginent mettre sur pied Fleuve de liens, calquée sur le modèle de Terre de liens qui permet à des citoyens d’aider à l’installation d’agriculteurs en bio. Un groupe de citoyens serait propriétaire du bateau et nous en serions les pilotes et les gérants, ce qui nous permettrait d’être moins étranglés, confie Cécile Sauthier. Avec ce système, on pourrait voir se multiplier les bateaux commerçants sur nos voies navigables.

Les deux voyageurs espèrent également grâce au collectif « Agir pour le fluvial » être entendus par le nouveau ministère de l’Environnement. Nous savons que nous avons une place, assure Cécile mais nous ne pouvons tenir seuls. Le transport routier est une concurrence déloyale.

Si la pratique reste marginale en France, ailleurs les choses bougent. L’Allemagne oblige par exemple les entreprises du bord du Rhin à utiliser les transports fluviaux de petit gabarit.

Désengorger les axes routiers en misant sur le report modal vers le fluvial était déjà un thème du Grenelle de l’environnement puis de la COP 21. 35% des gaz à effet de serre sont dû aux transports routiers. Les particules fines réduisent l’espérance de vie de 8 ans, selon l’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie en France. D’après l’OMS, trois millions de personnes meurent chaque année en France à cause de la pollution atmosphérique. C’est le système des transports des marchandises dans leur ensemble qu’il faut changer, assure Jean-Marc Samuel, président de la Fédération « Agir pour le fluvial ». Cette dernière a d’ailleurs tenu son assemblée constitutive le 14 juin à Nancy, une occasion de se faire entendre encore plus fort.

6 commentaires

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  1. Belle initiative et très bucolique mais il serait quand même intéressant de regarder les impacts potentiels que pourrait avoir une augmentation du traffic fluvial sur les écosystèmes d’eau douce… pas de solution miracle 🙂

  2. bonjour
    merci pour votre initiative
    pouvez vous me dire où je peux vous rencontrer en
    région parisienne et à quelle date , svp ?
    je souhaite vivement acheter des denrées chez vous et parler avec vous de vos projets
    merci et bonne continuation

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