Dans la première partie de cet article, nous avons surtout parlé de questions sociétales : formation des vétérinaires, influence des industriels, etc. Désormais, place à la diététique ! Que doivent manger nos chiens et nos chats pour ne pas déguster ? Les chiens doivent-ils s’alimenter comme des loups sauvages et les chats comme des tigres du Bengale ? Mystère et boule de viande…
Qu’est ce qu’un aliment « complet » ?
Nous retrouvons Charlotte Devaux, notre vétérinaire spécialiste de la diététique canine et féline. Sur ce point, elle se veut rassurante : La plupart des chiens et des chats mangent le même aliment chaque jour de leur vie. C’est pourquoi tous les aliments pour animaux, croquettes ou pâtées, sont des aliments complets.
Complets selon qui ?
Charlotte Devaux : C’est l’Union européenne, via la fédération européenne des fabricants d’aliments pour animaux familiers (FEDIAF), qui définit les apports nutritionnels moyens des animaux. Les fabricants doivent s’y plier, c’est une obligation légale. Il existe juste quelques exceptions, pour des aliments « plaisir », par exemple des boîtes de filet de thon pour les chats. Dans ce cas, c’est écrit sur l’emballage. Ce n’est pas un aliment complet, mais un aliment complémentaire.
La FEDIAF est un lobby qui doit représenter les industriels à la base… Tu ne trouves pas cela dérangeant si l’industrie se régule elle-même ?
C : L’Europe impose aux pet-fooders de commercialiser un aliment sûr et sain. Point. « Démerdez-vous »… Du coup, la FEDIAF a rassemblé des professeurs d’université pour faire des recommandations, basées sur les rapports du NRC (National Research Council). Le conseil scientifique de la FEDIAF est constitué de profs d’école, c’est du sérieux. Personnellement, je trouve qu’ils font plutôt du bon boulot… d’autorégulation.
Mais alors, si tous les aliments sont complets… Tous les aliments se valent ? Pourquoi certains coûtent cinq fois plus cher que d’autres ?
C : Les marques premier-prix se contentent de respecter les minima fixés par la loi. Les marques plus qualitatives feront des recettes plus intéressantes, avec des ingrédients de meilleure qualité.
Et quelle différence ça fait chez l’animal ?
C : Cela peut se voir sur l’aspect général de l’animal : son développement musculaire, la beauté de son poil, la qualité des selles… Les croquettes premium sont aussi, souvent, mieux formulées pour les animaux stérilisés, elles sont moins grasses pour prévenir l’obésité. Après, il faut bien voir que tous les individus sont différents, tandis que les recommandations se basent sur des moyennes. Si notre animal a des besoins supérieurs à la moyenne, ils ne seront peut-être pas couverts par un produit mettant le minimum réglementaire.
Donc certains animaux ont potentiellement des carences ?
C : Encore une fois, s’il y a des carences, on les devine souvent grâce à l’état général de l’animal. Il faut donc trouver le produit le plus adapté pour chacun. Mais sans dramatiser. Par exemple, les études montrent que les humains sont quasiment tous carencés. Nous manquons de vitamine D, de sélénium, de magnésium ; les femmes manquent de fer. On voit bien que ce n’est pas une question de vie ou de mort.
Mais comment a-t-on fait pour connaître les besoins nutritionnels des animaux ?
C : On a fait de la recherche. De la recherche parfois brutale. Il fut un temps où l’on pouvait donner des régimes carencés aux animaux, puis observer ce qu’il se passait. Aujourd’hui, ce genre d’expérience est interdite. Et puis, au-delà de la recherche, on a quand même un recul historique. Les premières croquettes ont soixante-dix ans. L’industrie de la pet-food s’est vraiment développée après la guerre. Il y a eu des tâtonnements… Par exemple, au début, certains chats ont développé des problèmes cardiaques. On s’est rendu compte qu’il manquait un élément essentiel dans leurs croquettes : la taurine. Depuis, celle-ci est toujours ajoutée. C’est comme ça que l’on apprend, par essai-erreur. Là, par exemple, ce sont les produits sans céréales qui se démocratisent. Aux États-Unis, c’est déjà la mode depuis dix ans, on y trouve plein d’aliments nouveaux et pas très bien maîtrisés. En parallèle, on observe une explosion des cardiomyopathies dilatées. Le lien n’est pas certain. Mais on commence à avoir de gros doutes sur les ingrédients qui remplacent les céréales : les pois, les lentilles… C’est possible qu’ils soient incriminés. Ce qui nous incite à aller vers des marques qui connaissent et sont capables de fournir une composition fine de leurs aliments, c’est-à-dire, les « marques vétérinaires ».
Faut-il revenir à des aliments plus « naturels » ?
Charlotte lève les yeux au ciel quand on lui demande si c’était pas mieux dans le temps, avant, quand les chiens et les chats mangeaient de l’herbe au Jardin d’Eden. Il ne faut pas idéaliser le passé, dit-elle. Les croquettes ont enrayé les maladies de carence, qui étaient fréquentes auparavant. Les animaux manquaient souvent de zinc, et donc, avaient un vilain pelage. La carence en calcium était aussi fréquente chez les chats qui mangeaient seulement de la viande. Ça s’appelle la « all-meat-disease » et ça donne des os mous, qui provoquent des fractures spontanées. Ça peut mener à l’euthanasie ! Avec les régimes industriels ça n’arrive plus, car les croquettes contiennent du calcium.
Et que penses-tu de cette tendance récente à l’alimentation « naturelle », par exemple le Barf (un régime pour chiens, essentiellement composé de viandes crues et fraîches) ?
C : C’est la même chose, il ne faut pas idéaliser « la nature ». Dans la nature, tous les animaux sont carencés. Leur espérance de vie est beaucoup plus basse. La nature s’en fout que l’animal ait un beau poil, qu’il sente bon, qu’il soit en bonne santé. Le but de la nature est que les animaux atteignent la maturité sexuelle et se reproduisent ; ensuite ils peuvent mourir, peu importe… Le Barf, pourquoi pas, mais c’est très compliqué de couvrir tous les besoins nutritionnels. Il faut faire des calculs, ajouter certains compléments… Et malheureusement, depuis le Barf, on voit revenir beaucoup de carences et de maladies qui avaient disparu. Le all-meat-disease, par exemple, ou les carences en zinc ! (D’ailleurs, pour ceux que le sujet intéresse, Charlotte a fait toute une émission de quarante minutes pour explorer dans le détail la question du Barf. Attention, c’est technique…, NDLR). Bien sûr, je comprends que les gens cherchent des aliments plus naturels. C’est une bonne démarche. Mais, justement, c’est une sensibilité que les industriels n’hésitent pas à exploiter. Sur Internet, on voit plein de nouveaux produits vendus très cher, qui se basent uniquement sur du marketing. C’est souvent, même, de la publicité mensongère. Si c’est trop beau pour être vrai, alors, c’est sûrement faux. La pet-food ne contiendra jamais beaucoup de produits de consommation humaine, darnes de saumon, cuisses de pintade entière, comme on voit sur certains emballages. Sinon, les croquettes seraient vendues au même prix que la viande de boucher.
Le rêve de perfection contre l’exigence de compromis
Nous approchons de la fin de notre discussion. Quelque part, nous avons le sentiment d’être dans une impasse.
Sommes-nous condamnés à donner de la nourriture industrielle et très transformée à nos animaux ?
C : Donner de l’alimentation fraîche, avec de vrais morceaux de viande, c’est cher et contraignant. Cela restera marginal. Et puis, écologiquement, la pet-food est probablement la seule solution…
C’est-à-dire ?
C : Il faut se rendre compte que pour couvrir son besoin en protéines, un chat mange en moyenne 100 grammes de poulet par jour ; un chien de 20 kg, c’est 300 grammes. Multipliez par le nombre d’animaux domestiques dans le monde : nous ne pourrons jamais leur fournir du filet.
Par curiosité, un rapide calcul : on recense 471 millions de chiens dans le monde et 373 millions de chats. Pour les nourrir, il faudrait environ 64 millions de tonnes de viande par an, et donc, augmenter la production mondiale de 20 %… Ce qui ne va pas vraiment dans le sens de l’Histoire.
C : Pour des raisons culturelles, les chiens et les chats mangent ce qu’on ne mange pas. C’est un arrangement, depuis toujours. On mange le filet, eux mangent le foie, les rognons, la cervelle, la carcasse… Il n’y a pas d’alimentation idéale, qui soit à la fois nutritionnellement optimale, économique et écologique. Tout dépend des critères de chacun. Notre métier, c’est de conseiller les gens.
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Merci Charlotte !
Voilà qui nous laisse matière à réflexion. Mais aussi, sûrement, un petit arrière-goût de frustration… Car en cherchant la croquette absolue, nous sommes tombés de l’arbre-à-chat de nos illusions sur le carrelage glacé de la réalité. Et maintenant, nous voilà seuls, face à nos choix et nos contradictions, la truffe endolorie. Décidément, la prochaine fois, je ferai plus simple : j’irai parler de religion dans une taverne avec trois Russes.
Mieux vos être aveugle que de lire vos deux articles sur le sujet. C’est assez hallucinant le manque de documentation et de profondeur ainsi que du parti pris de l’intervenante !
Quid du tartre à outrance que créé l’ingestion de croquettes ? De problèmes rénaux (pouvant conduire à la mort) pour les chats ? De champignons qui sont présents dans les croquettes et peuvent contaminer nos animaux ??? Jamais je n’irai chez cette vétérinaire…
Elle parle du pelage ? Mon chat est nourri exclusivement à la viande (+ compléments naturels), son pelage est de la soie et ses dents blanches, tout comme le chien (4 et 7 ans). Rien à voir avec le pelage des chats / chiens de connaissances nourris à la pâté / croquettes.
Et pourquoi dans les zoos nourri-t-on les animaux avec des produits naturels ?! Nos amis vétérinaires sont surpris justement par l’éclatant état de santé de nos animaux. Vous nous faites passer, les BARF, pour des illuminés carençant volontairement nos animaux. Et la production de viande en plus ? Une blague ! Toute notre viande (des kilos) sont récupérés auprès des invendus d’un boucher ou de chutes lors des coupes. Si je ne les prends pas, cela part pour l’industrie cosmétique (!) et équarisseurs. Et penchez-vous mieux sur la composition des croquettes, sous-produits animaliers (ha oui, donner du steak et tellement moins bon de que des sabots, fourrure, crêtes de poulets !!!). Et l’obligation des industriels de mettre des facteurs d’appétences pour que les animaux avalent cela… Vous en mangeriez-vous ?
Vos deux articles et prises de positions sur le sujet sont incompréhensibles. Il n’y a même pas de contre poids. Juste des affirmations d’une véto dont le seul argument est de lever les yeux au ciel… D’habitude j’apprécie vos articles mais là, zéro pointé pour vous.
Encore une Charlotte qui aime les lobbys!!!
Primo, même les croquettes premium sont parfois néfastes !
Les céréales sont à proscrire, cela peut me provoquer des problèmes rénaux.
Ensuite, le BARF ne risque pas de faire perdre en qualité, puisque nous devons faire un mange d‘ingrédients !
Dire que les animaux dans la nature sont carencés, ben pourquoi les mammifères en centre marin vivent moins longtemps que libres ????
Ensuite, je reçois la newsletter d‘un éducateur, et la durée de vie moyenne des Golden Retriever est passée de 17 à 14 ans….
Donc son discours me paraît un peu soit tant erronné !
Bonjour et merci pour vos articles très intéressants. Serait-il possible de savoir exactement quelles croquettes ou autres donner à mes chats ou chien (il y a tellement de choix ! -vétérinaires, grandes surfaces, internet, …). De plus n’y en a-t-il pas d’aussi bien que celles des vétérinaires ?
Bonnes Fêtes de Fin d’Année à tous
Merci pour ces articles et pour soulever l’impact écologique de la nourriture pour chiens et chats. Je suis surpris que cet aspect soit si peu présent dans les recommandations végétariennes pour limiter notre impact sur la planète.
Je n’ai rien compris à ce gloubi-boulga mental. Asséner de façon péremptoire et « lever les yeux au ciel » ne suffit pas à dérouler un discours cohérent.
Le « en même temps » est une affliction pénible de nos temps modernes. Or, c’est l’exact inverse de ce que je cherche à savoir en ce moment : les croquettes industrielles, c’est sain ou pas ? Excusez-nous de nous méfier de cette engeance qui nous a fait les pires coups tordus (mozarelle en plastique, lasagnes au cheval, poulet aux dioxines, lait contaminé par je-m’en-foutisme, etc., etc.).
Que vous veniez défendre l’industrie agro-alimentaire sur « la Ruche qui dit oui » est à la fois ironique et abject de votre part. Vous avez au moins le mérite, du haut de votre piédestal, à l’aide d’un ton excédé que la retranscription retraduit très bien, de ne pas faire trop d’efforts pour cacher vos penchants.
En revanche, la Ruche, vous n’êtes pas obligés de jouer les porte-voix des gens qui veulent votre peau.
Article très intéressant. Je m’interroge aussi sur les nouvelles croquettes dites durables et à base d’insectes. Quel est l’avis de Charlotte sur la question ? Merci
Bonjour, j’ai adopté mon chien au sein d’une association en Polynésie, il a vécu dans la rue pendant 2 ans et, depuis son adoption, n’a jamais accepté de consommer de la nourriture industrielle. Le seul repas qu’il accepte est le poulet rôti (servi avec les os) mélangé à du riz. Si je tente un autre menu, il ne mange rien (il chassait les volailles qui vivent à l’état sauvage dans les îles avant d’être adopté). Il est toutefois en bonne santé, ne semble pas carencé. Je voulais préciser qu’à Tahiti il existe une espèce de chien végétarien qui se nourrit d’Uru (le fruit de l’arbre à pain) et que les chiens errants, certes carencés et couverts de parasites, vivent très très longtemps (sauf accident et agressions), bien plus longtemps que le compagnon que j’avais en France pourtant choyé, vacciné contre tout, nourri avec des croquettes hors de prix… qui était un chien de race. Je crois que le débat est parfois faussé, un bon bâtard, même nourri comme le reste de sa famille donc sans croquettes, est bien plus résistant qu’un chien issu de lignées croisées, re-croisées et encore croisées. Un seul paramètre est insuffisant pour affirmer que tel type d’alimentation est mieux qu’un autre, il me semble qu’il faut élargir le débat. Bien à vous.
Moi qui ne faisait pas confiance au croquettes je commence à changer d’avis… un texte éclairant et bien écrit.
Que pensez vous des croquettes aux insectes ?
Merci Trop bien..j étais dans une impasse comme vous Tres clair Merci Ne changez rien Plaisir de vous lire à chaque fois Caroline
Il y a aussi les croquettes aux insectes ! écologiques et saines pour les chats et les chats car riches en protéines et faibles en gras.
Enfin un article qui éclaire sur le sujet de l’alimentation des animaux de compagnie.
Ayant moi même un chien (bulldog anglais) je me suis souvent posée des questions sans trouver les réponses. On oscille souvent entre publicité mensongère et chaine youtube obscures !
Alors merci la ruche d’avoir pris le temps de traiter ce sujet avec sérieux mais aussi avec une pointe d’humour qui facilite la lecture et nous donne envie d’en lire encore plus !
à quand un sujet sur l’alimentation des NACS ? J’aimerais aussi connaître l’alimentation des serpents domestiques et des hamsters !
Merci pour cet article. Néanmoins je m’interrige sur la présence en quantité même dans des aliments premium de produits céréaliers dans les croquettes pour chat qui est, et cela n’a pas été dit dans l’article, un carnivore pur. Donc à part pour remplir de métier première peu chère et justifier que sans ces produits là croquette ne serait pas extrudable je ne vois pas. Des marques de croquettes canadiennes artivnet à produire des croquettes avec 80 % de viande en France chez les veterinaires on peine à trouver plus de 60%..
De plus les produits dit » chat stérilisé » remplacent le gras par des hydrates de carbonne ( du sucre) or nous savons tous que le sucre est l’ennemi numéro 1..