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Lila Djeddi, cuisinière militante

Auteure des livres Cantine Vagabonde, manifeste pour une petite cuisine engagée et l’Almanach militant, ancienne restauratrice, bio et anti-gaspi avant l’heure, Lila Djeddi est avant tout une cuisinière humaniste. Cuisiner, c’est accorder du temps à soi et aux autres. Dans son appartement du nord parisien, au son du dernier 33 tours de Feu Chatterton, laissons-nous aussi porter par la rencontre…

Texte et photos : Julie Subiry

Nous sommes mi-mars, l’époque des semis, de la préparation de la terre, de la germination. Outre les petits pots qui envahissent la maison, Lila souhaite faire germer des idées dans la tête de ceux qu’elle rencontre. Je les attrape avec la gourmandise, après, on parle de la planète. Dans ses filets, elle a ainsi « attrapé », pour leur plus grand bonheur, les clients de son restaurant (La Cantine Vagabonde), les voisins du quartier (avec qui elle met en place des groupements d’achat), les petits et grands qui suivent ses ateliers dans les collèges, au MAIF Social Club ou à la fondation Good Planet, et ses nombreux lecteurs.

Son arme secrète ? Se mettre à la portée de ses interlocuteurs. Transmettre en n’étant pas radicale. S’adapter et nuancer son propos. On ne parle pas de la même manière à un enfant, à quelqu’un qui serait déjà convaincu ou à une personne aux revenus modestes. Quand on gagne 800 € par mois, parler du bio, de l’importance des fruits et légumes au quotidien et de la saisonnalité peut être indécent.

La clé ? Le respect : qu’il soit celui de la terre, de ceux qui la travaillent, des saisons, de notre corps…

Cuisiner des produits de saison, produits localement, sans pesticides, fuir les emballages plastiques et l’agriculture intensive, (…) mettre la solidarité et la souffrance animale au cœur de la réflexion ne sont pas des injonctions mais des pistes pour une alimentation juste et apaisée.

Petite, Lila adore regarder son père cuisiner, c’est lui qui lui donne le goût du « soin ». Dans l’internat où elle passe sa scolarité, il y a un grand potager, des arbres fruitiers. Elle met la main à la pâte dans les cuisines. Plus tard, elle quitte Lyon pour Londres et se fait embaucher dans un pub. Elle y est libre comme l’air et propose des menus simples, composés avec les produits frais du marché. C’est là qu’elle découvre la cuisine végétarienne : parfumée, gourmande, aux multiples influences, en d’autres mots, libre et ouverte.

Ses recettes sont comme elle : à la portée de tous. Elle les veut simples, gourmandes, respectueuses de la planète et du vivant. Comme ce dukkah sucré, inspiré des recettes égyptiennes, fait de noisettes, amandes et graines de sésame torréfiées puis caramélisées avec du sucre muscovado. On y ajoute cranberries, baies roses, graines de fenouil et de coriandre.

La cuisine, c’est aussi affaire de générosité. Dans son livre, l’Almanach militant, elle met en lumière les initiatives solidaires et les gens qui œuvrent discrètement pour une société plus juste, comme le collectif des P’tits Dej Solidaires. Depuis quatre ans, dans le quartier Stalingrad, il propose aux exilés et aux gens de la rue des petits-déjeuners sept jours sur sept.

C’est avec douceur, et réjouissance que Lila poursuit sa révolution. Pour elle, il est temps de reprendre le pouvoir, avec panache. Tout casser n’est pas l’énergie qui lui convient. Cela ne l’empêche pas de transmettre son message : Nous avons un véritable pouvoir entre les mains, celui de l’acte d’achat. Il nous faut nous rassembler, découvrir les circuits courts non tributaires des lois du marché, pour un coût juste pour toutes et tous, producteurs et mangeurs.

Mettre du sens au cœur de nos assiettes, et de la beauté… C’est un joli programme, non ?

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