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Belles et re-belles

Rue des Cités, à Aubervilliers, une douce odeur chatouille les narines… nous sommes à l’atelier de production des confitures et chutneys Re-belle. Engagée pour l’insertion professionnelle et contre le gaspillage des fruits et légumes, l’association nous ouvre ses portes. Entrons en Re-bellion !

Texte et photos : Julie Subiry

Ils ne sont pas tombés de camion… mais ont été collectés dans les grandes surfaces partenaires d’Île-de-France (Monoprix, Carrefour). Ces fruits et légumes mal-aimés, rejetés par la grande distribution, auraient dû finir à la poubelle, comme 45 % de la production française. Re-belle leur a réservé un autre sort. Sur 600 kg récupérés, plus de la moitié est sauvée chaque semaine pour être transformée en délicieuses confitures, qui seront revendues dans les points de collecte. C’est ce que l’on appelle de l’économie circulaire !

Au début de l’aventure, Colette, la fondatrice, et Laurence, la cheffe cuisinière, avaient imaginé une centaine de recettes à adapter en fonction des arrivages. Mais il a fallu composer avec la demande des revendeurs et diminuer le nombre de références. Aujourd’hui, il en reste une trentaine. De la même manière, l’association a établi un « catalogue de souhaits » et reçoit les fruits et légumes en fonction de ses besoins.

En 2017, l’association obtient le label Atelier Chantier d’Insertion. Parmi l’équipe de 23 salariés, les femmes sont majoritaires. Orientées par Pôle Emploi, France Terre d’Asile, Cap Emploi, elles bénéficient d’un accompagnement social et professionnel. Arriver à l’heure, maîtriser des gestes techniques, travailler en équipe, participer à un projet riche de sens sont autant d’actions qui permettent de reprendre confiance en ses capacités à travailler.

Sur leur temps de travail, les salariés suivent une formation à la carte. Certains modules sont en lien avec la cuisine, mais pas seulement. Cours de français, d’alphabétisation, formation numérique, métiers de la petite enfance… L’objectif est de définir son projet professionnel. Awa a un contrat chez Re-belle pour deux ans. Elle suit des cours de français dans une association du quartier, et si elle ne maîtrise pas encore parfaitement la langue, elle sait que rebelle signifie forte, dure, qui ne lâche rien. Comme moi ! dit-elle en riant.

Stéphane est agent polyvalent. Dans une autre entreprise, il se serait insurgé contre cette dénomination et serait déjà délégué du personnel ! Mais ici, il se sent bien. Lui qui a exercé mille et un métiers a connu une longue période éloignée de l’emploi. Chez Re-belle, il apprécie de revoir des gens, de travailler sans pression et pour une cause noble, de faire le boute-en-train au milieu des dames !. Il ambitionne de devenir ambassadeur du tri à la cité maraîchère de Romainville, l’écologie prenant de plus en plus de place dans sa vie.

Le chauffeur-livreur, Karim, dépose sa collecte du matin. Ses fruits ont peut-être l’air d’un cageot, mais croyez-nous, ils ont du potentiel ! Et chez Re-belle, on sait le révéler !

Les fruits sont lavés, découpés, parés, puis mélangés aux différents ingrédients : le sucre, les épices. Le secret est de les cuire le moins longtemps possible pour préserver les vitamines et surtout le goût des fruits. Sentez-vous ce parfum sucré et acidulé qui replonge dans l’enfance ?

On utilise les pommes dans plusieurs recettes car elles contiennent de la pectine, qui fige naturellement la confiture. Re-belle revendique des recettes inventives et originales : banane-raisin, raisin-pomme-gingembre, banane-agrume…

Laurence, arrivée au début de l’aventure, et Camille, cheffe de production et encadrante technique depuis moins d’un an, s’accordent à dire qu’il est bon de faire un métier qu’on aime en respectant ses valeurs. Toutes deux se sentent rebelles à leur manière : que ce soit dans leur façon de consommer, de refuser les règles de la grande distribution, en installant des ruches ou en s’obstinant à faire des études qui ont du sens.

Re-belle projette de déménager dans des locaux plus spacieux et de passer à une vitesse supérieure : accompagner plus de personnes en insertion, proposer plus de produits, envisager une gamme bio… Mais elle n’oublie pas sa mission première : agir localement pour l’emploi et la réduction du gaspillage alimentaire.
L’association, haute comme trois pommes, a déjà tout d’une grande !

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  1. Il manque une info cruciale! Où peut-on se procurer ces produits ? Surtout quand on habite pas à Paris ? Merci !

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