Mangez des œufs, sortez vos rouleaux de papier toilette, déroulez votre essuie-tout : l’heure des semis a sonné. Mode d’emploi artistico-récup’ pour faire pousser vos petites graines.
Jardiniers en herbe, ça vous démange, ça vous chatouille, vous entendez l’appel du jardin, de la terrasse ou du balcon ? Sachez qu’il fait encore trop froid pour débuter vos semis directement à l’extérieur. En attendant le passage des Saints de glace (du 11 au 13 mai), démarrez vos semis, non pas au potager, mais à l’intérieur de la maison.
Essuie-(plante)-tout
Le principe : ensemencer directement du papier absorbant
S’il est facile de récolter et de faire sécher ses graines de courge, pensez aussi à recueillir des graines de tomates (bio) de variétés éventuellement anciennes, dès le début de la saison. Choisissez pour ce faire un fruit bien mûr pour avoir des graines matures. Coupez la tomate en deux et déposez ses pépins sur une feuille d’essuie-tout biologique. Laissez sécher pendant une douzaine d’heures. Placez alors vos bandes ensemencées dans des barquettes remplies de terreau spécial semis. Recouvrez votre essuie-tout de cette même terre. Il ne vous reste plus qu’à arroser !
Guogue-godet
Le principe : réaliser de petits godets en rouleaux de papier toilette
Réduisez encore vos déchets avec cette astuce : recyclez vos rouleaux de papier toilette en petits godets ! Commencez par découper vos rouleaux en deux morceaux dans le sens de la largeur. Pour réaliser le fond d’un pot, entaillez par 4 fois l’extrémité du rouleau. Pliez alors ces 4 bords afin de fermer la base comme pour un carton de déménagement.
Calez enfin vos petits pots dans une boîte à gâteaux, à chocolats ou à œufs. Cette dernière pourra également servir directement de boîte à semis (comme sur la photo de Une de cet article).
Outre leur coût égal à zéro euro puisqu’ils sont issus d’un déchet voué à la corbeille, ces petits godets présentent le gros avantage de pouvoir, quand le jeune plant a forci, être installés en terre en l’état. En effet, avec l’humidité, le carton se désagrège et permet aux jeunes racines de se faire une place. Zéro stress pour les plantes et un taux de réussite qui, quant à lui, frôle les 100%. Ajoutons qu’il s’agit d’une activité qui dépote auprès des plus petits !
L’œuf ou le moule ?
Le principe : se servir des coquilles d’œufs comme godets
Vous pouvez également utiliser vos coquilles d’œufs évidées comme godets ! N’omettez toutefois pas de percer le fond de chacune avec une épingle afin d’optimiser le drainage. Une fois les plants suffisamment grands, fissurez lesdites coquilles afin d’ouvrir la porte aux racines et placez l’ensemble – plants et coquilles fendues – en terre. Non contentes d’apporter une grande dose de calcium à vos plantes (faut-il rappeler que les tomates atteintes d’oïdium sont souvent carencées en calcium ), les coquille morcelées repousseront les gastéropodes intéressés !
Et ensuite ?
Ça y est, vos plants issus des semis « à chaud » comptent 3 à 4 feuilles ?
Ne croyez pas pouvoir les planter du jour au lendemain. Habituez-les progressivement aux températures plus fraîches avant de les installer dehors pour de bon, au risque de les voir souffrir d’un choc thermique. Sortez-les quelques heures durant la journée, puis la journée entière (je devine les sourires de certains à l’idée de balader leurs plants !). Enfin, disposez vos godets sans transvasement aucun et recouvrez-les d’une éventuelle petite cloche pour les protéger !
___________
L’art de semer
Oui, semer est tout un art. Pour les grosses graines, faites un trou à l’aide d’un crayon dans la terre. Pour les petites graines, utilisez un semoir « maison ». Pliez une feuille d’arbre ou de papier en deux, afin de faire glisser vos graines plus facilement dans chaque godet. Semez ainsi 1 à 3 graines (en fonction de leur taille) afin de ne conserver chaque fois que le plus beau plant. Recouvrez d’une fine couche de terreau. Tassez avec le doigt. Pour finir, vaporisez d’eau. Par ailleurs, gardez le terreau légèrement humide jusqu’à la levée des plants.
L’idéal ? Les arroser avec un léger filet d’eau ou au vaporisateur (la graine doit être le plus possible en contact avec la terre humide afin de germer). Entreposez l’ensemble de vos godets dans un endroit particulièrement éclairé (derrière une baie, par exemple, dans une véranda…).
Aux graines citoyens !
Parlons peu, parlons graines… Si l’on peut se procurer toutes sortes de semences en jardinerie, rien ne vaut des graines potagères biologiques, reproductibles, produites artisanalement. Car si manger c’est voter, jardiner c’est indiscutablement résister ! Faut-il le rappeler, les semences standards proviennent de labos de grandes multinationales qui, après les avoir sélectionnées sur des critères de fort rendement, leur font subir un éventail de traitements chimiques (pesticides, engrais de synthèse…). Notez que 5 multinationales qui possèdent le monopole sont à l’origine des 75% des semences potagères. Sachez également que les variétés anciennes se raréfient au profit de variétés hybrides stériles ! Or, les fruits ainsi produits contiennent plus d’eau et moins de goût.
On peut dès lors se procurer des graines auprès de Kokopelli, de la ferme de Sainte-Marthe, du réseau Semences Paysannes… ou récolter soi-même ses graines à partir des fruits et des légumes biologiques que nous consommons quotidiennement et éventuellement participer à des trocs via le réseau Graines de troc ou les grainothèques désormais présentes dans les médiathèques.
J’adore lire vos lettres, les articles sont intéressants, drôles, pratiques et enthousiastes, voilà j’avais tout simplement envie de vous l’écrire
Merci ?
Merci pour toutes ces astuces. Mais il n’est pas recommandé de récolter soi-même ses graines de courges car la courge issue de la graine ne sera pas fidèle à la courge mère, nous en avons fait l’expérience l’année dernière: nous avons semé des graines issues de courgettes de Nice de notre potager et avons eu un pied de courge coureuse de 10 m de long avec des courges oranges à maturité de 4-5 kg: Il y a eu hybridation avec des potirons de notre voisin. Rien de grave puisque nos courges étaient comestibles mais 2 cas (français) d’intoxication grave viennent d’être publiés aux USA, il y a même eu un mort en Allemagne qui avait consommé des courgettes: l’hybridation peut se faire avec des courges non comestibles (coloquintes par exple) cultivées dans un rayon de 800m, les abeilles vont loin…
Bonjour Anne, En ce qui nous concerne nous polinisons nous-même les fleurs de nos courgettes et courges, à la main avec un pinceau dès que celles-ci sont écloses, afin de ne pas subir ce genre de désagrément… Un travail de patience, qui porte ses fruits ! 😉
Si je suis le magazine avec intérêt, je suis là un peu déçue de l’astuce pour semer ses tomates. Parce que la récolte des graines se fait en saison! Acheter des tomates bio en février, c’est un non sens, l’empreinte carbone est terrible, et au delà de ça, la tomate n’aura aucun gout, donc le plant non plus.
Par contre, les graines sur le papier absorbant, c’est tentant, mais à faire en août et à conserver pour semer en fév-mars…
Bonne continuation et merci pour les articles et autres astuces!
Elise
Totalement d’accord ! Des tomates en février…. Non sens total.
ludique et astucieux ! j’ adore
merci
MC
Alors moi j’ai tenté les rouleaux de PQ l’an dernier après les avoir soigneusement gardés et… échec ! Les rouleaux n’ont pas resisté aux arrosages et je me suis retrouvée avec une bouillie de papier mélangée à la terre avant même que les premières pousses pointent leur nez ! Dites-moi quelle a été mon erreur ? Merci
Le papier toilette est fait pour se désintégrer. Pas le papier essuie-tout qui est plus résistant. Sinon ce ne serait pas de l’essuie-TOUT 😉
Vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose qui cloche dans le fait de semer des graines de tomates à partir de tomates bien mûres en mars/avril ??? La saison des tomates bien mûres, c’est août. La saison des semis, c’est mars. Donc si on veut semer des graines qu’on a récoltées soit même, on les récupère l’année précédente et on les garde dans des sachets pour semer en début d’année suivante. On n’achète pas des tomates sans goût à la fin de l’hiver, produites sous serre chauffée en Italie pour faire des semis de bobo écolo en parlant de variétés anciennes !
Merci pour cette réponse si pertinente. Je ne l’aurais pas mieux dit !
oui vous avez raison si vous avez pensé à en récolter l’été dernier c’est bien sinon achetez vos graines bio!!
Bonnes astuces, je comfirme pour la motivation des petits 🙂 Le biaugerme est aussi un bon endroit pour s’approvisionner en semences bio
Excellent article!!
Premièrement, à l’heure actuelle, il serait peut-être bon de réapprendre des gestes ancestraux – pour petits et grands aussi!- afin de pouvoir subvenir (un peu seulement) à nos besoins quotidiens (essentiels) en fruits et légumes…bio si possible ;);
Deuxièmement, à ceux qui ont lu cet article ou le liront, partagez au maximum car les semences « libres » d’exploitation, paysannes, d’origine…sont en perte de vitesse et une « très grande firme » serait sur le point d’interdire les potagers personnels et l’accès aux semences!!! 🙁 🙁 grr!!! N’hésitez pas à passer le message
Faudrait être sûr de l’information pour la relayer et se défendre. ..
J’adooore vos articles!
Celui-ci me fait penser que j’apprécierai un article spécifique sur le terreau justement… Je débute en jardinage et entre mes échecs de radis qui grandissent sans grossir et de choux de Bruxelles où je n’ai jamais vu le-dit choux de Bruxelles, je m’y perds un peu entre terreau, compost, terre du jardin…
Quelles caractéristiques aller chercher, pour quelles plantes?
C’est une suggestion comme ça!
Au plaisir de vous lire.
C’est ce que je fais avec les rouleaux de pq et aussi les boites d’oeufs.
Par contre j’utilise aussi des pots de yaourts en carton (marque : Malo, pour ma part).
J’ignorais pour les coquilles d’oeufs, merci du tuyau 🙂 quoi que mon stock de rouleaux et de pots me permettent de tenir plusieurs années. ^^
hello,
j’adore l’idée des coquilles d’oeuf et des rouleaux papier toilettes; j’ai déjà fait les semis a partir des graines de tomates de l’an dernier; alors maintenant je vais faire atelier repiquage avec les enfants! trop rigolo! vive le super potager bio!
stef PM
Super article ! Merci 🙂
J’espère juste que pour les semis en rouleaux de PQ, c’est bien le taux d’échec qui est proche de zéro, et pas celui de réussite 😉
Une typo ou un aveux ? « Zéro stress pour les plantes et un taux de réussite également proche du zéro. » 😉
Oups, on voulait dire l’inverse. Merci, on a corrigé.