Il y a ceux qui s’en foutent et ceux qui paniquent, il y a les sceptiques et les illuminés, il y a surtout l’immense contingent des consommateurs qui voient défiler les chiffres et les études contradictoires sur la question. La question, c’est celle du glyphosate, le produit actif du fameux Roundup, l’herbicide emblématique de Monsanto. Décryptage.
Le glyphosate est devenu en 40 ans l’une des pierres angulaires de l’agriculture. Il est utilisé pour le désherbage des grandes cultures, des vergers, dans la viticulture et moins souvent dans l’élevage ou le maraîchage. En France en 2014, on consommait près de 10 000 tonnes de désherbant et ce chiffre est en augmentation constante.
Le problème, c’est que le glyphosate est fortement suspecté d’être nuisible pour l’homme et pour l’environnement. Classé récemment comme cancerigène probable, il est aussi suspecté d’être à l’origine d’autisme, de diabète ou de problèmes de fertilité.
Certains citoyens européens ont pris la question à bras le corps, en organisant l’automne dernier un « procès de Monsanto » ou en lançant une initiative populaire sur l’interdiction du glyphosate qui devrait être enregistrée par le parlement européen en ce début d’année 2017.
Les rapports s’accumulent. Ils reflètent malheureusement bien trop souvent les volontés de lobbies et de contrelobbies, de politiques, d’experts, de chimistes ou d’industriels orientés, et nous autres, croulant sous les chiffres, restons paradoxalement bien mal informés. C’est au final la qualité du débat public qui en prend un coup sur la patate …
Alors, à un moment où le débat rebondit, on vous donne quelques clés pour se faire une idée sur la question et briller en société !
Comment agit le glyphosate ?
Le glyphosate est une molécule de synthèse (C3H8NO5P pour les intimes) inventée et commercialisée par le célèbre semencier Monsanto en 1974 avec son fameux Roundup. Cette molécule est tombée dans le domaine public en 2000 et est désormais produite par d’autres semenciers comme Bayer ou Syngenta.
Une fois pulvérisée, cette molécule est absorbée par les plantes et bloque la production d’une enzyme indispensable à son développement. C’est ainsi que les plantes dépérissent en quelques jours.
Pourquoi le monde agricole n’arrive pas à s’en passer ?
Les « mauvaises herbes », aussi appelées adventices, sont en compétition permanente avec les cultures humaines depuis les débuts de l’agriculture. Rustiques, capables de pousser très vite et expertes dans l’art de coloniser les sols nus, elles peuvent réduire considérablement la productivité d’une surface agricole si elles ne sont pas contrôlées.
Les mauvaises herbes ont résisté à la mécanisation agricole car il était impossible, pour les gros engins, d’opérer le travail chirurgical consistant à reconnaître et se débarrasser de ces petites plantes poussant en plein milieu d’un champ.
Restait donc la solution chimique. Et la star incontestée de ces produits chimiques, c’est le glyphosate. Pulvériser un champ est rapide, facile et relativement peu coûteux. Il apparaît dès lors comme une solution miracle pour des agriculteurs toujours moins nombreux sur des terres toujours plus vastes.
Le glyphosate est d’autant plus addictif pour les agriculteurs (et d’autant plus stratégique pour les semenciers) qu’il fonctionne en combinaison avec des semences spécialement créées pour lui résister. Autrement dit, un maïs OGM Monsanto résistera au Roundup tandis que les plantes indésirables seront détruites. Cette combinaison OGM/glyphosate est une drogue à accoutumance qui fait la fortune des semenciers.
Quels sont les risques sanitaires ?
L’un des arguments massue des producteurs de glyphosate est que l’enzyme bloquée par leur molécule n’est présente ni chez les animaux, ni chez l’homme et donc, qu’il serait inoffensif pour nous. La première partie de cette affirmation est vraie, la seconde est beaucoup plus contestable.
Aux États-Unis, la chercheuse Stephanie Senef a mis en évidence la très forte corrélation entre l’autisme, le diabète, l’intolérance au gluten et l’usage du glyphosate.
Corrélation ne veut pas dire causalité, mais il y a tout de même de quoi se poser sérieusement des questions. Or, il n’y a encore aucune étude sérieuse à ce sujet…
Les dangers sanitaires du glyphosate ne sont peut-être pas à chercher seulement dans notre corps mais aussi auprès de nos bactéries amies. Car nous ne sommes pas les seuls à consommer ce que l’on met dans notre estomac. Nous vivons en réalité en symbiose avec une faune bactérienne qui nous protège et nous facilite la digestion. Or, si nous ne produisons pas l’enzyme agressée par le glyphosate, les bactéries elles, la produisent et sont donc atteintes par le glyphosate.
Si leur travail d’aide à la fonction digestive ne fonctionne plus correctement, il est tout à fait envisageable que cela nous amène tout un lot de problèmes sanitaires importants. Il est désormais prouvé que les maladies du spectre autistique sont presque toujours accompagnées de problèmes intestinaux chez les malades.
Le développement sans précédent de l’autisme en Occident trouverait-il son origine dans les herbicides au Glyphosate ?
Quels sont les risques environnementaux ?
D’après les études, le glyphosate peut rester 6 mois dans le sol avant d’être totalement dégradé. 6 mois, c’est assez peu en comparaison d’autres produits toxiques qui peuvent polluer pendant des décennies. Cet argument est l’un des plus utilisés pour défendre la non nocivité du glyphosate sur l’environnement.
La nature est habituée à se relever de destructions localisées et ponctuelles ; éruptions volcaniques, feux de forêt, glissements de terrain font partie du cycle de la vie. L’usage ponctuel de désherbant au glyphosate n’échappe pas forcément à cette règle.
Mais c’est quand l’usage devient prolongé et systématique que les problèmes commencent. Des baisses de la productivité ont été observées sur des parcelles pulvérisées pendant 15 ans d’affilée, sans doute car les bactéries responsables du bon travail du sol avaient été elles-mêmes détruites par le produit.
Autre phénomène inquiétant : le développement des « super mauvaises herbes » (superweeds en anglais). Il s’agit de mauvaises herbes ayant piqué à leurs voisines génétiquement modifiées le gène qui les rend résistantes au glyphosate ! Autrement dit, ces mutantes rendent le glyphosate inopérant et envahissent actuellement une bonne partie du Midwest américain… La nature elle aussi continue de s’adapter et la lutte millénaire entre l’homme et les mauvaises herbes ne fait que continuer !
Quelles sont les alternatives possibles ?
La critique est facile mais l’art est difficile. Quand on en vient à se demander ce qui pourrait bien remplacer le vilain glyphosate, il n’y a plus foule ! Les produits de désherbage chimiques sans glyphosate sont rares et leur nocivité est souvent tout aussi importante, voire pire encore que le Roundup et ses équivalents. Toutefois, les alternatives existent. Elles ne sont sans doute pas aussi simplistes et systématiques qu’un bon gros épandage mais donnent des résultats.
Au niveau du jardinier amateur, il est possible de se passer de désherbants chimiques. Le glyphosate est même interdit en vente libre depuis janvier 2016. Vinaigre blanc, eau bouillante de cuisson ou désherbeurs thermiques fonctionnent bien à petite échelle et reviennent souvent moins cher que les produits chimiques.
Pour le maraîchage, il est tout à fait possible de se passer de glyphosate. Le grattage fréquent du sol, l’arrachage manuel ou le bon vieux paillage fonctionnent très bien ! La fameuse bâche plastique, moins élégante mais efficace, est aussi largement utilisée même si elle pose également quelques problèmes.
Pour les grandes cultures et les vignes, en revanche, c’est une autre paire de manches ! 500 hectares à désherber à la main, bon courage !
Il n’y a pas pour le moment de solution ultime mais il y a déjà nombre de bonnes pratiques qui limiteraient fortement le recours au glyphosate suspect.
La première des bonnes pratiques est d’occuper le terrain durant les mois où le champ n’est pas cultivé. Cela consiste à planter à l’automne des plantes de couverture non repoussantes (moutarde, phacélie…) qui vont empêcher la colonisation du sol par les adventices. Il suffira de les couper juste avant les semailles suivantes.
Le grattage léger du sol est une solution complémentaire. Il s’agit tout simplement de passer dans les champs avec des engins équipés de herses qui grattent le sol et suppriment mécaniquement les jeunes adventices avant qu’elles n’aient atteint une taille préoccupante.
Mais des solutions très prometteuses sont en train d’apparaître et vont peut-être révolutionner l’agriculture de demain. Les progrès immenses de la reconnaissance visuelle numérique et de l’intelligence artificielle permettent d’envisager un désherbage mécanique de haute précision et automatisé grâce à de petits robots autonomes.
À Toulouse, la jeune société Naio Technologies est en train de mettre au point ce genre de robot. Il s’appelle OZ et il est capable de désherber tout seul avec ses outils mécaniques des rangs entiers ! Il reste pour ce robot encore du chemin à faire pour rivaliser d’efficacité avec les herbicides chimiques mais une alternative est en marche. Peut-être que, là encore, les technologies numériques pourraient venir au secours d’une agriculture plus responsable …
Quelques remarques 1—- le glyphosate n’est pas biodégradable la société Monsanto a été condamnée et a du retirer cette mention des etiquettes je ne connais pas d’étude sur la rémanence de ce produit.
2—le glyphosate est terratogene il produit des anomalies pendant embryogenèse ceci a été mis en évidence il y a longtemps grâce à des études sur l’oursin , ( l’oursin est un modèle pratique pour ce type d’études)
3—Le glyphosate s’attaquent aux bactéries car elles utilisent l’enzyme cible du glyphosate les bactéries sont un élément clé de la vie des sols;( en beauce sur certaines parcelles les pailles ne porrissent plus).
Les bacteries colonisent notre tube digestif, notre peau……
(une étude récente a montré que l’une des causes de la lente disparition des abeilles ètait la destruction de leur flore intestinale par le glyphosate)
4 —-les relations entre le glyphosate et les diffèrents cancers sont de plus en plus corrélées, le principe de précaution ne devrait-il pas s’appliquer, le moins que l’on puisse dire c’est que l’étau se resserre.
5—pour l’agriculture les solutions éxistent on les trouve sur internet, des ingénieurs agronomes développent et appliquent ces solutions à grande échelle (voir par exemple les sites de Dominique Soltner ou chercher TCS Techniques culturales simplifiées)
6—Les lobbies exercent des pressions intolérables sur les élus,deux propositions de lois pour fixer une date buttoir pour l’interdiction du glyphosate ont été repoussés par les députés en marche à l’assemblée nationale…….et dans ce domaine il est difficile de se contenter de promesses surtout quand on entend les déclarations du nouveau ministre de l’agriculture.
je ne ferai pas de commentaire sur le fond et la rigueur scientifique de cet article , puisqu’orienté pour des lecteurs « bio compatible » (et donc ne présentant qu’une vision très partielle de la réalité… ) mais sur la forme, c’est le grand carnaval des photos donc aucune ne peut correspondre à une utilisation réelle de glyphosate (on asperge pas les cultures avec dans la vrai vie), c’est tout de même ballot pour un article annonçant éclairer ses lecteurs pour briller en société….
vous voulez plus d argument ben buvez en et on en reparle pff
Cet article surréaliste est une belle illustration des « alternative facts » chers à Donald Trump. Plutôt que de s’intéresser à la recherche de la vérité, et au progrès de la raison, pourquoi ne pas faire de l’idéologie sous couvert de science et d’information ?
Voici une petite sélection de points illustrant la malhonnêteté intellectuelle, ou l’ignorance scientifique, qui irrigue cet article :
– un surtitre qui donne d’emblée la couleur : le glyphosate est identifié comme l' »ennemi ». Un mauvais augure quant à l’objectivité de la suite
– écrire que le glyphosate est catégorisé comme « cancérigène probable » par l’IARC sans expliquer ce que ça signifie, c’est de la tromperie. En l’occurrence, une des conditions pour être classé dans cette catégorie est : « une association positive a été établie entre l’exposition à l’agent considéré et la survenue de cancers, mais il n’a pas été possible d’exclure avec suffisamment de certitude que le hasard, des biais ou des facteurs de confusion aient pu jouer un rôle. ». C’est tout de suite nettement moins alarmant. Par exemple, la consommation de viande rouge et le travail de nuit sont également des cancérigènes probables. Les Ruches devraient donc arrêter de proposer de la viande rouge, en tout logique…
– expliquer que les rapports allant dans le sens d’une faible dangerosité du glyphosate « reflètent malheureusement bien trop souvent les volontés de lobbies et de contrelobbies, de politiques, d’experts, de chimistes ou d’industriels orientés » sans dire la même chose du rapport qui le classe dans le groupe 2A (cancérogène probable), c’est du deux poids, deux mesures
– la seule scientifique citée dans l’article travaille dans l’informatique, sa seule compétence qui peut se rapprocher de loin aux domaines de l’agriculture, de la biochimie, de la toxicologie est une malheureuse licence en biophysique. Par ailleurs le consensus scientifique est très nettement contre ses théories. Je peux également sortir un graphique qui montre que l’autisme augmente en corrélation avec les ventes de produits bio (https://www.geneticliteracyproject.org/wp-content/uploads/2014/05/ScreenHunter_04-Jan.-07-23.11.jpg) ou du nombres des abonnements de téléphonie mobile (https://www.geneticliteracyproject.org/wp-content/uploads/2015/10/Autism-and-Cell-Phone-Trends.jpg). Comme écrit dans l’article, « Corrélation ne veut pas dire causalité, mais il y a tout de même de quoi se poser sérieusement des questions. » ! Dans le doute, les Ruches devraient arrêter de vendre des produits bio…
– des formules du type justement de « Corrélation ne veut pas dire causalité, mais il y a tout de même de quoi se poser sérieusement des questions. » ou, encore pire, « Le développement sans précédent de l’autisme en Occident trouverait-il son origine dans les herbicides au Glyphosate ? » ne sert qu’à introduire un doute chez le lecteur sans prendre la peine d’apporter un seul élément de preuve sérieux
– expliquer que les « superweeds » (terme volontairement inquiétant) ont « piqué à leurs voisines génétiquement modifiées le gène qui les rend résistantes au glyphosate », c’est une belle preuve d’absence totale de compréhension des bases scientifiques sur le sujet : la résistance aux herbicides se développe quel que soit l’herbicide utilisé, c’est simplement lié à la sélection naturelle. L’herbicide tue la majorité des mauvaises herbes, seule une poignée survit (les plus résistantes à l’herbicide), cette poignée se reproduit, les nouvelles mauvaises herbes ont un taux de résistance supérieure, etc. jusqu’à ce qu’apparaisse une qui est extrêmement résistante. C’est exactement ce qu’il se passe avec les antibiotiques.
La littérature scientifique est très claire sur le sujet : le glyphosate présente potentiellement un risque à hautes doses, donc pour les agriculteurs. Pour les consommateurs, le risque est nul.
Un article assez synthétique et équilibré sur le sujet : http://weedcontrolfreaks.com/2015/03/glyphosate-and-cancer-what-does-the-data-say/
Bonjour,
Je rejoins Guillaume sur le manque d’argumentaires scientifiques solides et étayés de cet article.
Par ailleurs, j’ai peu apprécié les liens hypertextes renvoyant vers d’autres articles. J’aurai aimé que l’article cite, dans le texte, ses sources et détail plus les données avancées. Avec un sujet aussi sensible et controversé que celui-ci il faut être extrêmement prudent, précis et rigoureux.
Pourriez vous faire un reportage sur OZ?
Bonjour Mary,
Merci pour votre intérêt pour Oz ! Nous sommes à la disposition de LRQDO Magazine pour un reportage bien entendu, mais aussi à la vôtre si vous souhaitez des informations concernant nos robots désherbeurs.
C’est dans nos idées de sujet. On s’y met très vite.
Le probleme c’est peut etre aussi les OGM et ceux qui l’utilise de manière systématique.
Nous n’utilisons pas le glyphosate sur des culture que nous allons récolter.
De nos jours il est utilisé pour sur des adventices envahissantes et difficile a se débarrasser.
Bonjour,
bon article assez objectif mais 2 remarques quand même:
1 Dommage que les photos qui illustrent l’article n’ai rien a voir avec le sujet. Aucune des cultures sur les photos ne sont entrain de recevoir du roundup, sinon elles seraient toutes détruites. Ce qui n’est pas le but pour l’agriculteur. a se faire peur de manger ds céréales, du riz ou des courges …
2 Le probleme d’herbes resistantes existe aux US avec la monoculture d’ogm roundup résistant et en viticulture ou arboriculture qui est une monoculture de fait. C’est quasi inexistant en grandes cultures en France car nous avons la chance et l’intelligence, nous agriculteurs,de pratiquer encore des rotations et d’utiliser eventuellement le roundup comme outil de desherbage parmis bien d’autres solutions. C’est le melange des solutions qui empeche l’apparition de resistances. Les adventices sont même capable de resister a un desherbage manuel si c’est le seul pratiqué. c’est ce qui arrive dans le riz en Asie, le riz sauvage ressemble de plus en plus au riz cultivé par pression de selection des desherbages manuels, l’oeil étant le seul outil qui diagnostique si c’est du riz sauvage ou cultivé, on rate plus facilement le riz sauvage qui resemble au cultivé et petit à petit il envahi la culture. on repère ensuite la difference à l’épiaison mais trop tard le mal est fait.
Comme quoi l’agriculture est un metier passionnant mais compliqué et qu’il ne faut pas croire au solutions trop simplistes.
Bonjour,
Merci pour ce super article!
J’ai tout de même une remarque : quand vous dites que les superweeds sont des mauvaises herbes qui ont piqué à leur voisine OGM le gène de résistance au glyphosate, cela sous-entend qu’il y a eu transfert horizontal de gène entre la plante OGM et la « mauvaise » herbe.
Je pense que les superweeds sont des plantes qui ont évolué (ou muté) sous la pression du désherbant (comme le font les bactéries avec les antibiotiques), et que – à ce jour- aucun transfert de gène n’est possible entre plantes. Faut pas pousser!
Pour moi, tu dis deux fois la même chose Clément 🙂
Ce n’est pas l’utilisation de l’herbicide qui fait que les plantes sont mené a muter ou évolué, c’est son utilisation qui fait apparaitre les mutations ou evolutions. (les mutations se font en permanace )