Cafetière en rade, smartphone refusant soudainement d’obtempérer ou lave-linge cassé… De nombreux objets sont victimes d’obsolescence programmée. À notre échelle de consommateurs, comment lutter contre ce phénomène énervant qui nous pousse à trop jeter ?
Gaspillage, surconsommation, pollution, accumulation des déchets, exploitation des ressources terrestres… Voilà les joyeusetés engendrées par l’obsolescence programmée, « l’ensemble des techniques qui visent à raccourcir la durée de vie d’un produit en vue d’en renouveler l’achat » (d’après la définition du récent ouvrage Du jetable au durable, en finir avec l’obsolescence programmée, publié par les Éditions Alternatives). Mais tout un tas d’acteurs peuvent agir : les fabricants, les distributeurs, l’État… Et nous, consommateurs ! Voyons voir comment on peut faire bouger les choses, à l’échelle individuelle voire collective.
Bien s’informer, la base !
Se renseigner, c’est la première étape pour identifier des produits « écoconçus », et plus largement choisir des objets qui dureront plus longtemps. « Avant d’acheter, s’informer sur des sites spécialisés ou des forums permet d’en savoir plus sur la robustesse d’un produit, sa “réparabilité”… », explique Laëtitia Vasseur, déléguée générale de l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée : le site est d’ailleurs une mine d’informations) et coauteure du livre cité ci-dessus.
Et n’hésitez pas à discuter avec les vendeurs. Ainsi, une loi (encore insuffisamment mise en œuvre…) oblige les fabricants et les vendeurs professionnels à informer les acheteurs sur la disponibilité de pièces détachées. Or, cette disponibilité facilite grandement la réparation ! Bon à savoir également pour mieux faire valoir ses droits : pour tous les objets, la garantie légale minimale gratuite est de deux ans. Ceci dit, certaines marques proposent des garanties plus longues sans frais.
Entretenir
Voilà un conseil pratique vraiment non négligeable : « bien entretenir les produits permet d’allonger leur durée de vie… L’ordinateur sur la couette, c’est pas terrible. Les appareils de petit électroménager doivent être détartrés… Sans cela, on accélère l’obsolescence programmée », affirme Laëtitia. Allez, hop, n’oubliez pas de nettoyer votre frigo régulièrement !
Privilégier l’usage
Généralement, on n’utilise pas un appareil à gaufres ou à fondue savoyarde tous les jours de l’année… Alors autant favoriser l’usage (et non l’achat) de certains objets. « On peut partager un appareil à raclette ou une perceuse. Dans ces situations, privilégier l’usage à la propriété a du sens : plutôt que d’investir, on mutualise », souligne la spécialiste. En pratique, ça se passe comment ? Prêt informel avec vos voisins, plates-formes d’emprunt (comme par exemple Mutum.com), locations payantes…
Réutiliser les objets…
La production et le transport de nouveaux produits engendrent beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre… En effet, « l’empreinte écologique est majeure lors de la fabrication », précise Laëtitia Vasseur. Donc, vive le réemploi ! Pour prolonger la durée de vie des objets, on peut se tourner vers les produits de seconde main (friperies, brocantes…) ou reconditionnés.
Et ça marche dans les deux sens : au lieu de jeter, on offre une deuxième vie aux objets en les donnant (Emmaüs, plates-formes de dons entre particuliers comme Freecycle…) ou en les vendant (le Bon Coin…).
… Mais aussi réparer au lieu de jeter !
Avant de jeter, on peut se demander ce que l’on peut d’abord réparer… En faisant appel à un réparateur « traditionnel », ou en réparant soi-même. Et sans forcément être un as du tournevis et des branchement électriques. « Il existe des sites spécialisés dans l’autoréparation, des forums, des tutos, le site commentreparer.com… Mais vous pouvez aussi aller dans des Repair Cafés, où des bénévoles aident les gens à réparer », signale la déléguée de HOP. Parmi les autres lieux intéressants où trouver un coup de pouce, citons les Ressourceries ou les Cyclofficines pour les vélos. Grâce à cette réparation « maison », les objets durent plus longtemps et on comprend mieux comment ils ont été fabriqués.
Fabriquer soi-même
Fabriquer avec ses petites mains, c’est la garantie d’un choix de matières solides ou de la possibilité de réparer. « C’est compliqué pour un aspirateur, mais pour une lampe, pourquoi pas ? », dit Laëtitia Vasseur. Des machines et outils sont disponibles pour le grand public, par exemple dans les FabLabs.
Agir collectivement
Se fédérer dans des associations est aussi, bien sûr, une manière de faire changer les pratiques des fabricants ! Ainsi, depuis 2015, la loi française reconnaît un « délit d’obsolescence programmée »… Un délit assez difficile à démontrer et qui n’a pas encore fait l’objet d’une action judiciaire. Mais pour l’association HOP, les actions collectives vont faire bouger les choses. « Si des personnes soupçonnent des cas d’obsolescence programmées, elles peuvent nous envoyer des avis argumentés », recommande ainsi Laëtitia Vasseur.
Réfléchir à sa consommation
« Et puis, plus généralement, poursuit-elle, on peut s’interroger sur les effets de la publicité sur nous, prendre du recul, se demander si on a vraiment besoin d’acheter et se tourner vers une forme de simplicité volontaire ».
Pour approfondir
Références
En finir avec l’obsolescence programmée.
Pour les dons, il y a le site donnons.org aussi, c’est celui que j’utilise, il est à double emploi, vous pouvez donner et récupérer.
A côté de Toulouse, notre ruche organise des cafés bricol’ tous les 2 mois. Il s’agit de la version française du Repair Café. Rdv le 21 avril au café de Lavalette avec l’équipe de bricoleurs bénévoles.