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Laissez vous conter fleurette...

François Maurisse : artiste en herbes

Oubliez tout ce que vous savez sur la peinture, la sculpture et même le land art pour découvrir une poésie végétale des plus originales. François Maurisse explore le monde végétal pour réaliser de délicieuses demoiselles toutes en herbes.

©Olivier Cochard

Pour apprécier les prés salés de Lège-Cap ferret, il faut arpenter un dédale de sentiers ensablés, ponctués d’arbres décharnés. C’est dans ce décor qui lui évoque le désert du Serengeti en Tanzanie que François, l’exflorateur, artiste pour le moins iconoclaste, a choisi de planter son établi aujourd’hui.

On a beau savoir que l’ancien ingénieur du son a roulé sa bosse, lorsqu’on pénètre au petit matin dans la maison semi perchée dans un arbre qu’il a construite de ses mains (en bois flotté s’il vous plaît !), on ne peut s’empêcher d’avoir aussitôt en tête une flopée de noms d’aventuriers : Indiana Jones, Robinson Crusoé…

©Olivier Cochard

François Maurisse qui ne travaille habituellement pas sur commande mais plutôt sur appel de dame Nature, va devoir composer avec notre arrivée… Ni une ni deux, le voici qui charge son paquetage à l’arrière du break pour partir fouler les sentiers forestiers à la recherche d’herbes folles et de fleurs sauvages. C’est, en effet, à partir de sa grappille que ce glaneur va donner naissance à des demoiselles élaborées à partir de tiges, feuilles, fleurs, lichen…, ingénument nommées « herbettes ».

« Je ne sais jamais ce qui va se passer ! Je ressens comme un appel, je pars, harnaché de mon matériel. Je saisis au passage ce qui me « parle ». Je dresse enfin table pliante, tabouret tripode et studio photo mobile dans un cadre enchanteur… »

©Olivier Cochard

Et le petit fils d’horloger d’entrer ensuite dans une transe indescriptible à qui n’aurait pas assisté au spectacle. « Je ne suis qu’un passeur qui se met au service de la nature. Quand les autres voient macro, je vois micro. Quand d’aucuns savourent le silence, je tends l’oreille pour jouer une partition qu’on me souffle…»

Seulement Dame nature est capricieuse et les matériaux qu’emploie l’artiste d’une extrême fragilité. Aussi, notre Gepetto évite, autant que faire se peut de manipuler les végétaux, pince, perceur et encolleur à l’appui. Une lutte sans merci se livre alors entre l’homme, les éléments (vent, déshydratation des végétaux)… Les minutes s’égrainent dans un silence religieux tandis que de fils en aiguille, une silhouette haute couture émerge, vaporeuse, gracile, presque fière.

©Olivier Cochard

Comment ne pas s’ébahir devant l’apparition de ces fées anthropomorphes ? Ne nomme-t-on, pas fort à propos celles qui appartiennent à la gente féminine, belles plantes ?

Mais comment, des mains de ce novice en couture, naissent bustiers, fourreaux et autres capelines ? Certains intellectuels se sont posés la question. Vaines interrogations : autant laisser le mystère insondable entier pour en apprécier tout le raffinement.

François, le sculpfleur, immortalise enfin, comme il se doit, depuis sa cabine nomade, l’éphémère, ô combien fragile, né sous ses doigts. «La durée de vie d’une herbette est courte, je dispose seulement de quelques précieuses minutes pour immortaliser la beauté fugace qui m’apparait».

©Olivier Cochard

De retour dans son refuge, François peut digigraphier l’œuvre réalisée in vivo (en l’éditant en série limitée, sur des toiles de très grand format), laquelle pourra sensibiliser tout à chacun à la beauté de ce qui l’environne. Alors, qui se met au langage des fleurs ?

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Portrait d’exflorateur

Ne vous fiez pas à sa mine polie et à son sourire enjôleur, François Maurisse qui conte avec nostalgie ses souvenirs d’enfance pyrénéenne, notamment les parties de pêche à la mouche avec son père, a bourlingué… Après plusieurs tours du monde pour des reportages à la mode Ushuaia, il décide, à l’aube de ses 30 ans, de s’installer en Côte d’Ivoire pour une durée non déterminée. Guide de pêche, chasseur de papillons rares puis chercheur d’or, il partage enfin la vie de la petite ethnie des Krous à la frontière libérienne, en plein cœur de la Brousse. Et parce que le parcours de François semble orchestré par des cycles d’une dizaine d’années, il rentre finalement au pays, riche de ces expériences aux confins de la nature et des cultures ancestrales.

©Olivier Cochard

Fraîchement débarqué, alors qu’il dîne avec des amis, l’homme aux mille et une vies, noue entre elles quelques herbes arrachées au bouquet du centre de table. À sa grande surprise, sa petite bande de copains s’extasie devant la figurine apparue, la première herbette était née ! Notre poète désormais convaincu que « Le voyage est au bout de la rue », se sent dès lors investi d’une nouvelle mission : celle de transmettre aux hommes, les messages que la nature semble vouloir lui délivrer. www.herbettes.fr

Pour retrouver plus d’images de ce l’artiste-cueilleur, c’est par ici.

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  1. Haaaa ! Admirable admirée ! Merci de nous faire découvrir l’habit d’élégance des herbes haute-couture ! Quel talentueux couturier vous faites !
    Sylvie

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