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Rats des villes comme aux champs

Autonomie alimentaire : pour un « droit de jardiner »

Au Pays basque, des associations et citoyens se sont rassemblés au sein du collectif pour l’autonomie alimentaire pour inviter les élus à favoriser l’agriculture citoyenne dans les villes et accorder à tous un droit de jardiner.

Laurent Bernays de Graines de liberté s’occupe de plusieurs jardins partagés et pédagogiques autour de Bayonne. © Gaelle Coudert

Sur les hauteurs de Bayonne, un océan de courges, né d’une action citoyenne de plantation, surplombe le quartier résidentiel. Plus de 200 plants de courges ont été mis en terre sur ce champ lors d’un chantier participatif initié par l’association Graines de liberté à la fin du mois de juin. L’association, qui favorise et accompagne la création de jardins partagés agroécologiques, a obtenu sur ce terrain un bail précaire auprès de la communauté d’agglomération du Pays basque, qui lui a permis de lancer ses premières cultures. Le souhait de Graines de liberté est de pérenniser le bail pour y implanter une véritable ferme urbaine, entretenue par et pour les citoyens, notamment ceux des quartiers prioritaires de la ville.

Après quelques semaines, les premières courges ont bien poussé. © Gaelle Coudert

Laurent Bernays, cofondateur de l’association, habite à côté et vient régulièrement voir les courges pousser. Elles poussent sans aucun arrosage depuis plus d’un mois, explique-t-il (malgré un mois de juillet particulièrement sec, NDLR), notamment grâce aux déchets verts déposés sur le terrain par les élagueurs pendant deux ans, qui ont permis de nourrir le sol en se décomposant. Laurent parle d’expérience. Elle a l’air de plutôt bien marcher. Les premières courges pointent déjà le bout de leur nez.

Marina Barrière et Sonia Ruiz, des Génies Verts, organisent notamment des ateliers de jardinage à la salle d’escalade de bloc de Bayonne, The Roof. © Gaelle Coudert

L’union fait la force

Ce chantier participatif a rassemblé plus de 70 personnes, de tout âge, dont plusieurs associations du Pays basque qui œuvrent aussi pour une agriculture citoyenne. Certaines, comme la structure de Biarritz, Bio Divers Cité, ont aussi apporté d’autres éléments à planter, notamment des tomates, de l’agastache ou de la mauve, pour favoriser la diversité, précise l’une des fondatrices, Elise Tinel. Marina Barrière et Sonia Ruiz des Génies Verts, également présentes lors de cette journée collaborative, sont fières du résultat obtenu après seulement quelques semaines. Quand on se réunit, ça donne quelque chose de plus parlant, de plus grand, de plus beau.

Charlotte Mulet et Elise Tinel de Bio Divers Cité organisent régulièrement des ateliers pédagogiques dans le jardin de l’association, à Biarritz. © Gaelle Coudert

Cette action d’ensemble s’est inscrite dans le cadre de la mise en place d’un véritable collectif — le collectif pour l’autonomie alimentaire au Pays basque, réunissant plusieurs associations et citoyens engagés envers cet objectif commun. Il gère des jardins partagés et organise des ateliers pédagogiques à destination des personnes souhaitant apprendre à jardiner. Entre autres, Graines de liberté, Bio Divers Cité, les Mères poules, les Génies Verts, Libre cueillette, Aureka, la Reine des courges, le collectif citoyen du jardin suspendu des Remparts de Bayonne se sont ainsi rassemblés au moment de la crise du Covid-19. C’est important de montrer qu’on est plusieurs, souligne Charlotte Mulet, également cofondatrice de Bio Divers Cité. Et les élus vont pouvoir plus facilement trouver des interlocuteurs qui leur correspondent.

Au Pays basque, on manque de légumes. On est loin de l’autonomie alimentaire.

C’est effectivement d’abord les élus que les associations souhaitent convaincre. Pour cela, une pétition a été lancée par le collectif, dans la foulée de sa création, pour demander aux maires des communes de l’agglomération la mise en place d’un droit de jardiner, en permettant aux citoyens de créer leurs potagers sur les espaces verts communaux non utilisés, gratuitement, sur simple demande à la mairie. Une forme de permis de végétaliser qui existe déjà dans certaines villes, à Biarritz notamment, mais aussi dans d’autres régions, à Nantes ou à Paris. Les associations mettent en avant l’intérêt pour les communes, qui est aussi financier : les espaces verts pourront ainsi être entretenus gratuitement par les citoyens.

Vers une agriculture citoyenne

Avec le collectif, on pose la question de quelle stratégie utiliser pour arriver à une forme de sécurité sociale alimentaire. Nous voulons proposer une agriculture citoyenne, souligne Laurent Bernays de Graines de liberté. On souhaite que soit inscrite dans le plan alimentaire territorial du Pays basque cette dimension citoyenne, aux côtés de l’agriculture marchande. C’est pour cela qu’on a créé le collectif.

Le jardin mis en place par Bio Divers Cité. © Gaelle Coudert

Il faut dire que la crise du Covid-19 a aiguisé la volonté d’agir de ces amoureux des jardins. Au Pays basque, on manque de légumes. On est loin de l’autonomie alimentaire, ajoute Laurent. Pendant le confinement, il aurait suffi d’une grève des routiers empêchant la livraison de légumes en provenance des Landes ou d’Espagne pour arriver à une pénurie. Il faut que l’on pense à un vrai plan de réserve alimentaire.

Dans ce moment épidémique, on se demande comment on va manger demain, abonde Marina Barrière, des Génies Verts. Pour l’instant, nos associations et jardins ne nourrissent pas grand monde, relativise-t-elle. Mais on se dit que si on veut être un peu plus résilient, il faut que plus de personnes puissent jardiner. Pour Laurent, l’idée est effectivement de se mettre en marche, de remettre les mains dans la terre et de cultiver des légumes un peu partout, du premier balcon au moindre centimètre carré de jardin.

Un commentaire

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  1. Bonjour à vous,
    Ma dernière expérience : les presque-jardiniers jardinent, les passants d’un jour mais surtout d’un soir récoltent et le vandales vandalisent à tous moments.
    Moralité : c’est usant et démotivant, il faut surtout une foultitude de jardiniers en réserve pour continuer la rotation du « personnel ».

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