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Paysan urbain : micro-pousses, maxi projet

Depuis quelques mois, ce n’est plus une vaguelette, c’est un raz-de-marée. L’agriculture urbaine gagne chaque jour du terrain. A Romainville, le Paysan urbain cultive des micro-pousses, maxi concentré de bienfaits. Rencontre.

Textes et photos Hélène Binet

Du canal Saint-Martin à Paris dans le 10e, il suffit de prendre tout droit, de passer la Villette, de saluer les grand moulins de Pantin, de tourner à droite à Romainville pour tomber sur les terres du Paysan urbain. Une grande fresque colorée indique que l’on est presque arrivés. On pousse alors une petite porte pour pénétrer dans une mini-ferme urbaine à ciel ouvert.

Sur une ancienne friche industrielle fréquentée hier par les laboratoires Roussel, de grands bacs en palette voient pousser toutes sortes de fruits et de légumes. Ils sont réservés aux écoles et aux voisins qui viennent ici mettre les mains dans la terre.

Sous le tunnel en plastique, s’épanouissent les micro-pousses. Ces petites délicates grandissent dans des bacs qui ressemblent à ceux qu’on nous donne à la douane pour mettre notre ceinture et nos clés.

Là, dans la terre (certifiée bio), des petites graines ont sorti leurs feuilles. La roquette ressemble à des lentilles d’eau, certaines graines prennent du poil, d’autres de la couleur. Le tout forme un superbe patchwork.

« Sur 160 m2 de serre, on produit près de 200 kilos de micro-pousses par mois, » explique Gérard, quinqua reconverti à l’agriculture urbaine après des années dans l’audit et le conseil.

Micro-pousses = graines germées ? Pas tout à fait. Les micro-pousses sont certes des graines qui ont germé (dans la terre) mais on les a laissé pousser entre 7 et 10 jours. Pour ceux qui n’ont pas séché tous les cours de SVT, les micro-pousses sont les cotylédons de la plante, c’est-à-dire les deux premières feuilles constitutives de la graine. Autant vous dire qu’elles sont chargées en nutriments.

« Aux Etats-Unis, du côté de Portland, la culture de micro-pousses est fréquente. En France, nous sommes les seuls jusqu’à présent, » rappelle Gérard.

La Belle Pousse permet de manger ultra sain mais est aussi une belle aventure. L’association (qui s’apprête à passer en SCIC) fait partie du réseau Cocagne qui utilise le maraîchage biologique comme support d’insertion sociale et dont le slogan résume bien son ambition : « vous avez besoin de légumes, ils ont besoin de travail. »

Ici, à Romainville, Angelina, hier dans la restauration, s’occupe de la récolte des pousses. Pour ce faire, elle place un bac sur un grand chevalet et coupe à la verticale les plantes à la racine.

Le reste tombe dans un seau et part au compost pour être mélangé avec les drêches de bière des microbrasseurs du coin et les épluchures du jardin. « Cela permet de monter en température le compost et de stériliser les graines encore dans la terre, » explique Gérard.

« Nous livrons tous nos produits à vélo, l’objectif est de raccourcir encore plus le chemin entre la production et la distribution, rapporte Gérard. Récemment, l’équipe a gagné un des appels à projets Parisculteurs et devrait bientôt s’étendre sur les 6200 m2 des toits du réservoir Charonne dans le 20e arrondissement parisien.

En attendant, l’équipe compte installer une deuxième serre à Romainville et aimerait tester les micro-pousses de cresson, d’amarante, de chiso ou de poireau. Prêts à les goûter ?

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