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L’essentielle

Le chant des cigales, le soleil au zénith… Respirez, fermez les yeux… Nous y sommes : dans les collines drômoises aux côtés de Carole, pour la cueillette de la lavande sauvage, puis à la distillerie où sont extraits les principes actifs de la plante.

Texte et photos : Julie Subiry

En partant du petit village de Chalancon, en Drôme provençale, on emprunte d’abord la route départementale pour bifurquer à droite sur un chemin caillouteux qui mène au Sapet à 1200 m d’altitude. C’est un peu le bout du monde… Au plus haut pic de fréquentation, on y croisera peut-être quelques vaches, un vautour ou un randonneur égaré. La lavande sauvage y pousse en toute liberté.

Carole a quitté son Nord natal il y a vingt-cinq ans pour étudier les Beaux-Arts à Valence. Elle y rencontre Manu, tailleur de pierre. Ensemble, ils font les saisons, vivent dans une ferme près de Nîmes. Leur projet de vie se précise : en 1998, Carole, alors toute jeune maman, entame une formation pour devenir responsable d’exploitation agricole et se spécialise en plantes aromatiques et médicinales. À la naissance de leur deuxième enfant, ils s’installent dans une ancienne ferme d’élevage, la Ferme du Bloudon, à Chalancon.

La cueillette se fait aux heures les plus chaudes, car la plante produit plus d’huile essentielle en situation de stress. Carole la pratique de manière traditionnelle : elle coupe la lavande à l’aide d’une serpette pour la stocker dans une saquette accrochée à son cou. Il faut cueillir juste au bon moment de la floraison, ni trop tôt ni trop tard.

Pause cigarette… La cueillette est un travail fatiguant ; le dos est très sollicité, il faut apprendre à se positionner. Il est fréquent de se couper ou de se faire piquer par les abeilles. Mais dans ce cas, pas de panique ! Un peu d’huile essentielle de lavande et tout s’arrange !

Le point de vue est exceptionnel. Par beau temps, on peut voir le massif du Vercors, celui des Trois Becs et jusqu’au mont Ventoux.

Au fur et à mesure, le contenu de la saquette est étalé au soleil sur de vieux draps. Avec 120 kg de plantes, on produit 800 ml à 1 litre d’huile essentielle. Dans l’idéal, Carole aimerait en faire 10 litres par an, mais cet objectif n’est pas toujours atteint car en été, elle est très prise par son travail à la ferme et sur les marchés.

Lorsqu’ils se sont installés, Carole et Manu ont acheté du matériel de fenaison : une barre de coupe pour faucher le foin, un andaineur pour former les andains (ce qu’on laisse au sol du végétal fauché) et une presse pour les bottes. Cet investissement leur garantit une rentrée d’argent ; en fauchant leurs deux champs incultivables car trop argileux, ils peuvent espérer gagner 3000 à 4000 € par an.

Mathias, 20 ans, l’aîné des quatre enfants, adhère complètement au choix de vie de ses parents. Enfant, il rêvait de devenir berger. Après le bac, il part à Montpellier faire un BTS en gestion et protection de la nature. Mais la vie urbaine ne lui convient pas, il revient au bercail et prend les rênes de la distillerie. Il veut voyager, mais sa vie est ici ; il a le projet de monter avec ses parents un Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun).

La distillation est un procédé de séparation des substances qui utilise la vapeur d’eau. Il permet d’extraire de la plante l’huile essentielle d’un côté et l’eau florale de l’autre. C’est Manu qui, en 2009, a dessiné les premiers plans de la distillerie, récupéré des cuves chez un ferrailleur, et avec l’aide d’un ami soudeur, fabriqué son outil de travail.

Les journées d’été sont longues et sans répit. Carole est sur tous les fronts : cueillette, fabrication des jus, comptabilité, marchés. Elle tient aussi un gîte qui accueille des estivants en quête de calme et d’authenticité.  Elle s’occupe de ses quatre enfants et de tout un petit monde qui vivote à la ferme : la famille, les potes. Sa vie n’est pas de tout repos, mais elle rayonne !

La lune se lève sur la ferme du Bloudon, et Carole sait qu’elle touche à l’essentiel…

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3 commentaires

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  1. Un reportage qui sent bon la Provence. On aimerais connaître ces personnes et recevoir ce sourire en vrai. Cela fait du bien.
    Et ne croyons pas que c’est facile de faire ce choix. C’est d’autant plus réjouissant.
    Bon courage à cette famille.
    Vendent t-il leurs produits sur internet ?
    Bon courage.

  2. Bonjour, j apprécie et adhère totalement sauf….suis déçue par les cigarettes ! Désolée, suis anti tabac …

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