Au Pays basque, la jeune start-up Rezto propose des cartes cadeaux solidaires à destination des restaurateurs. Un petit geste pour soutenir ces commerçants fortement impactés par la crise du Covid-19.
Des cartes cadeaux solidaires pour soutenir les restaurateurs du Pays basque, contraints de fermer leurs établissements depuis le 14 mars, en raison de la crise sanitaire. Voilà la dernière idée de Flore Bonnard, fondatrice de Rezto, une application lancée il y a quelques mois afin de répertorier les restaurants de qualité dans le Sud-Ouest et aux alentours.
Après avoir coordonné, pendant tout le mois d’avril, la préparation de repas à destination des soignants de l’hôpital de Bayonne, avec l’aide de certains restaurateurs du réseau Rezto, elle a voulu concentrer ses efforts pour ces autres victimes de la crise. Pas mal de gens nous ont demandé comment aider les restaurateurs, explique-t-elle. On avait prévu de proposer, à partir de septembre ou octobre, des cartes cadeaux utilisables dans les restaurants du réseau. Mais, face à la crise, on a modifié nos priorités et mis en place les cartes cadeaux dès début mai.
L’opération, soutenue par l’office du tourisme du Pays basque et l’UMIH Pays basque (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie), permet aux clients d’acheter une carte d’un montant de 20 à 200 euros, qui pourra être utilisée pendant six mois à compter de la réouverture des restaurants. L’objectif : soutenir les restaurateurs en difficulté en leur permettant d’obtenir une rentrée de trésorerie dès l’achat de la carte cadeau.
L’opération démarre doucement. Parmi les premiers bénéficiaires, Nicolas Bouchard, chef et propriétaire du restaurant Patxamama, situé en plein cœur de Bayonne. On est contents qu’il y ait des gens qui pensent à nous, explique-t-il. Cette initiative va peut-être permettre à certaines personnes de découvrir le restaurant, et d’aimer notre cuisine, ajoute Lise, sa compagne, les deux restaurateurs comptant sur le bouche-à-oreille pour construire la clientèle de leur restaurant ouvert seulement depuis juin 2019.
S’adapter pendant la crise
En attendant de pouvoir rouvrir, le Patxamama, comme d’autres établissements, s’est mis à la vente à emporter. Sens de circulation unique, distanciation et gel hydroalcoolique à disposition. Tout est fait pour rassurer les clients. Certains ont un peu peur de venir, précise Nicolas. Derrière les fourneaux, ce passionné de cuisine originaire de Bayonne, qui a travaillé pendant plusieurs années pour le chef Yannick Alléno, a adapté sa cuisine habituelle pour proposer principalement des plats pouvant être mangés froids, comme le chirashi de truite des Pyrénées, servi avec du riz cuit puis refroidi, œuf confit et copeaux de légumes. Tout en conservant sa cuisine de bistrot authentique à base de produits locaux et aux influences de voyages.
La vente à emporter permet de payer certaines factures, mais les bénéfices n’atteignent pas du tout les recettes habituelles. C’est mieux que rien. Au moins les gens ne nous oublient pas, souligne Lise, qui estime faire partie des chanceux face à la crise. On s’en sort car on avait un peu de trésorerie et peu d’employés et aussi parce qu’on a pu obtenir un report de crédit. Puis, on gaspille très peu de nourriture, grâce à l’inventivité de Nicolas.
Renforcer les liens
Même dynamique du côté de Biarritz, chez Laketua, qui propose également depuis quelques semaines de la vente à emporter. C’est surtout pour garder le contact avec la clientèle, précise Jérémy Marcon-Dubroca qui a repris l’établissement spécialisé dans la cuisson à la braise en 2016.
Lui et sa compagne se sont associés au restaurant voisin, la Cabane à huîtres, pendant cette période particulière. On se soutient mutuellement, précise la gérante d’à côté, Sophie Angelergus. Cela renforce nos liens. C’est le côté positif de la situation. Jérémy a bénéficié lui aussi d’une première carte cadeau solidaire via l’initiative de Rezto. Ça permet de se réconforter. On se dit que les gens ont hâte de revenir. Ce sont ces petits gestes de soutien qui nous font tenir.
En attendant la suite, encore teintée d’incertitude pour tous les professionnels du secteur. Derrière le masque, Jérémy garde le sourire. Tout comme Nicolas et Lise au Patxamama, dont la salle quasi vide reste pourtant si chaleureuse. Ils continuent à prendre du temps et du plaisir et à transmettre leur amour de la cuisine aux clients, qui repartent eux aussi avec le sourire. Et pour le café, quelques madeleines offertes, cadeau moelleux en retour d’une délicieuse solidarité.
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