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Boer & zus – Quinoa des Pays-Bas

Un champ de quinoa n’est pas la première chose à laquelle on pense en entrant dans la Hoeksche Waard, en Hollande-Méridionale. Pourtant, pour Janna de Geus de Boer & zus, la vue d’un champ rempli de plantes sud-américaines est devenue la nouvelle normalité. « C’est différent de la culture d’oignons ou de betteraves sucrières. Le défi, c’est de faire cohabiter une plante non indigène avec notre climat néerlandais », explique Janna.

Dans le vaste paysage de la Hoeksche Waard, entouré par les eaux du Spui, de l’Oude Maas et du Hollands Diep, poussent des cultures traditionnelles comme les pommes de terre, les oignons et les betteraves sucrières. Mais un champ attire immédiatement le regard : un champ de quinoa. Cette plante sud-américaine est, grâce à Boer & zus, désormais bien connue ici.

Photo : Boer & zus

Le père Leen de Geus dirige avec son fils Toon l’exploitation de 50 hectares située dans la Hoeksche Waard, avec un plan de culture traditionnel composé de pommes de terre, d’oignons, de betteraves sucrières et de blé. En 2016, Janna (36 ans) et son frère Toon ont décidé d’unir leurs forces et de fonder Boer & zus, avec l’ambition de cultiver de la quinoa.
« La plupart des produits issus de nos terres finissent dans les circuits de l’industrie agroalimentaire, et je trouve cela dommage. Nous avons une belle exploitation, et mon père et mon frère sont d’excellents agriculteurs. Je me suis dit : pourquoi ne pas cultiver une plante qui donne un visage à nos produits ? À ce moment-là, la demande de quinoa était énorme. »

Janna de Geus raconte une double histoire. Il y a la recherche de nouvelles cultures, mais aussi une inquiétude quant à l’avenir des cultivateurs traditionnels de quinoa en Amérique du Sud. « Avec la demande croissante, notamment en Europe, il y a un risque que les agriculteurs sud-américains ne puissent plus consommer leur propre production. Dans les pays pauvres, les agriculteurs mangent souvent leurs propres récoltes, et la quinoa est très nourrissante. Je me suis dit : il faut faire les choses autrement. C’est ainsi que nous avons commencé à cultiver de la quinoa. »

Le projet de Janna et son frère était loin d’aller de soi. Certaines variétés de pommes de terre sont entièrement sélectionnées aux Pays-Bas pour pousser de manière optimale sur les sols argileux, par exemple, alors que la quinoa vient à l’origine d’Amérique du Sud et n’est pas adaptée au climat néerlandais. « Et cela s’est révélé être un vrai défi : ici, les journées d’été sont bien plus longues que dans les Andes, où la quinoa pousse très bien. Une tentative de culture de quinoa rouge a échoué, car en raison de la lumière prolongée pendant l’été, la plante a continué à croître sans produire de graines », explique Janna. Grâce à la sélection variétale, la plante s’est progressivement adaptée au climat néerlandais. En s’appuyant sur les connaissances et l’expérience de leur père, Boer & zus ont pu relever le défi de la culture de la quinoa avec succès. Aujourd’hui, leur champ de deux hectares leur permet de récolter environ 4000 kilos de quinoa chaque année.

« Pourquoi ne pourrions-nous pas cultiver une plante qui donne une identité à nos produits ? »

Photo : Boer & zus

Agriculture durable et biodiversité

Le père de Janna est agriculteur depuis des décennies et son frère Toon l’a toujours épaulé. Leur mère, ancienne laborantine, les conseillait sur les techniques de fertilisation. Depuis quelques années, tous les membres de la famille sont réunis dans une VOF (Vennootschap Onder Firma; similaire à la SNC – Société en nom collectif). Très investie dans l’avenir de l’agriculture, la famille accorde une attention particulière à la nature et à l’environnement. 

Autour des champs, des haies brise-vent composées d’arbres ont été plantées, sous lesquelles poussent des arbustes indigènes qui attirent les insectes et contribuent à la biodiversité. Cinq pour cent des terres sont réservées à la nature, notamment sous forme de bandes en bordure de champ.

L’agriculture régénérative, un concept qui existe depuis longtemps, a toujours tenu à cœur au père de Janna. Il revient régulièrement sur le devant de la scène, sous différentes formes, mais avec une idée centrale inchangée : travailler avec la nature plutôt que contre elle. “La durabilité ne se résume pas à la réduction des émissions de CO2, elle comporte aussi une dimension sociale. Il s’agit des agriculteurs qui œuvrent dans la chaîne alimentaire, mais aussi de sensibiliser les consommateurs à l’origine de ce qu’ils mangent”, explique Janna. “La courte chaîne est importante à la fois sur le plan écologique et social. L’objectif est non seulement d’informer les consommateurs sur la provenance de leur nourriture, mais aussi de leur proposer un prix juste, qui soutient les agriculteurs et les encourage à travailler de manière durable”, poursuit la productrice de quinoa.

“Soyez avant tout incroyablement fier de votre ferme.“

Photo : Boer & zus

La courte chaîne comme avenir

Pour la vente de leur quinoa, Boer & zus utilisent plusieurs canaux : restaurants, traiteurs et initiatives de circuit court comme La Ruche Qui Dit Oui (Boeren en Buren au Pays-Bas) ou Rechtstreex. En livrant directement aux consommateurs et à de petits acheteurs, Janna et Toon gardent le contrôle sur leur produit et peuvent en garantir un prix équitable. “La courte chaîne n’est pas seulement bénéfique pour l’agriculteur, elle l’est aussi pour le consommateur. Vous savez exactement d’où vient votre nourriture et vous soutenez une production alimentaire durable”, explique Janna.

Au-delà de la transparence, la courte chaîne offre également plus de résilience. Les agriculteurs sont moins dépendants des grands acheteurs et des marchés mondiaux, ce qui leur permet d’adapter leur activité à des principes durables. Cela leur donne la liberté d’expérimenter avec des nouvelles cultures, d’investir dans la biodiversité et d’ancrer la production alimentaire dans leur territoire.

Pour les jeunes agriculteurs, Janna de Geus a un dernier conseil : “Soyez avant tout incroyablement fier de votre ferme. C’est un métier exigeant, avec beaucoup de travail et de règles à suivre, mais cela rend le résultat final d’autant plus beau. C’est un métier plein de défis, mais aussi de satisfactions. Continuez à croire en ce que vous faites et ne lâchez rien, car ce que vous produisez sur vos terres, c’est vraiment quelque chose dont vous pouvez être fier !”

Quinoa : de l’Amérique du Sud aux Pays-Bas

La quinoa est souvent considérée comme un super-aliment. Ce qui n’était autrefois qu’un plat paysan modeste en Amérique du Sud est aujourd’hui un produit recherché dans le monde entier. En 2013, les Nations Unies ont proclamé l’Année de la Quinoa, ce qui a provoqué une explosion de la demande. Les prix ont grimpé en flèche, rendant la quinoa inabordable pour de nombreux agriculteurs sud-américains. En cultivant cette plante localement, Boer & zus contribuent à un système alimentaire plus durable et plus juste.

Ainsi, Janna de Geus prouve qu’innovation et durabilité peuvent aller de pair, même dans une région traditionnellement tournée vers la culture céréalière comme la Hoeksche Waard.

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