Installé dans le Val de Loire, Takayoshi Hirai est l’un des rares producteurs de miso français. Pour parvenir à cette pâte savoureuse, des mois de fermentation sont nécessaires. L’homme originaire du Japon accompagne ce long processus de fabrication.
Sanga, c’est l’histoire d’un Japonais qui fabrique du miso dans une petite ferme de Touraine, à quelques kilomètres de Tours. Débarqué il y a plus de quinze ans en France pour enseigner les mathématiques, Takayoshi Hirai délaisse l’enseignement pour la production de miso, l’ingrédient de base de la cuisine japonaise qui sert, entre autres, à la confection de la soupe miso. Ce sont des moines bouddhistes chinois qui, au VIᵉ siècle, introduisent cette pâte de soja et de céréales fermentée au Japon.
Il en existe de nombreuses variétés, miso rouge, miso de riz, miso d’orge… J’ai commencé par fabriquer du miso en visionnant des vidéos Youtube. Je me souviens, plus jeune, de ma grand-mère qui confectionnait le sien. À l’époque, les familles japonaises préparaient une fois par an leur miso pour l’année. Malheureusement, il est difficile de trouver de bonnes recettes sur Internet, c’est souvent un secret bien gardé, explique l’homme originaire de Kobe.
À la base du miso, le koji, un champignon microscopique qui fait partie des moisissures dites nobles, de la même famille que le penicillium utilisé dans les fromages à pâte persillée comme le roquefort. Le koji, littéralement fleur de riz, est le résultat d’une culture de l’aspergillus oryzae sur des céréales riches en amidon comme le riz ou l’orge, un processus qui demande beaucoup d’attention et de délicatesse. Takayoshi Hirai commande à un laboratoire japonais le ferment qu’il reçoit sous la forme d’une poudre à conserver au réfrigérateur.
Le koji à la base de tout
L’homme réservé, au phrasé ponctué de longs silences, se sert ensuite de ce champignon pour ensemencer du riz cuit à la vapeur. Même au Japon, il ne reste que très peu de producteurs qui mettent en culture eux-mêmes le riz avec le koji, beaucoup l’achètent prêt-à-l’emploi, regrette Takayoshi Hirai. Pendant plusieurs jours, et dans des conditions climatiques précises, le koji va décomposer le riz en se nourrissant de son amidon. Au Japon, le koji est à la base de tout, annonce Takayoshi tout en sortant du réfrigérateur une plaque sur laquelle sont posés des amas de riz tous recouverts d’une fine couche duveteuse, résultat de la période de culture et de la digestion des grains par le koji.
Entre autres, le ferment entre dans la confection du saké, des tsukemonos (des légumes vinaigrés), du shôyu (une sauce soja) ou encore de l’amazaké, une boisson à base de riz fermenté que l’on consomme comme du riz au lait. Le koji intervient dans la fabrication d’acide glutamique, à l’origine de la saveur umami, si chère aux Japonais et qui se traduit généralement par l’adjectif savoureux. On la retrouve dans des produits comme le parmesan.
Soja fermier
Pour la fabrication du miso, on mélange le koji de riz obtenu avec la même quantité de légumineuses ou des céréales (pois chiches, riz, soja…) cuites et réduites en purée et assaisonnées de sel. Takayoshi, qui met un point d’honneur à n’utiliser que des produits d’excellente qualité et dont toute la production est certifiée Nature & Progrès, utilise du soja fabriqué dans une ferme voisine.
Traditionnellement, on met tous les ingrédients que l’on tasse dans un seau en bois que l’on referme et sur lequel on pose une grosse pierre. Mais Takayoshi Hirai, qui n’a pas encore trouvé ce type de contenant en France, se contente de transvaser le mélange dans des seaux en plastique qu’il laisse ensuite vieillir plusieurs mois à l’abri de l’air et de la lumière. C’est le temps qui donne au miso sa couleur et son goût. Le miso est à la portée de tous, à condition d’être patient !
Il faut compter douze mois pour obtenir un miso de qualité et savoureux. Pendant cette période, Takayoshi doit veiller à ce que des moisissures non désirées n’apparaissent pas à la surface. Au fil des semaines, le koji va grignoter le soja et transformer l’ensemble en une pâte homogène. Il ouvre un seau de miso de soja, la pâte est joliment mordorée. Des effluves de biscuit salé viennent chatouiller les narines.
Les industriels, pour réduire les temps de fermentation, ouvrent régulièrement les seaux et mélangent la préparation pour l’oxyder. Les produits de base utilisés sont souvent de médiocre qualité, il n’est pas rare qu’ils utilisent des grains de riz déclassés car abîmés, regrette celui qui complète sa production de miso par une petite surface de maraîchage et quelques ruches.
Le miso produit par Takayoshi est salé avec parcimonie et n’est pas pasteurisé contrairement à celui vendu dans le commerce. Consommer un miso pasteurisé revient à ingérer des calories exemptes de tous les effets positifs du miso sur la santé. Lorsqu’il est fabriqué artisanalement, cette pâte fermentée contient de nombreuses bactéries qui permettent d’équilibrer la flore intestinale et de lutter contre les inflammations. Un régal pour les papilles et la santé, résultat de la patience et du temps qui sont les clés pour la réussite d’un bon miso.
Juste pour information, il y a un autre producteur de miso artisanale bio dans l’Aude à Caudebronde qui s’appelle Yoromiso. Il a une gamme variée et il vend également le koji. C’est excellente je vous le conseil.
Où peut-on trouver cette merveille? J’habite en Belgique…
On peut le trouver sur leur site:
https://www.sangamiso.fr
Marie Dominique
c’est vraiment dommage qu’il utilise des seaux en plastique pour un produit de cette qualité
Toutes mes excuses : Takayoshi Hirai
Merci, pour ce reportage très savoureux.
C’est chez Sanga, que je commande du miso d’exception !
J’en ai dégusté beaucoup, même au Japon, mais celui de Takayoshi Hira, est sublime !
Il y en a de toutes sortes et pour tous les palais, du doux au plus puissant, mais tous sont remplis d’arômes indescriptibles mais si savoureux …
Je suis maintenant accro à ses miso si délicats et si aromatique, Somptueux …
Merci