Valoriser les pommes écartées des circuits de distribution par souci d’esthétisme et insérer par l’emploi des personnes en précarité : c’est l’ambition des reToqués, petite entreprise de l’Oise qui fabrique des snacks de fruits éthiques et responsables.
La recette de base ? Récupérer les pommes “imparfaites” qui sont rejetées du système de distribution classique et en faire des snacks de fruits déshydratés.
L’ingrédient en plus ? Y associer des personnes en précarité pour qu’ils puissent se réinsérer par l’emploi.
La motivation ? Mettre en lumière les talents de chaque personne et de chaque chose qui ne sont pas mis en valeur par notre société, comme le prône Anne-Charlotte Vivant, la fondatrice des reToqués.
Le résultat final ? Une solution anti-gaspi à l’échelle des biens et des hommes, résume-t-elle. Mon objectif, c’est de remettre une toque sur les personnes qui vont travailler avec nous et sur les fruits et légumes qu’on va remettre en valeur.
1 pomme sur 10 au rebut
Agronome de formation, Anne-Charlotte s’initie à l’entreprenariat social en 2016. Façonnée par treize ans de vie dans un monastère, cette active de 39 ans est persuadée que les problèmes écologiques et sociaux doivent être abordés de pair. Selon elle, tout est lié : si on ne respecte pas les hommes, on ne respecte pas non plus les biens.
Motivée pour agir à l’échelle locale, elle s’intéresse aux productions maraîchères de sa Picardie natale et constate qu’une pomme sur dix est refusée par la grande distribution parce qu’elle est trop petite, trop grosse, trop rouge ou pas assez ceci… alors que ses qualités gustatives restent intactes. Un gaspillage inutile et incompréhensible pour Anne-Charlotte, et qui conduit les agriculteurs à vendre leurs productions à perte.
Il n’en fallait pas plus à l’ancienne religieuse pour se lancer dans l’aventure qui, partie d’un projet échafaudé sur un coin de table, a fini par l’habiter complètement, confesse-t-elle.
Commerce équitable local
Anne-Charlotte contacte alors Alexandre Prot, producteur de pommes dans un verger voisin. J’ai tout de suite été séduit par l’idée, avoue-t-il. À la tête d’une production de 3500 tonnes de pommes et poires par an, le gérant explique : Il y a toujours des fruits qui ne correspondent pas au cahier des charges et qu’on doit déclasser. Ils sont vendus à l’industrie (pour devenir des compotes ou des jus) à un prix très inférieur : 10 centimes le kilo contre en moyenne 1 euro pour le reste. Soit un manque à gagner d’environ 150 000 € par an sur sa production de pommes.
Parfois, il vaut mieux ne pas cueillir les pommes et économiser des coûts de stockage, de conditionnement, de livraison. Mais quand on est producteur, c’est désolant de voir le travail de l’année qui reste sur l’arbre. L’avantage de s’associer aux reToqués ? Récolter une partie de ces pommes imparfaites et en obtenir un prix juste, que l’agriculteur est libre de fixer lui-même en fonction des coûts de production.
C’est une forme de commerce équitable local, résume la fondatrice qui achète les pommes déclassées 3 à 4 fois plus cher que l’industrie.
De la pomme au snack
Une fois les pommes récupérées, Anne-Charlotte les équeute, les râpe et les déshydrate pour obtenir des éclats de fruits qu’elle assaisonne suivant quatre recettes : pomme tout court, pomme gingembre, pomme citron-pavot et pomme-orange-chocolat. C’est un produit que j’ai voulu le plus authentique, le plus sain et simple possible, le plus proche du fruit, explique la recycleuse de pommes, fidèle à ses valeurs.
Pour obtenir ces snacks, Anne-Charlotte collabore depuis le début du projet avec l’association Lazare qui accueille dans des foyers des personnes en grande précarité. L’idée est d’aider à la réinsertion d’anciens SDF dont le parcours est parfois aussi cabossé que les pommes récupérées.
« De l’or dans les mains »
C’est le cas de Bogdan. Résident de la maison Lazare à Vaumoise (Oise), ce Polonais de 52 ans a été le chef de chantier de l’atelier des reToqués. Celui qui a de l’or dans les mains selon Anne-Charlotte a peint, poncé et plaqué sans relâche. Il a aussi guidé et conseillé les nombreux bénévoles venus aider à mettre le projet sur pied. Pour cet ancien technicien agricole et chauffeur poids lourds, cette activité a permis de s’intégrer dans la communauté locale, d’élargir son réseau amical et professionnel, mais surtout de montrer sa valeur aux yeux des autres.
À l’image de Bogdan, Anne-Charlotte souhaite embaucher deux à trois personnes des foyers Lazare pour faire tourner l’atelier, notamment transformer les pommes en snacks déshydratés et les vendre. Je veux montrer qu’on peut construire des entreprises responsables qui sont viables, résume la cheffe d’entreprise. Et à l’avenir, pourquoi pas se répliquer dans le sud de la France avec des abricots et des pêches, et dans l’Ouest avec du chou-fleur ?… dès que les reToqués seront mûrs !
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Magnifique !! Bravo…
Une initiative de plus qui mêle bon sens,écologie et social ! Merci à vous car cela démontre que l’homme et la terre ne peuvent etre dissociés !
Une très belle initiative utile à tous ! Bravo !!!
C’est trop bien!!!! C’est vraiment dans ce sens qu’il faut aller!
Super initiative , nous devons tendre vers de l’utilisation de toute la production comestible .(aucun rejet du aux contraintes des cahiers des charges ).
2) donner du travail local a tous ces ex travailleurs en rupture de contrat .
C’est pour moi la seule facon de s’en sortir dans cette economie mondialisee qui produit trop de gachis et de chomage ?
Magnifique initiative pleine de vie et d’humanisme. Plus de gaspillage, ni d’homme, ni de nature.
Que de tels projets éclosent encore et encore. Continuez de nous inspirer…
Quelle magnifique idée et réalisation. Madame, vous avez raison, les humains et la natrue se doivent de vivre ensemble sinon ils se perdront l’un comme l’autre……Evitez le gaspillage qui me révolte et remettre en selle les cabossés de la vie, quel beau challenge et quelle belle réussite !