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La ferme de la Bouquetière, un élevage au poil !

À la ferme de la Bouquetière, Optimiste, le bouc angora, s’apprête à perdre son look hippie-chic pour retrouver une allure plus sage… Deux fois l’an, comme ses comparses, il passe entre les mains et sous la tondeuse expérimentées de Romain Cassaigne. Une fois triée et transformée, sa laine deviendra mohair.

Texte et photos : Julie Subiry

En cette fin février, le thermomètre affiche moins 5 °C. Romain prépare un feu pour réchauffer amis et visiteurs qui assistent à la tonte et aident au tri de la laine. Le précieux manteau de ses chèvres de race Angora donnera un cadeau rare, une matière de choix : le mohair. Malgré les températures, la journée est placée sous le signe de la chaleur… humaine !

C’est un véritable projet de vie qui a mené Romain, vétérinaire, et Fanny, professeure de français, à s’installer dans l’élevage : le besoin de vivre dans un cadre et des valeurs qui leur correspondent, manger local, faire des rencontres grâce au circuit court, produire de la qualité de manière éthique. Leur activité est viable avec leurs 57 bêtes mais ils ont choisi de garder leur travail à 80 %. Les journées sont longues et exténuantes pour ces parents de deux petites filles, mais ils ont trouvé un équilibre et réussissent même à prendre des vacances !

Le collectif a toute sa place dans ce projet : journées portes-ouvertes, randonnées de transhumance lors desquelles le public est invité à découvrir le monde agricole, grandes tablées partagées avec les amis, ateliers tricots, organisation d’un festival de théâtre en été…

À ceux qui se demandent si la tonte est douloureuse, Romain répond malicieusement que l’on peut toujours essayer de forcer un animal de 60 kg à faire ce qu’il ne veut pas faire… Poussant d’un millimètre par jour, la toison finirait par immobiliser l’animal. La tonte est nécessaire à sa survie.

Se met en place, entre bête et éleveur, un subtil et intuitif système de communication dans lequel chacun sait ce qu’il a à faire : une petite pression à l’aide de l’orteil et l’animal tourne la tête ; pied gauche sous épaule droite, pouce levé : l’animal comprend qu’il doit rester allongé. Ce langage corporel demande une grande sensibilité au niveau des pieds, c’est pourquoi l’éleveur porte des chaussons de tonte.

Une fois dénudées, les chèvres ont parfois envie de se mettre au chaud. Eles sont prêtes pour les mises bas qui commencent au mois de mars. Débarrassées de leur pelage, leurs mouvements sont plus souples et leurs mamelles plus accessibles pour les petits.

Fanny et Romain se sont installés à Torcay en 2011. Aujourd’hui, leur activité est soutenue par la chambre d’agriculture, mais ça n’a pas toujours été le cas. À l’époque de leur installation, l’Eure-et-Loir est encore une région de culture céréalière et d’agriculture intensive, considérée comme un des greniers à blé de l’Europe. L’élevage extensif, le bio, les circuits courts ne s’y sont pas encore développés. Les choses sont en train de bouger pour le plus grand plaisir de la famille venue chercher dans le Thymerais une belle qualité de vie.

Pour obtenir une laine de qualité, un premier tri est effectué avec les copains : on débarrasse le poil des végétaux et on élimine les fausses coupes (fils en dessous de 5 cm). Le deuxième tri est plus technique, c’est Fanny et Romain qui s’y attèlent : il faut trier par finesse de fibre de un à cinq. Chaque toison est ensuite mise en sac avec le numéro de la chèvre et envoyée pour la transformation à la SICA Mohair, une structure automontée.

Plus léger, mais trois fois plus chaud que la laine de mouton, le mohair français se targue d’être le plus doux du monde. Cocorico ! Les éleveurs se sont regroupés pour créer une structure de transformation (la SICA) et un label « mohair des fermes de France » au cahier des charges strict, garant de qualité à toutes les étapes, de l’élevage à la teinture en passant par le cardage. Cette qualité passe aussi par la sélection génétique : les éleveurs enregistrent filiations, poids des toisons et autres données pour pouvoir accoupler les bêtes au mohair le plus fin.

Bientôt naîtra une toute nouvelle génération de chevreaux angora toute douce. Si cela vous inspire, participez au concours pour leur donner un nom ! C’est une année en S qui s’annonce…

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4 commentaires

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  1. Bonjour
    Très intéressée par cette laine mohair car je souhaite tricoter avec une laine respectueuse du bien être animal ( ce qui est loin d’etre Le cas pour le mohair et encore bien pire pour l’angora)
    Ou puis acheter cette laine?
    Merci

  2. Bonjour
    Je vous félicite pour cette initiative et ce travail.
    Je souhaiterais acheter cette laine respectueuse des animaux et de la nature.
    A qui dois je m‘adresser ?
    Merci beaucoup
    Florence

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