La coccinelle, vous connaissez. Et le trichogramme ? Comme sa copine rouge à pois noirs, ce minuscule insecte est un redoutable prédateur au jardin. Dans la Drôme, l’entreprise Biotop élève tout ce beau monde puis les propose aux jardiniers amateurs dans de minuscules capsules en carton.
Bien au chaud au fin fond d’une des salles d’un immense hangar, quelques coccinelles vivent leur vie dans un vivarium. Sur leur dos, certaines ont deux points quand d’autres en comptent onze, distinction qui marque leur appartenance à deux espèces différentes. Elles semblent raffoler d’une sorte de sable contenu dans de minuscules auges. Il s’agit de leur nourriture : de la larve de papillon.
Dans la pièce chaude qui leur est dédiée, elles sont chouchoutées jusqu’au printemps, quand il sera l’heure de la reproduction et de la libération sur les jardins et les cultures. Objectif : boulotter ces moucherons – petits nuisibles de nos fleurs et nos cultures. Elle n’est pas seulement jolie la coccinelle, elle est aussi un véritable insecticide naturel !
L’entreprise Biotop l’a bien compris et élève ces prédatrices du jardin. Ce laboratoire de recherche et de production de solutions alternatives pour la protection des plantes et des denrées est basé depuis quarante ans à Livron-sur-Drôme.
L’entreprise commercialise un kit pédagogique d’élevage et d’observation des coccinelles qu’on trouve dans les jardineries. Le principe est simple et ingénieux : vous achetez un kit avec des larves d’insectes, leur nourriture et le matériel d’élevage et d’observation. Et c’est parti pour 3 à 4 semaines d’observation et d’intense activité des coccinelles dans votre jardin ! Toute une gamme d’insectes est proposée pour lutter contre les vers blancs, les hannetons, les vers gris, les pucerons jaunes et autres mouches dévoreuses de fruits et de légumes.
Chasse aux œufs
Ces alternatives naturelles aux pesticides ont une histoire. Au milieu des années 1980, des biologistes et entomologistes de l’INRA (aujourd’hui INRAE) identifient l’insecte prédateur de la pyrale, un papillon qui ravage les cultures de maïs en France. Le nom du sauveur : le trichogramme, à peine 0,8 mm de long et assez d’appétit pour se régaler de la pyrale dévastatrice.
Ces professeurs Tournesol ont donc arpenté les plaines à la recherche de ces minuscules prédateurs dans l’idée de les multiplier. L’espèce la plus efficace pour éradiquer la pyrale a été la trichogramma brassicae, explique Sébastien Rousselle, responsable de l’activité grand public et professionnel pour Bioline, la maison mère de l’entreprise Biotop.
Dans le cas d’une production agricole, le ravageur est plus rapide que son prédateur la trichogramma brassicae. Pour éviter la destruction des récoltes, la démarche des chercheurs a été de donner un petit coup de pouce à la nature en libérant davantage de trichogrammes élevés en laboratoire en plein champ !
Mais encore a-t-il fallu être capable de l’élever en intérieur. Pour ça, il a fallu comprendre de quoi se nourrissait l’insecte. Les équipes de Bioline ont trouvé : des œufs de papillons, minuscules. Dans un gramme d’une sorte de poudre très fine, se trouvent 36 000 œufs de papillons.
Cette nourriture produite chez Bioline occupe désormais la place la plus importante des locaux de l’entreprise. Des larves de papillons sont élevées sur de grands chariots comme on en trouve dans les cantines, dans des salles bien chauffées et éclairées pour éclore. On recrée des ambiances climatiques, avec flux d’air et luminosité, explique Sébastien Rousselle. Il fait chaud, humide et une odeur proche de celle des céréales se dégage. Les larves peuvent dans un second temps se reproduire et fabriquer ces fameux œufs qui vont constituer l’aliment de base des insectes élevés par Bioline.
Solution brillante en carton
On a su élever les insectes et produire leur nourriture mais ensuite, il a fallu se demander comment les libérer dans les champs ou les jardins et à quel moment, explique Sébastien Rousselle, toujours en référence aux recherches initiales des années 1980. La solution : un mini-élevage dans une petite carte de carton. Un espace à l’intérieur permet à des milliers de trichogrammes de se fixer avec leur nourriture, la fameuse farine d’œufs de papillon. Ce carton a été pensé pour résister à l’eau, aux ultra-violets, il est biodégradable et ne présente pas de colle nocive pour les insectes. On positionne un certain nombre de cartonnettes par hectare de culture, 225 000 trichogrammes pour un hectare par exemple, à des âges échelonnés pour l’élevage – des larves et des adultes –, afin d’être efficace sur plusieurs semaines. Professionnels comme particuliers peuvent avoir recours à ce dispositif, sous des formes diverses selon l’usage.
Fort du succès de cette protection biologique, 25 % des champs de maïs du territoire français utilisent ce dispositif, ce qui correspond à 100 000 hectares tout de même, que ce soit en agriculture biologique ou conventionnelle. Les chercheurs de l’entreprise Bioline ont développé d’autres élevages d’insectes. La chrysope, qu’on appelle aussi demoiselle aux yeux d’or, se révèle efficace contre la cochenille de farine ; d’autres trichogrammes luttent contre les mites ou les acariens, contre la tordeuse de la vigne, un ver qui mange les grains de raisins, ou encore contre la mouche blanche qui attaque les tomates. Nous proposons aussi des mélanges d’insectes qui vivent ensemble dans nos petites boîtes et protègent les potagers et les jardins, explique Sébastien Rousselle.
Le gros challenge reste le transport pour acheminer ces mini-élevages de carton. Il ne faut pas dépasser trois à quatre jours pour lâcher nos insectes à destination. On travaille à flux tendu car il faut qu’ils aient de quoi se nourrir pendant le transport mais pas trop non plus pour qu’à leur sortie, ils aient suffisamment faim pour s’attaquer à l’insecte ravageur. Un équilibre délicat à trouver quand il s’agit de le récréer pour la cinquantaine d’espèces différentes élevées par Bioline, dont dix sont consacrées aux jardins amateurs.
Leurs petits insectes sont aussi prisés par les jardins municipaux, les serres communales ou les terrains de sport pour traiter le gazon souvent victime d’un ver de sol qui s’amuse à faire des trous partout ! Ces coups de pouce à la nature ne remplaceront jamais la reconstruction des haies… et une alternative à l’agriculture intensive. Fin juillet 2021, le ministère de l’Agriculture et de la Transition écologique annonçait une hausse des ventes de produits phytosanitaires de 23 % en 2020, et notamment du glyphosate. Une coccinelle nous semble bien frêle mais ne baissons pas les bras. Libérons-les dans nos jardins ce printemps !
Bonjour, je trifouille le site dans tout les sens sans m inscrire, et nulle part je vois le prix payé en magasin pour récupérer le code … qui me permettra de commander sur le site . Quel dommage que ce soit pas plus simple .
Pour toutes celles et ceux qui demandent où s’en procurer : une simple recherche sur Qwant donne : https://www.biotop.fr/
Pas trop compliqué ? 🙂
Merci à vous ! Nous avons transmis vos retours au responsable de Biotop, infos plus précises à venir très vite.
Nous partageons la réponse du responsable de Biotop.
« Le plus simple est de passer par un achat en ligne. Voici quelques-uns de nos revendeurs:
https://www.biotop.fr/ou-trouver-nos-produits/
Sinon, il est généralement possible de trouver nos solutions dans des jardineries telles que les Gamm Vert par exemple, les Truffaut, les Jardiland ».
Bravo pour tout ça, où pouvons-nous nous procurer ces larves d’insectes ?
Pouvez vous nous indiquer comment se procurer ces larves d’insectes?
Merci
Pourriez-vous nous confier les coordonnées de cet établissement ?
Pour éventuelle commande directe
GENIAL , donnez plus d’ infos pour des commandes ?MERCI
Absolument G. E. N. I. A. L !!!!
un grand merci à Bioline, sauveur de cultures de nos jardins et de biodiversité
je cours acheter.. mais où en PACA ?