Quatre fermes du Pays basque se sont associées au sein d’un collectif pour mutualiser et relocaliser à leur échelle la production de plants dans la région. Aubergines, épinards, laitues : les légumes ont désormais leurs racines en terres locales !
Épinards, oignons blancs, salades, choux, mesclun, blettes… Environ 3000 plants de légumes d’automne ornent la nouvelle serre à plants de la SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) Garro, ferme maraîchère basée à Mendionde, dans les Pyrénées-Atlantiques. Ils seront livrés à partir de la fin du mois de septembre. La grande nouveauté, hormis ces jeunes pousses qui pointent le bout de leur nez vert ? C’est la toute première livraison à destination des trois autres maraîchers de la région (à Mendionde, Biriatou et Irissary) avec lesquels la SCIC Garro s’est associée pour relocaliser leur production de plants bio au Pays basque.
Le collectif fait la force
Argitxu Ithourria, maraîchère salariée de la SCIC Garro depuis dix ans, est en charge de ce nouveau projet. Elle prépare ainsi chaque jour les semis qui permettront aux quatre fermes de s’approvisionner en plants bio pour l’intégralité de leurs légumes. Entre septembre et décembre, environ 45 000 plants de légumes d’hiver seront ainsi préparés dans le nouvel atelier.
Les graines sont insérées manuellement dans une motteuse professionnelle mise en commun, qui permet de produire rapidement de petites mottes de terreau et d’y semer le nombre de graines voulu. Si je devais tout faire à la main, ce ne serait pas possible de produire suffisamment pour quatre fermes, explique Argitxu. Les semis passent ensuite en chambre de germination (afin que les graines puissent germer dans l’obscurité) avant d’être disposés dans la serre pour devenir de véritables plants !
Cette mise en commun de moyens, c’est l’originalité de ce projet, le premier de ce type à prendre forme au Pays basque, explique Argitxu. Grâce à la forme coopérative de la société à laquelle les trois autres fermes ont adhéré, tous pourront également participer aux décisions concernant l’atelier.
On s’est rendus compte (...) que si du jour au lendemain notre fournisseur décidait d’arrêter sa production ou de multiplier les prix par deux, on ne pourrait plus proposer à manger.
L’autonomie en ligne de mire
L’intégralité des légumes produits par le collectif de maraîchers (entre 30 et 40 types de légumes différents à la SCIC Garro) ne sont pas vendus à plus de 40 kilomètres à la ronde. Le circuit court, toujours, celui qui a poussé ces agriculteurs basques à aller plus loin en produisant collectivement et localement leurs propres plants. On y réfléchissait depuis plusieurs années, explique Argitxu, qui se fournissait jusqu’alors auprès de producteurs de plants situés dans le Gers, à deux heures de là, les producteurs de plants certifiés bio étant assez peu nombreux dans le Grand Ouest. On s’est rendus compte qu’on était très tributaires de fournisseurs extérieurs et que si du jour au lendemain notre fournisseur décidait d’arrêter sa production ou de multiplier les prix par deux, on ne pourrait plus proposer à manger. Notre objectif est de préserver nos exploitations en devenant totalement autonomes.
Dans la même idée, au-delà du plaisir de travailler ensemble, la capacité de choisir ce que l’on veut produire nous a incité à franchir le pas. Si on a envie de cultiver telle ou telle variété d’aubergines ou de tomates, on peut décider de le faire. Sans plus dépendre d’aucun semencier.
Partager les plants et le savoir
La plus grande partie des plants serviront aux quatre exploitations, à des magasins bio et cantines scolaires des environs, mais seront aussi vendus en direct aux particuliers. On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de demandes de personnes qui cherchent des plants bio et qui ont envie d’apprendre à jardiner selon les principes de la bio, ajoute Argitxu. Le collectif a donc décidé d’en profiter pour créer un lieu de partage et pour proposer également des stages et ateliers à destination du public de tous niveaux : comment débuter un jardin bio, comment jardiner en hiver ou comment traiter certaines maladies feront partie des thématiques abordées. Les premiers ateliers devraient débuter en janvier 2021, pour préparer le public à une mise en pratique au printemps.
C’est aussi grâce à ce public que le projet a pu voir le jour. Sur les 100 000 euros nécessaires pour lancer le projet, près de 15 000 euros ont été obtenus via les dons de particuliers et la campagne de financement participatif « De la graine à l’assiette », lancée par les quatre exploitations au mois de mai. Ce financement supplémentaire a permis l’acquisition de la motteuse professionnelle, indispensable pour atteindre le niveau de production voulu. La campagne a eu un grand succès, avec près de 200 participants. On se rend compte que beaucoup de monde nous soutient. Ce que l’on défend, ça intéresse les gens. Qui sème ses graines localement, semble en récolter les fruits basques.
Génial ! Très bonne idée
Bravo !! Vivement la même chose dans le var
Aupa Euskadi