Légume de guerre et des temps difficiles, le rutabaga partage avec le topinambour les tristes stigmates de la privation et de l’indigence. Une renaissance est-elle possible ?
DÉFAUTS DE FABRIQUE | AVANTAGES AVANTAGEUX |
---|---|
Mauvaise image pour ceux qui connaissent l’histoire | Comble de la branchitude pour ceux qui l’ignorent |
Moins glamour que le caviar beluga | Change du navet et du chou |
Et parfois presque aussi cher ! | Cumule la saveur des deux légumes |
À cuisiner super frais, sinon, c’est pas bon | Plus méritant qu’on pense, finalement |
Choix/Retour de courses
Le rutabaga, en dépit de ses racines frustres et des recettes primitive dans lesquelles, souvent, il échoue doit être choisi dans la fleur de l’âge, sinon il développe tous les défauts des navets et des choux réunis. Au secours.
La santé, c’est le silence des organes
Si le rutabaga désespère le gourmet civilisé en quête de plénitude et de joies fastueuses, il prendra quand même soin de sa santé, grâce à ses fibres précieuses et abondantes. En effet, celles-ci cajoleront son tube digestif sans mollir et sans supplément de prix.
Un peu de culture sur la culture
Longtemps considéré comme le légume du pauvre, le rutabaga semble avoir planté ses premières racines en Europe du Nord. Pourtant, certains se risquent à le nommer chou de Siam, une terminologie prouvant par l’absurde l’indigence de leur savoir géographique. Le pauvre légume croule sous l’opprobre… Figurez-vous que Toussaint-Samat elle -même avait écrit la chose suivante « Le rutabaga, une rave qui a bien fait de retourner dans les mangeoires de nos étables. » Et encore, « C’est un peu grâce au poivre de Guinée que nous pûmes trouver quelques goûts à nos rutabagas », ou encore cette dernière perle : « Le rutabaga, chou navet qui a fait la guerre et qui n’en n’est pas revenu plus glorieux » ! Oui, il fit la guerre pour une raison simple : l’occupant avait réquisitionné les pommes de terre pas, hélas, le rutabaga que les occupés consommèrent encore et encore… Cette racine est le produit d’un croisement exotique entre tous : le chou et le navet ! Que son inventeur n’eut pas été plus inspiré et n’ai joint la truffe et le homard par exemple…
Les conseils synoptiques et avisés
Cuissons | Découpes | Affinités | Coup de pouce |
---|---|---|---|
Ébullition | Entiers, coupés | Idem | Cuire les rutabagas dans un bouillon |
Vapeur | En tranches ou quartiers | Le beurre, les beurres parfumés, l’huile d’olive, le vinaigre de vin, de xérès | Cuire les rutabagas nature et les assaisonner tièdes, comme une salade |
Au four, en gratin | Tranches et bâtonnets | Le bouillon, les pâtes dures et pressées, les oignons | Difficile à dire en si peu de mots. Débrouillez-vous |
Glacé | En tranches pas trop épaisses | Le bouillon de bœuf, de poulet, de légumes, de tout…, le beurre, le thym | Cuisson lente à la casserole ou à la poêle. On sert le légume avec le jus réduit. |
Les préceptes définitifs et incontournables
« Pas de quoi devenir gaga devant un rutabaga. » Ça, c’est sûr, mais avec un peu d’astuce et après avoir chassé cette idée reçue de votre esprit, vous pourrez quand même en tirer quelque chose… La pâtée pour les cochons par exemple. Ou peut-être, les recettes à suivre, qui sait…
___________________
Photos et stylisme © E. Fénot / D. Brunet – 180°C
Aucun commentaire
Close