Vite nettoyée, vite assaisonnée, vite mangée, vite digérée et vite rendue à dame nature, la mâche est une sorte de Speedy Gonzalez végétal dont la célérité laisse les observateurs abasourdis, langue pendante. Saurez-vous suivre son rythme endiablé ?
DÉFAUTS DE FABRIQUE | AVANTAGES AVANTAGEUX |
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Ne se conserve pas | Vraiment très élégante |
Ne se conserve pas | Vraiment très rafraîchissante |
Ne supporte pas d’attendre avec la vinaigrette | Vraiment enrichissante |
Lire la ligne précédente | Et même pétulante |
Relire les quatre lignes précédentes | Appétissante, stimulante et hydratante |
Choix/Retour de courses
Vu la fragilité de ce végétal timide et réservé, le mieux à faire est de le brouter directement sur l’étal du primeur ou de le picorer au fur et à mesure de vos courses. Ou de le consommer le jour même en le gardant, s’il le faut vraiment, dans un linge humide. Et propre.
La santé, c’est le silence des organes
La mâche fait partie de ces aliments discrets, dits à faible valeur nutritionnelle : elle contient beaucoup d’eau et, finalement, on en mange assez peu… Toutefois, elle contient des fibres et des vitamines que votre tube digestif devrait savoir accueillir avec reconnaissance.
Un peu de culture sur la culture
Contrairement à nombre de végétaux peuplant nos assiettes et nos recettes, la mâche ne remonte pas à la plus Haute Antiquité… Les botanistes sont formels là-dessus et le meilleur d’entre eux, Georges Gibault, plus encore. Elle est certes décrite à l’état sauvage dès le XVIe siècle, en Italie notamment, mais il considère que sa culture ne date véritablement que du XVIIIe siècle. Entre ces deux périodes, la mâche n’est considérée que comme un aliment rustique, voire primitif, qu’il serait inconvenant de servir dans la bonne société.
On rapporte que Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), « inventeur » émérite du potager du Roi, aurait tenu les propos suivants : « La mâche est une légume (on disait « une » à l’époque) sauvage et rustique. Aussi ne la fait-on que rarement paraître en bonne compagnie ». C’est dire si le chemin de la reconnaissance fut long…. Gibault va même encore plus loin en la classant parmi les plantes adventices des céréales comme le bleuet, le coquelicot et le miroir de venus. Existe-t-il un parasite plus savoureux ? Heureusement, Alexandre Dumas rétablit un peu d’équilibre en la qualifiant de « très savoureuse ». Ouf !
Les conseils synoptiques et avisés
La cuisson pas plus que la découpe ne sont des pratiques dont on peut accabler la pauvre, la fragile, la délicate mâche… Le lecteur, la mort d’ans l’âme, va donc devoir, cette fois, se passer de nos essentiels conseils synoptiques et avisés.
Les préceptes définitifs et incontournables
« Jamais vinaigrette tu ne laisseras confire la mâche dans un saladier. » Oh que non ! En un rien de temps, son acidité fragilise les parois cellulaires du pauvre végétal qui se transforme en un gloubiboulga des plus frustres.
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Photos et stylisme © E. Fénot / D. Brunet – 180°C
La mâche est très bonne dans les smoothies verts.
Il suffit de mixer une belle poignée de mâche avec du jus d’orange et une banane mûre. On peut rajouter de la mangue ou de la pêche.
C’est tellement bon que toute la barquette de mâche y passe à chaque fois…