Le coup de départ du Fermes d’Avenir Tour, 1er tour de France de l’agroécologie, c’était le 15 juin à Metz. Reportage sur la première étape d’un tour qui en compte vingt neuf et défriche un nouveau concept de vacances : la découverte du monde rural festif et joyeux.
Samuel sue à grosses gouttes sous son marcel. C’est l’été avant l’heure dans le parc de Gloucester à Metz et le four mobile de ce boulanger ardéchois contribue encore à faire grimper les températures. Depuis le début de l’après-midi, le jeune homme déjà bronzé apprivoise la farine biologique fabriquée à quelques champs de là, découpe des pâtons, façonne ses pains en un tour de main technico-sensuel pour les enfourner dans le four à bois arrimé sur une remorque de caravane.
Il fait 30°C, nous sommes le 15 juin, 16h30 et dans moins de 3 heures, 50 kilos de pains nourriront les festivaliers de cette première étape du Fermes d’Avenir Tour, le FAT comme on dit ici. Samuel est le boulanger du tour, ingénieur agronome dans une autre vie, partie prenante de l’incroyable brigade de cuisine mise en place pour 90 jours de tour : le Fat lab restaurant, dit restaurant de permaculture culinaire et humaine. Soit 14 cuistots, une vingtaine de bénévoles, 270 services, jusqu’à 250 repas prévus bio et locaux mais aussi des bières et vins choisis à chaque étape par le sommelier de la bande, Félix, l’incontournable barbu de la buvette.
L’agroécologie vaut bien une fête
Si l’alimentation est soignée sur le tour, c’est pour mieux illustrer ce que le festival défend : une agriculture de qualité qui nourrit la terre et les hommes. Nous avons imaginé cet événement pour donner à voir ce qu’il y a de mieux en agriculture, explique l’activiste Maxime de Rostolan, fondateur, entre autres, de l’association Fermes d’Avenir. Le FAT va permettre au public d’aller dans plus de 150 fermes.
Avec le FAT, on veut montrer des initiatives qui bougent, des fermiers qui sont heureux.
Pour donner envie aux vacanciers de passer sur le tour, le trentenaire a choisi de changer les codes des traditionnelles manifestations agricoles ou écolos. Ici, on cultive et on se cultive dans la bonne humeur, voire carrément dans la fête. De grands chapiteaux donnent un air forain à la manifestation, les tentes plantées tout autour, les douches solaires et les toilettes sèches rappellent en version XS les Solidays ou les Vieilles charrues. Il y en a marre d’entendre toujours parler d’agriculture de façon négative, misérabiliste, de n’évoquer que les crises… explique Max. Avec le FAT, on veut montrer des initiatives qui bougent, des fermiers qui sont heureux. Faire passer des messages importants est tellement plus efficace lorsque l’ambiance est festive et joyeuse.
Dans le domaine de la fête, Maxime a plutôt fait ses preuves et les poches sous ses yeux en sont l’illustration. Un de mes plaisirs est de border le village en dernier à quelques heures du matin et d’être d’attaque le lendemain à 8 heures, confie-t-il. Dans sa jeunesse parisienne, le grand brun a longtemps organisé des happenings dans les catacombes, puis a poursuivi chez lui en Touraine, des chouilles mémorables dont les participants se souviennent encore.
Dans le champ de l’agriculture, il se défend pas mal non plus. L’association Fermes d’Avenir qui promeut les initiatives permacoles, le site de financement participatif Blue Bees, la pétition remise aux candidats avant les élections… tout ça c’est lui. Si tout cela est possible, c’est que je sais m’entourer, confie Maxime. Sur le FAT, il y a des personnes remarquables. Pierre Pageot de Fermes d’Avenir, Chloé et Julien à la coordination, solidement épaulés par Claire, Romain, Clara, Anatole, mais aussi Thierry, Esther et Clément à la régie, Louise et Samuel à la cuisine, Christel à l’administratif, sans compter sur la cinquantaine de personnes impliquées dans le projet. Sans eux, je ne serais pas parti dans une telle folie.
Mobilisation locale
Sur cette première étape, la machine semble déjà bien huilée. Sous un petit barnum studieux, une vingtaine de participants viennent s’initier à la permaculture grâce aux formations organisées par Rustica. Plus loin, les membres de l’association Metz à vélo, inratables sous leur brassière fluo, viennent chercher les volontaires pour les accompagner vers le café Fauve, bar durable et solidaire mais aussi leur faire découvrir d’intéressantes initiatives locales.
Toutes les heures, une équipe part visiter la ferme du Borny à moins de 500 pas de là, ferme urbaine de 5 hectares implantée au milieu des quartiers qui fait cohabiter production biologique, ferme pédagogique et magasin de producteurs. Toute la journée, des stands réservés aux initiatives locales permettent de promouvoir en vrac : le compostage, les tiers lieux, les Incroyables comestibles, les circuits courts (avec la Ruche qui dit Oui !), de manger un sorbet aux mirabelles ou encore de lutter contre le mal-être animal.
L’idée de FAT est de promouvoir un nouveau concept de vacances, les slowlidays, explique Maxime, fier de son invention lexicale. Nous souhaitons rendre notre tour aussi désirable qu’Ibiza. S’il n’y a pas de plage à cette première étape, l’assiette de tapas à base d’hoummos, de boutons de culottes et de charcuterie locale pourrait bien rivaliser avec les boquerones du Club Marmara. Quant au pain de Samuel tout juste sorti du four, aucune chance de pouvoir l’égaler… Alors, c’est vrai, vous venez ?
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Fermes d’Avenir Tour*, on résume ?
29 étapes, dont la moitié dans des fermes, l’autre dans des villes ou des villages
29 conférences
29 concerts
1 restaurant
1 boulangerie
Des dizaines de documentaires
150 lieux phares de l’agroécologie
Une ambiance de fête et de partage
Des centaines de rencontres possibles
*Dont la Ruche qui dit Oui ! est partenaire
tres interessant mais quelles sont les étapes?
Bonjour Reynaud,
Vous trouverez toutes les étapes ici : http://www.fermesdavenirtour.org
On s’y retrouve ?