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Revue de tresses

Faiminisme : quand les inégalités s’invitent dans nos champs et nos assiettes

Alimentation et sexisme. Agriculture et patriarcat. A priori, aucun rapport ? A priori seulement. En lisant le passionnant et non moins révoltant ouvrage de Nora Bouazzouni, Faiminisme, on comprend comment la nourriture a permis aux hommes d’asservir les femmes depuis toujours… Interview.

Quelle est la chose la plus surprenante que vous ayez apprise en écrivant ce livre ?

J’étais complètement stupéfaite d’apprendre le pourquoi de la différence de taille entre femmes et hommes. Je cite les travaux de la socio-anthropologue Priscille Touraille qui estime que ce n’est pas une différence biologique mais bien une ségrégation nutritionnelle millénaire qui explique cela. On a privé – et on continue – les femmes de nourriture, qui elles-mêmes continuent avec leurs filles, et ce depuis le paléolithique. C’est ainsi que nous sommes devenus une des rares espèces où le mâle est plus grand…

Dans le monde de la cuisine pro, on ne parle quasiment que des hommes, pourquoi ?

Les hommes sont définis par leur fonction professionnelle (on va parler à un architecte, un prof, un chef). Les femmes restent elles enfermées dans un rôle (mère…). Jurés des émissions culinaires, auteurs de bouquins sur la pâtisserie (qui a pourtant toujours été perçue comme une spécialité féminine), critiques gastronomiques… Dans les médias, on voit toujours les mêmes noms, des hommes. On en est encore à demander à une femme ce que ça fait d’être une femme cheffe, mais imaginez-vous un instant demander à un homme ce que ça fait d’être un homme chef ? Dans d’autres pays (Mexique, Argentine, Chili…), il y a beaucoup plus de cheffes. En France, 94 % sont des hommes. Le problème, c’est que même la génération plus jeune a été formée dans des brigades où l’on faisait des blagues sexistes… On fait face à une tradition machiste ridicule.

Comment est née la division sexuée du travail ?

Au paléolithique, les hommes chassaient, les femmes cueillaient. Pour l’historienne Gerda Lerner, cette division sexuée du travail aurait été décidée d’un commun accord, afin de pérenniser le groupe – il était difficile pour les femmes, souvent enceintes ou allaitantes, de chasser du gros gibier. Mais une thèse sociétale, proposée par l’ethnologue Alain Testart, avance que les hommes auraient interdit aux femmes les outils tranchants à cause de la symbolique du sang menstruel, et se seraient donc retrouvés seuls garants de la sécurité alimentaire de la tribu. Même avec la révolution néolithique, qui a donné lieu à l’invention de l’agriculture et de l’élevage, ce compartimentage des rôles a perduré, les hommes continuant de s’accaparer les outils les plus efficaces. Une relation dominant-dominée qui, avec l’utilisation, plus tard, des femmes comme monnaie d’échange, aurait donné naissance au patriarcat.

Vous citez la FAO qui indique qu’aujourd’hui la famine pourrait réduire de 15 % dans le monde grâce aux agricultrices. Comment ?

Les femmes représentent 43 % de la main-d’œuvre agricole dans le monde. Problème : moins de 20 % des propriétaires fonciers sont des femmes. La FAO indique que la faim réduirait si les paysannes bénéficiaient du même accès à la terre, à la formation, aux outils que les hommes.

En France, quelle est la situation ?

Elles représentent 37 % des salariés agricoles. De nombreuses agricultrices propriétaires ont récupéré les terres de leur conjoint et il pourrait y avoir, dans les années à venir avec les départs à la retraite, une chute du nombre de femmes dans l’agriculture… Par ailleurs, beaucoup de celles qui s’installent rencontrent des difficultés et racontent s’être retrouvées seules au milieu d’hommes peu ouverts à l’entraide. Beaucoup se réunissent en coopérative pour cette raison.

Voir aussi le documentaire Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes?

Pour approfondir

Références

Au menu : l’inégalité hommes-femmes en cuisine, dans les champs et dans l’assiette.

Un commentaire

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  1. Alors là, la barre est haute, voir très haute! j’avais déjà entendu, lu des propos féministes à deux balles, mais là on est au summum de la bêtise et de la mauvaise fois!
    Je serais tenté de répondre à ces affirmations débiles, citer, par exemple, toutes les espèces (elles sont nombreuses) dont le mâle est plus grand.
    Mais non, ce serait vraiment perdre son temps.
    Arrivé à ce stade de la connerie cela relève de la pathologie.
    Non mais, faut pas publier n’importe quoi, là c’est carrément toxique!
    pfff…

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