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Construire ses toilettes sèches

Du bon usage du caca

Se cailler le cul...
Se cailler le cul...

Les toilettes, chez Juliette, ce n’est pas qu’un projet de couple : c’est aussi un projet de société. Comment peut-on nourrir de si grandes ambitions dans le petit coin ? Elle vous explique tout.

Les toilettes de rêve chez Juliette.

Pourquoi c’est mieux, les toilettes sèches ?

Depuis 4 mois, mon mari et moi nous vivons avec des toilettes sèches ! En construisant notre maison écologique, il était évident que désormais nous ne ferions plus nos besoins dans l’eau potable car une chasse tirée, c’est 6 litres d’eau gaspillés. Ce qui fait qu’en une journée, le Français lambda fait couler en moyenne 150 litres d’eau, dont 40 litres servent à évacuer ses déjections… En plus d’être écolo, c’est donc drôlement économique de se passer de toilettes à eau. D’autant qu’il faut ensuite traiter cette eau pour la libérer dans la nature. Choisir les toilettes sèches c’est donc choisir de moins “peser” sur la société.

Là, c'est le seau d'aisance.
Là, c'est le seau d'aisance.

Un principe excrément simple

La technologie se résume à cela : remplacer l’eau par de la sciure. Mélangée aux selles et aux urines, cette sciure atteint l’équilibre carbone-azote adéquat pour être ensuite compostée. De notre côté, nous avons opté pour des toilettes sèches à l’intérieur. Bah oui, on n’est pas obligé d’aller se cailler les fesses au fond du jardin, on peut même les construire dans sa maison. Les nôtres ressemblent presque à de vrais toilettes, pour ne pas effrayer nos invités, mais aussi pour les convaincre que les toilettes sèches ne sont pas un retour aux latrines du Moyen-Âge !  Nous avons fait en sorte que notre seau soit facile à vider et qu’on ne soit pas obligé de traverser la maison avec… Car il faut bien le dire, c’est souvent LA grosse contrainte pour les personnes ayant des toilettes sèches à l’intérieur.

Comme nous habitons une maison sur pilotis, nous récupérons notre récipient sous la maison. Ensuite, nous l’emmenons au compostage avec une brouette, mais il ne faut pas attendre trop longtemps car, s’il est lourd, cette tâche est difficile. C’est après 1 semaine d’utilisation que nous vidons le seau – en moins de 10 minutes c’est fait. Une fois vide, il suffit de le rincer et de mettre l’eau de rinçage sur le compost, ce qui permet d’éviter que le compost ne soit trop sec. Ensuite, nous couvrons notre butin avec de la paille ou du foin : tout ça se décompose lentement et sans mauvaises odeurs. L’important c’est de bien protéger l’accès du compost pour que ni chat, ni chien ne puissent y pénétrer. Pour ça, on utilise des palettes, car elles sont gratuites et faciles à trouver.

Avant de remettre le seau sous les toilettes, il faut y déposer un fond de sciure. La sciure est absorbante et permet d’éviter les odeurs désagréables. À chaque passage aux toilettes, 2 louches de sciure suffisent. Elle est souvent facile à trouver. Nous nous fournissons à 5 km dans une scierie qui n’utilise pas de bois traité (très important). Ils sont très heureux de nous en donner !

Le bac à sciure, qui remplace la chasse d'eau.

Conseils de fabricacation

Le récipient principal doit être en inox ou en plastique alimentaire pour éviter qu’il ne s’abîme et que les odeurs restent. Le meuble des toilettes qui surplombe votre seau peut être construit par vous-même. Comme il n’y a ni arrivée d’eau, ni évacuation, on peut se lancer sans compétence en plomberie et surtout, on peut les construire absolument partout ! Même au milieu du salon… Vous pouvez aussi acheter vos toilettes toutes faites sur Internet, par exemple sur Lecopot.com

Le composteur dans le jardin.
Le composteur dans le jardin.

Que faire avec le compost ?

Au bout de 2 ans on peut utiliser le compost pour le jardin.  Pour les parterres de fleurs, mais aussi pour le potager ! Je vous entend déjà dire : « Quoi, du caca dans mes légumes ?! » Eh oui, il est possible d’utiliser ce compost pour enrichir le sol de vos cultures, en prenant évidement quelques précautions. On dispose ce compost sur la terre bien avant les récoltes et on laisse agir lombrics, cloportes et fourmis qui vont le transformer en un bon humus. Le mieux est de faire ça à l’automne et de semer ou planter au printemps.

Et si ça vous dégoûte, n’oubliez pas que vos besoins qui disparaissent dans l’eau potable se retrouvent le plus souvent dans une station d’épuration avant d’être relâchés dans les rivières ou même directement vendus dans le secteur agricole. Le fait de composter ses besoins fait partie d’un cycle naturel : notre alimentation vient de la terre, nos déjections doivent y retourner, ce ne sont pas des déchets, la nature sait très bien s’en occuper. En effet, sans les légumes, les céréales et les plantes en général, il n’y a pas de vie humaine possible et, inversement, les plantes ont besoin d’humus et donc de nos déjections pour pousser, c’est la base même de notre écosystème.

Pour se faire plaisir, on a aussi construit la fameuse cabane au fond du jardin, ces toilettes-là sont plus rudimentaires mais pratiques et tranquilles pour écouter les oiseaux et lire un bon bouquin !

Finalement, vivre avec des toilettes sèches ça change quoi ?

Quand on va aux toilettes personne ne le sait, car comme ça ne tombe pas dans l’eau, ça ne fait pas de bruit… Pas mal pour rester discret quand t’y vas la nuit…

Quand tu prends la sciure pour la mettre dans les toilettes… hum, ça sent bon !

Terminé le PQ triple épaisseur et parfumé, on n’utilise que du PQ recyclé et non blanchi, nos petites fesses s’en portent bien et la planète aussi.

Chaque semaine, tu vas vider ton seau dans ton compost et tu te dis : « Comme c’est magique ! Ça ne sent rien et ça va me faire un magnifique compost pour mon jardin !”

Quand tu vas chez des copains, souvent tu oublies de tirer la chasse d’eau…

Plus la peine d’acheter du canard trucmuche pour nettoyer.

Et puis, on est fier quand on va aux toilettes, car “c’est nous qu’on l’a fait comme des grands”.

J’entends déjà les citadins dire “Oui, mais nous on ne peut pas avoir un tas de compost sur notre balcon, surtout quand on a même pas de balcon.” Alors c’est vrai, il est beaucoup plus difficile quand on est en ville d’avoir des toilettes sèches, mais les choses s’organisent. De nouvelles constructions voient le jour avec des toilettes sèches en ville et un composteur en bas de l’immeuble ; certains citadins on déjà fait le choix de remplacer leur toilettes à eaux par des toilettes sèches et vont jeter leur seau en déchetterie (OK, ceux-là sont sur-motivés). Après, n’oubliez pas que pour tirer moins la chasse-d’eau il y a toujours des solutions, faire pipi sous la douche ou suivre les conseils de nos cousins anglais : « If it’s yellow, let it mellow. If it’s brown, flush it down. »

 

14 commentaires

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  1. C’est génial ! Faire ? dans la nature (dans une petite cabane en bois) c’est romantique en plus les odeurs sont anti constipation et il y à moins de cons qui urinent sur la lunette…

  2. Bonjour
    Merci pour cette article. Moi , je n ai pas de toilette seche car je ne sais pas comment faire. J ai un garage . Je suis allé à Emmaus ou j,ai trouvé un Montauban pour 3 euros .c’est une chaise trouée pour récupérer les déjections chez la personne âgée. Je l’utilise dans mon garage . Bon , le seau n’est pas grand . Je le vide tous les 2 jours . Ça ne sent pas grâce a la sciure qui est très agréable au toucher . Et je suis heureuse d’offrir à mon jardin mon propre engrais naturel. Passez de bonnes fêtes
    Anne Marie

  3. Oui c est parfait , je suis utilisateur ,mais je ai complété par un complété par un couvercle japonais , 50cl d eau suffisent pour se rincer les fesses ..

  4. Merci pour cet article très intéressant, ça a l’air facile.
    Petite question féminine: quand on utilise une cup menstruelle (qui évite les tampons et autres déchets hygiéniques), on peut aussi la vider dans la sciure? Le compost s’en portera bien ??

    1. Bonjour,

      Je me suis effectivement posée cette question et j’ai réussis à trouver des choses à ce sujet.
      Visiblement le sang menstruel serait très bon pour les plantes !
      Grâce à son apport en azote, phosphore et potassium… Donc oui la cup peut être versé dans les toilettes sèches !

  5. Trés instructif….Cela donne vraiment à réfléchir…Je m’en vais d’ailleurs y penser très sérieusement, car lorsqu’on y pense, en plus de protéger la planète, nous faisons des économies (eau, détergeant….
    Ah nos futurs CACA
    Cordialement

  6. Bonjour,

    Je suis moi aussi un fervent supporter des toilettes sèches.
    Je m’y suis mis il y a 4 ans, à la naissance de mon troisième enfant.
    C’est tellement plus simple a installer.
    J’ai installé les miennes au sous sol et je les utilises 365 jours par an.
    J’utilise le compost au jardin potager et avec quelques précautions, je n’ai jamais eu aucun soucis.
    Si vous hésitez, sautez le pas, vous le regretterez pas.

  7. Article intéressant, mais il serait bon de rappeler qu’en assainissement on ne peut pas faire ce qu’on veut. Il y a une réglementation – qui traite assez peu des toilettes sèches – mais qui impose une aire de compostage étanche. Pour de plus amples précisions, consultez l’article 17 de l’arrêté du 7 septembre 2009.
    Autre frein pour les personnes vivant en zone rurale : en l’état, installer des toilettes sèches ne permet pas de réduire la taille de son assainissement (alors même que la majeure partie de la pollution est supprimée). Il y a sur ce point un flou juridique puisse les installations réglementaires les plus petites sont déjà surdimensionnées par rapport aux besoins.
    Dernière information : il existe maintenant des dispositifs avec une cuve de compostage intégrée (dessous ou derrière), ce qui élimine la vidange manuelle (au prix d’une infrastructure plus complexe). Des dispositifs de cette sorte ont notamment été déployés en collectivités (écoles en particulier).

    1. Bonjour ,

      En effet, il y a une réglementation, très floue et très hypocrite ..
      L’aire de compostage « étanche » est une mauvaise interprétation, quand on considère une étanchéïté « de sol », car dans les textes, il faut lire une étanchéïté « au ruissellement », et non « de sol », ce qui veut dire qu’il suffit de contenir un éventuel ruissellement hors de l’aire de compostage, et non devoir réaliser cette aire sur une dalle de béton ou une bâche , tel qu’on le lit ou entend souvent !
      C’est justement en compostant « à même le sol », en contact intime avec le sol (et la Vie qui y est présente) que l’on évite de produire quelconque « lixiviats » tant redoutés par les autorités qui n’ont pas compris ce principe lors de la rédaction de ces textes (c’est maintenant chose faite, reste à attendre une modification d’écriture)
      Donc, pour une compostage domestique, ne surtout pas composter sur sol étanche !

      Le côté très hypocrite de ces textes est de ne pas avoir reconnu le traitement sélectif et simplifié des seules « eaux grises » (ou « ménagères ») qui simplifie et réduit énormément le dispositif d’assainissement, que l’on pourrait même complètement supprimer en pratiquant la « Pédo-épuration » .. !
      Ces seules eaux grises étant très peu chargées, sans matières et pratiquement sans azote, elles ne nécessitent aucunement (au risque de faire pire que mieux !) un dispositif d’assainissement classique, certainement pas équivalent à un traitement « toutes-eaux », ni dans sa conception, ni dans ses matériaux, ni dans son dimensionnement !
      Cela pourrait aussi changer prochainement dans une nouvelle modification / publication des textes en vigueur ..
      Espérons ..

      Cordialement
      « Pierre L’écoleau »

  8. Bonjour ,

    Veuillez m’excuser, mais je ne partage pas du tout l’avis de Raph !
    Le compostage de Toilette Sèche (de type « TLB » comme présenté ici, c’est à dire sans séparation !) produit un excellent humus frais, aéré et riche !
    Ce n’est pas que du terreau, mais véritablement de l’humus, si précieux pour nos terres, quelles qu’elles soient !
    Et pour rappel aux novices : l’usage de Toilette Sèche TLB n’a pas pour « 1er » objectif l’économie d’eau (même si substantielle), mais prioritairement un enjeu écologique de non pollution et de retour à la terre, comme très bien expliqué dans cet article !
    Tout l’opposé du concept WC à eau et assainissement conventionnel : au lieu d’être sur un cycle polluant et destructif, on va vers un cycle productif et non polluant !
    Oui, le monde à l’envers ..
    Et dire que certains voient encore ça comme un « retour en arrière » …. aïe aïe aïe …

    Merci pour votre article et témoignage.
    Cordialement
    « Pierre L’écoleau »

  9. Bonjour Raph,

    Merci pour ce commentaire.
    Nous verrons dans 2 ans si ce compost est bon pour notre terre.
    En tout cas l’entretien de nos toilettes se fait effectivement avec du vinaigre blanc, du bicarbonate et de l’huile essentielle de citron, comme pour toute la maison d’ailleurs !

  10. Par contre, la terre créée avec le caca ne fait pas un bon terreau, c’est pas tres riche.

    Sinon même avec des toilettes à eau, on peut utiliser du PQ recyclé et pas de canard truc much mais du bicarbonate 2-3 gouttes d’HE et du vinaigre 😉
    C’est toujours ça !

  11. Bonjour Juliette

    Joli retour d’expérience, pour vous cela fait 4 mois que vous avez passé le pas, pour nous cela fait 8 ans.

    Quelle merveille ces toilettes sèches !

    J’en suis toujours aussi adeptes.

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