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Une roseraie nommée Désir

Le Petit Prince habite en Seine-et-Marne. Nous l’avons rencontré. Il mesure 1,90 m et vit entouré de centaines de milliers de roses. Dis, Xavier, dessine-moi des roses dans mon jardin.

Textes : Hélène Binet

Photos : Thomas Louapre

Un transistor est posé sur une chaise. Chérie FM tourne en boucle dans un silence particulièrement reposant. L’orgue moderne de la cathédrale de verre entonne les classiques de la chanson française et donne du courage à Stanislas qui désherbe sans relâche les pieds des 45000 rosiers.

©Thomas Louapre

 

Nous sommes début novembre, à Grisy-Suisnes au cœur de la Seine-et-Marne, chez Xavier Désiré et Julien Lanskin, qui, en 2013, ont créé des Roses dans mon jardin.

©Thomas Louapre

J’ai eu un coup de foudre avec ces roses, explique Xavier. Quand je suis entré dans cette exploitation pour la première fois, mon cœur s’est mis à palpiter. J’étais en train de tomber follement amoureux.

©Thomas Louapre

Le presque quinquagénaire aux boucles romantiques raconte sa passion pour les fleurs. Quand j’étais petit, je voulais être botaniste. Je passais mon temps à regarder les fleurs quand mes camarades jouaient au foot. Je savais que je travaillerais dans ce secteur.

©Thomas Louapre

Ainsi, après de belles années en décoration florale, Xavier décide il y a 4 ans de prendre le bien par la racine. De se faire lui-même producteur et de racheter cette roseraie sur le point de se faner.

©Thomas Louapre

Grisy-Suisnes est le berceau des roses en Île-de-France, explique le passionné. Il y avait 200 exploitations au début du XXe siècle, il n’en reste que quatre aujourd’hui. Preuve de ce passé fleuri, le village abrite un musée de la rose et une église en forme de rose renversée (le clocher fait office de tige).

©Thomas Louapre

Pour Xavier en 2013, l’idée du rachat de la roseraie est aussi passionnelle que militante. L’éleveur de roses, tel qu’il aime à se définir, souhaite relocaliser une production qui, chaque année, s’envole encore un peu plus du côté des serres chauffées des Pays-Bas, ou du soleil d’Éthiopie ou du Kenya.

©Thomas Louapre

 

Ici, nous souhaitons cultiver le plus naturellement possible, sans chauffage ni produits chimiques. Je veux que mes rosiers puissent aussi se reposer.

©Thomas Louapre

Pour faire pousser les roses qui peuplent les 1,5 hectare de serres et de tunnels, Xavier, son associé Julien et son beau-frère Stanislas emploient la méthode douce : tour de la roseraie chaque matin, taille et désherbage à la main, huiles essentielles d’orange amère pour se débarrasser des pucerons, compost récupéré auprès des espaces verts, pièges à insectes.

©Thomas Louapre

Notre ennemi, c’est le trips, une vraie calamité cet insecte, il s’insère dans les boutons et grignote les pétales. Alors parfois, on sort une artillerie plus lourde, on ne peut pas se permettre de tout perdre.

©Thomas Louapre

Plus de 80 variétés sont cultivées ici, la plupart ont un délicieux parfum, fait suffisamment rare pour être souligné. Xavier en arrache régulièrement pour les remplacer par d’autres variétés plus actuelles. Il y a des modes en horticulture. En ce moment, personne ne veut de roses rouges, la tendance est au nude. Les roses stars aux couleurs nature s’appellent Dune, Augusta Louise, Ashley… Quant à la rose Nicole très à la mode il y a vingt-cinq ans, elle ne marche plus du tout, s’amuse Xavier, le dégradé, c’était pour les années quatre-vingt-dix.

©Thomas Louapre

Un jour, le passionné se verrait bien créer sa propre rose. Les créateurs de roses, ce sont les obtenteurs. Ils mélangent le pollen d’une variété avec une autre avec un pinceau et obtiennent de nouvelles teintes, de nouvelles parures. C’est magique.

©Thomas Louapre

En attendant, Xavier qui cultive aussi des tulipes, des dahlias et du muguet, aimerait faire pousser des fleurs que l’on ne voit plus, comme l’iris de jardin par exemple. C’est une fleur qui rappelle les jardins de mon enfance.

©Thomas Louapre

J’ai choisi de travailler comme les anciens, conclut le rosiériste. De vendre mes fleurs en direct selon les saisons. Et même si ma préoccupation quotidienne est de faire survivre cette exploitation, je ne peux pas m’imaginer un jour abandonner mes roses. Il faut déjà que j’arrive à me faire à l’idée qu’à bientôt 50 ans, je ne vais pas voir autant les fleurs que je les ai vues vivre… Spleen du rosiériste.

©Thomas Louapre

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