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Guilhem Boudes, passionnément spirulinier

Son métier ? Spirulinier. Son terrain de jeu ? La vallée de l’Ennuyé dans la Drôme. C’est ici que Guilhem Boudes a installé ses bassins et fait pousser une micro-algue prodigieuse : la spiruline, une des premières sources du vivant sur la planète.

Textes et photos : Anne-Lore Mesnage

La ferme de Guilhem se trouve à Sainte-Jalle, dans la Drôme, au milieu d’une vallée très verte mais, paradoxalement, sur une terre de garrigue impossible à cultiver. Aucun agneau ne pourrait survivre sur cette lande, explique Guilhem. La spiruline, en plus d’être un choix éthique, est la meilleure option en matière de rentabilité pour un modèle paysan.

En 2015, Guilhem, paysan bio pendant quinze ans, s’est installé ici avec ses bassins ronds pour produire de la spiruline créant ainsi l’une des premières fermes circulaires de France. L’année dernière, sur son terrain de 300 m²,  il n’a extrait que 50 kilos de cette micro-algue précieuse et espère doubler sa récolte cette année.

La spiruline se développe dans des bassins sous serre où une température de 37°C est nécessaire à son développement. Des roues à aube brassent l’eau légèrement salée où le milieu de culture est ajusté pour répondre aux besoins nutritionnels de la micro-algue.

Guilhem est du genre engagé et veille à ce que sa démarche soit éthique sur toute la ligne. Il a pensé l’architecture de sa ferme lui-même et a construit, avec l’aide de quelques amis, le laboratoire et les bassins de production. Rien d’académique ici, les quatre bassins sont notamment réalisés à partir de bottes de paille.

L’écologie a dicté les choix architecturaux de Guilhem. Le bâtiment marie la terre et la paille. Le séchoir est alimenté par des panneaux solaires tout comme le moteur qui assure l’agitation du bassin.

Tôt le matin, le spirulinier récolte l’algue bleue au fil de l’eau. Alliée des sportifs et des femmes enceintes ou allaitantes, la spiruline est considérée comme un super-aliment : elle contient vitamines (A, B, E), pigment, enzymes, et protège l’organisme du vieillissement. Amie des végétariens, elle est riche en minéraux (fer, calcium, magnésium) et a une forte teneur en protéines.

Guilhem transforme la pâte molle en spaghetti et raconte la formidable histoire de la spiruline. En 1965 au Tchad, le botaniste belge Jean Léonard, qui parcourt les marchés indigènes à la recherche des produits végétaux, découvre le commerce d’une galette verte, la spiruline, base de ce mets jusqu’alors inconnu en Occident.

À la même période au Mexique, la bactérie est découverte par hasard sur une extraction de carbonate de sodium. Après analyse et constat de ses apports nutritionnels, on estime que sa culture sera plus porteuse que l’exploitation de carbonate de sodium : sa commercialisation commence, et de grandes fermes de production se créent.

Égouttée, pressée puis séchée à basse température, ce trésor nutritionnel peut être consommé frais, ou sous forme de paillettes saupoudrées sur des salades (la spiruline ne doit pas être cuite) ou encore en comprimés. Les recettes sont nombreuses et créatives, on trouve même des tablettes de chocolat à la spiruline.

Dans le séchoir, les spaghettis de spiruline sèchent sur des claies. Les ventilateurs tournent sans répit. La production est saisonnière, et l’été est propice à la récolte.

À la fin de la journée, les tissus poreux gardent les traces de spiruline. Guilhem les nettoie avant de se rendre sur un marché pour y vendre sa spiruline fraîche. Il reprendra la production le lendemain matin, à l’aube.

Dans le coin, Guilhem n’est pas le seul spirulinier. Cédric Coquet s’est installé à Sainte-Jalle il y a déjà douze ans pour son eau de source de qualité. Aujourd’hui, sa ferme consomme peu d’énergie et rejette même de l’oxygène ! Nous sommes des indiens, s’amuse Cédric, prônant une agriculture paysanne et une production propre, respectueuse de la terre et des hommes.

Cédric est d’ailleurs bénévole dans une association humanitaire au Togo. C’est là-bas qu’il a fait ses premiers pas dans le métier en participant à la construction d’une ferme de spiruline dans le but de lutter contre la malnutrition. Quinze ans plus tard, il constate que les enfants qui étaient jugés irrécupérables par l’ Organisation mondiale de la santé (OMS) sont maintenant des joueurs de foot musclés et vigoureux.

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