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Inauguration officielle

Rungis hisse le pavillon bio

Tout le gratin était là aux aurores pour inaugurer officiellement la halle bio de Rungis. On y était aussi les yeux gonflés de sommeil. Mais on a tout vu quand même. On vous raconte ?

© Marthe Lemelle

Lorsque l’on a l’habitude d’assommer le réveil à 7h30, difficile de croire qu’il y a une vie avant le journal d’Hélène Roussel. Pourtant, ce lundi 9 mai 2016 à 5h20, la vie battait son plein au marché de Rungis. Sur 234 hectares (soit les 2/3 de Central Park ou 334 terrains de foot), on pouvait assister à un élégant ballet de camions. Certains venus d’Espagne, d’autres du Nord de la France, tous venus livrer ou récupérer des marchandises auprès de l’une ou l’autre des 1200 entreprises du site, essentiellement des grossistes. On se serait bien arrêté au pavillon de la marée histoire de s’avaler une douzaine d’huitres avec un verre de vin blanc mais nos estomacs n’étaient pas prêts. Et puis, le Président de la République allait bientôt arriver.

Plus vaste halle bio d’Europe

5h45, allée D6, nous voilà donc devant la halle bio, la seule en bardage bois qui fait penser à un joli empilement de palettes. Devant, des banderoles acidulées annoncent la couleur : Rungis libère le bio. On pénètre dans ce nouveau temple de l’agriculture biologique, un hangar réfrigéré assez classique de 5600 m2 (soit la taille d’un terrain de foot américain) pressé de rencontrer tout ce monde. Vu les bons résultats de l’agriculture biologique, + 8% de fermes bio en plus au premier semestre 2015, on s’attendait à une profusion d’acteurs. En réalité, le pavillon n’accueille que 8 entreprises, dont 7 distributeurs.

100% des produits commercialisés sous la halle sont bio. © Marthe Lemelle

Distributeurs à l’honneur

Parmi ceux-ci, ProNatura, le premier réseau français de maraîchers et d’agriculteurs bio en France (1500 exploitations), également implanté au Maroc, en Espagne, au Togo… Dans sa chambre froide, des caisses de pêches viennent témoigner de cette logique internationale. A l’autre bout du spectre, la SARL ABC Provence fait goûter ses produits aux accents chantants. Installée à Saint-Andiol (13), la société réunit 45 agriculteurs autour d’une conserverie partagée et a créé une gamme de soupes, sauces, spécialités de fruits, préparations « Mémoires paysannes » que l’on a d’emblée envie de goûter. « Les principaux agriculteurs du projet viendront à tour de rôle animer le magasin et assureront une grande présence humaine sur le site de Rungis, » assure Marcel Bal, à l’origine de cette bonne idée.

Les petites soupes paysannes et collaboratives © Marthe Lemelle

Entre ces deux extrêmes, on trouve BioVive (filiale de Triballat-Noyal), Di Spé Ré bio (sélection de produits régionaux) installé à Rungis depuis 1978, la Maison Bio’sain, 100% bio et sans allergènes, Parigovino, société de distribution de vins et de spiritueux bio, Dynamis à qui l’on doit en 1997 l’un des premiers paniers de légumes bio « le Campanier » et, enfin, RVB, le Comptoir des Viandes bio (CVB) qui a fait entrer plus de 2500 éleveurs dans un distributeur. En ce 9 mai 2016, le CVB défend fièrement son beef take, un distributeur réfrigéré et connecté où le quidam peut acheter 24/24h sa pièce de boeuf bio à 5,99 euros.

Mieux que le distributeur de chewing gum, le distributeur de biftecks.

6h45 : le président François Hollande entre en scène en compagnie des ministres de l’Environnement et de l’Agriculture. D’un geste sûr, il coupe le traditionnel ruban, fait le tour des popotes, goûte aux spécialités, s’abstient de boire du vin (il est quand même super tôt) et monte sur scène aux côtés du président du Marché International de Rungis, Stéphane Layani. Dans son discours très accessible, pas de révélations fracassantes, mais quelques phrases choc comme « il ne faut pas se satisfaire de ses limites, il faut toujours investir pour voir plus grand », « Rungis c’est une vitrine pour toute la France », « quand on se plaint de la réglementation française, il faut regarder la règlementation européenne », « Rungis, c’est comme un circuit court » ou encore « le bio ce n’est pas que pour les bobos, à nous de lui donner les moyens de se démocratiser ».

Au milieu d’anecdotes et de bons mots qui font souvent sourire, le Président annonce aux agriculteurs qu’ils vont cette année recevoir leurs subventions en octobre et non pas avec 18 mois de retard comme les années précédentes et que le gouvernement soutient la proposition de loi de la députée Brigitte Allain (qui prône le développement des produits locaux dans la restauration collective). Pour conclure, François Hollande fait monter sur la scène Élodie Ricourt-Zeiher fondatrice de la société Dynamis et lui décerne la légion d’honneur pour son action exemplaire en faveur de l’agriculture biologique. Sur le chemisier de la passionnée, la couronne de chêne et le laurier se fondent avec l’eurofeuille du label biologique européen.

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