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Miss Glouglou, la grande dame du vin 

« Je m’appelle Ophélie Neiman, je suis une joyeuse amoureuse du vin, ni œnologue, ni sommelière ». Sur son blog, l’un des plus connus en France dans le domaine, miss Glouglou ne se cache pas derrière une cuillère en argent pour annoncer la couleur de ses tribulations vinicoles. « Loin des spécialistes, je souhaite parler du vin que l’on ouvre à table, entouré de bons amis (…). Une seule obligation : ne pas prendre cette boisson au sérieux. » Aborder le vin en toute simplicité, comme un verre de lait.

 

 

Cette humilité, Ophélie la doit à ses débuts dans le métier. A sa personnalité aussi. Voix voilée et boucles flamboyantes, la trentenaire se marre tout le temps, doute souvent, se reprend régulièrement « mais qu’est-ce que je raconte, ça n’a aucun sens non ? ». En réalité c’est exactement le contraire qui se passe et c’est particulièrement appréciable côté auditoire. Pour une fois, quelqu’un nous parle pinard sans que l’on ne se sente ignare.

Ophélie donc aime le vin. Depuis qu’elle a l’âge de le goûter. « Mon père a une cave hallucinante. On s’est fait de belles séances de dégustation.» Mais les choses sérieuses commencent avec une crise d’identité. Journaliste à à France 3 (où elle est madame culture) puis à Rue89 (madame environnement), la belle rousse s’offre une pause à l’approche des années 2010. « Je ne savais pas qui j’étais, ce que je voulais. J’aurais pu me mettre à boire… »

Et c’est précisément ce qu’elle fait trempant sa plume dans les muscats et les grenaches. « J’ai créé mon blog Miss Glouglou en 2009 et me suis donnée deux ans pour placer un papier vin dans un vrai journal. » Son entourage est sceptique. Son père lui conseille d’abord de s’avaler l’Atlas mondial du vin, sa mère d’arrêter de fumer.

 

 

« C’est vrai je n’y connaissais rien, c’était un blog pour débutants par une débutante.» D’emblée pourtant le ton séduit. On apprend l’art périlleux du décollage d’étiquette, on découvre l’explication des diverses formes de verres, on se met au wine dating pour draguer chic et oenologique. Au bout de 3 mois, la rédaction du Monde l’appelle pour lui proposer de devenir blog invité. Ce qui signifie pic d’audience, recettes publicitaires et articles payés. Le début de la célébrité !

Le truc qui me fait me lever ? Aller à une dégustation à 9h.

Au fil des mois, Ophélie continue son apprentissage et la publication de posts aux antipodes de ce monde coincé entre le torchon blanc du sommelier et le phrasé ampoulé. « Je déteste les trucs élitistes du vin. » En 2010, premier fait de gloire : la jeune femme publie une vidéo sur comment cracher le vin avec élégance. Bilan 235 000 vues sur Youtube. « Je racontais n’importe quoi du genre sentez vous chic ça vous aidera à cracher chic. » Le résultat est très drôle, on en veut encore.

 

 

La journaliste s’essaye alors à différents formats, vidéos, stop motion. Certains papiers font scandale, « quel vin boire avec de l’écureuil ? » recueille 110 commentaires. Celui ironiquement titré « pourquoi le cheval blanc sera raté, les images qui accablent», devant la levée de boucliers, est renommé par la rédaction et devient « Mes vendanges à cheval blanc.» Pour le reste, ça fonctionne. Le public boit ses écrits comme du Beaujolais.

Alors Ophélie ouvre des bouteilles, écrit et en découvre encore de nouvelles cuvées. « Le vrai truc pour progresser c’est de goûter et encore goûter. C’est comme en musique, tu t’écoutes des disques et des disques de classique et après tu sais reconnaître un Beethoven d’un Chopin. » Elle se forme également à la dégustation à l’université du vin de Suze-la-Rousse et en 2013, consigne toutes ses connaissances dans un précis d’oenologie illustré par Yannis Varoutsikos : « le vin c’est pas sorcier ».

 

 

Même fraîcheur, même approche instructive sans prise de tête dans cet ouvrage de 215 pages qui se vend à 40 000 exemplaires, est traduit en 7 langues, se trouve même chez la mère Poularde et Darty. On découvre les larmes et les jambes du vin, on sait enfin que le vin rosé n’est pas un vin rouge coupé au blanc, on apprend à choisir la bonne bouteille pour la bonne soirée, à décoder une étiquette, on visite les vignobles du monde entier.

Aujourd’hui, l’image du vin change. Aux Etats-Unis, les critiques de pinard ont des gueules de punks.

Page 50, on retient la leçon philosophique du chapitre « ça pue ». « Ouvrir une bouteille de vin peut conduire à de nombreuses mésaventures de dégustation : un bouchon poreux qui a laissé filtrer l’air et a tué le vin (…), un vin qui sent l’urine, le fumier, bref qui sent mauvais. Goûter un vin, c’est prendre le risque d’être déçu, d’avoir dépensé des sous pour pas grand chose. Il faut assumer et ne pas en faire toute une histoire en cas de déboire. Un bon vin ravit une soirée, un mauvais ne doit pas la gâcher. » Comme un verre de lait.

2 commentaires

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  1. Bof, pas très miss glouglou… elle est pas très différente des autres journalistes qui parlent du vin. Elle fait comme les autres, la promo des Foires aux Vins. Faire vendre les stocks achetés à bas prix chez Leclerc ou Lidl. Suffit de lire ses articles du Monde. Franchement la Ruche vous auriez pu aller chercher un exploitant qui travaille correctement, pas forcément une journaliste qui fait la promo de toute la filière.

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