Par Hélène Binet, 25 juin 2013

Cessy, petite bourgade de 3992 âmes du département de l’Ain. Un jet de pierre de Gex, deux de Genève. Mei Lin Boniface y atterrit il y a 5 ans. « Ici c’est vraiment la campagne même si les gens ont des habitudes de citadins, précise celle qui dans son Panama natal, officiait en tant qu’architecte-urbaniste. Dans ce village de montagne, il y a un vrai mélange de ruraux et d’urbains. Il faut apprendre à s’apprivoiser. » Mei Lin qui a vécu au Japon, aux Etats-Unis ou plus récemment à Paris est plutôt du genre hyper-active. Rester dans son coin ? Impossible. Aussi, rapidement, la jeune femme créé un blog sur les activités compatibles avec des enfants en bas âge dans la région. Les siens ont alors 4 et 2 ans, un bon moyen de joindre l’utile à l’agréable. « C’était avant tout pour travailler mon français, je faisais un blocage à l’écrit et je me suis dit que c’était une bonne façon de le dépasser. » Au cours de ses cyber-recherches, elle tombe alors sur le site de La Ruche qui dit Oui ! et ni une ni deux se lance dans l’aventure. « Dès le début, je me suis dit que je ne gèrerai pas ce projet comme un commerce mais comme une communauté. »

Dans le club des 7, Mei Lin est d’emblée la plus active sur le plan commercial et démarche tous azimuts. Elle s’imprime des petites cartes d’invitation, « puisque l’inscription à la Ruche qui dit Oui ! est gratuite, je me suis dit que c’était bien d’une invitation à manger juste dont il s’agissait. » Pare-brise, cabinets médicaux, sorties d’écoles, boîtes aux lettres, Mei Lin inonde le village et les environs. En quelques mois, sa ruche de campagne pousse comme un champignon et fédère plus de 500 membres. Chaque semaine, près d’une centaine d’entre eux poussent le portail de sa maison pour récupérer leurs denrées. Les producteurs sont là, abrités sous des barnums et des parasols installés pour l’occasion. Rapidement, la Ruche de Mei Lin devient l’attraction du village jusqu’au rappel à l’ordre. « Quand une centaine de personnes débarquent chez vous, dans un petit bourg comme Cessy, c’est forcément l’embouteillage. » Le maire exige alors que la Ruche se tienne sur la place publique, un parking au centre du village. 2011, 2012, 2013, les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. « On a parfois eu très froid, avec des distributions sous la neige, des camions embourbés. L’été c’est toujours une autre ambiance. » Il y a eu ce coup dur, à l’automne dernier quand son maraicher préféré s’est envolé pour s’offrir un tour du monde. « Ca a été très difficile de le remplacer. » Mais Mei Lin peut le comprendre. Cet été, elle-même met les voiles. Où ? C’est l’aventure, rien n’est encore fixé. Que deviendra la Ruche de Cessy ? Pas d’inquiétude, Mei Lin en a consciencieusement confié les clés à un ami. « Je garde tout de cette expérience tellement humaine et solidaire. Ca m’a énormément appris et pas seulement à supprimer mes fautes de français. » Muchas gracias Mei Lin, te vamos a hechar de menos.

Si vous aimez nos articles, dites-le nous sur notre page Facebook et pour découvrir la Ruche qui dit Oui ! c’est par ICI