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Quand le maraîchage permet de retrouver confiance et emploi

Oui Le Blog, https://magazine.laruchequiditoui.fr
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Maraîchage et insertion ont toujours fait bon ménage. Partout en France, des initiatives fleurissent pour remettre dans le droit sillon des personnes éloignées de l’emploi. Découverte dans le Nord d’un chantier d’insertion où l’on manie la bêche et la cagette.

« Lorsque j’ai débuté dans l’insertion, se rappelle Jean-Guy Henckel, directeur des Jardins de Cocagne, on n’offrait aux ‘pauvres’ que des boulots pourris. Je me souviens de taulards à qui l’on confiait la fabrication de pièges à rats. Le jardinage permet de se reconnecter à la terre, de construire un projet positif. »

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Vous avez besoin de légumes – Ils ont besoin de travail – Cultivons la solidarité ! », le slogan des Jardins Cocagne résume bien l’esprit de la démarche.

A Villeneuve d’Ascq dans le Nord, ça fait 30 ans qu’on en est conscient. En 1985, l’association ATD Quart Monde créé les Serres des Prés : 3 hectares exploités dont 5000 m2 de tunnels. Aujourd’hui, 30 ouvriers encadrés par deux maraîchers assurent toute la production de A à Z : suivi des sols et des cultures, récolte, stockage des légumes. Mais aussi la préparation, la réalisation des commandes et des livraisons (nettoyage, tri, calibrage, conditionnement) ainsi que l’entretien et le rangement des matériels comme des bâtiments dédiés à la production.

Et ça fait du bien de mettre les mains dans la terre ? Aux Serres des Prés, sur les 6 personnes ayant quitté la structure au 1er trimestre 2014, 1 personne a décroché un CDD, 2 suivent actuellement un parcours d’insertion professionnelle dans une brocante solidaire, 2 sont à présent en formation en restauration, 1 est toujours « en galère ».

Alliance*, c’est la belle histoire que les responsables aiment bien raconter. Réfugiée Rwandaise, en situation précaire et mère de 3 enfants à charge, elle travaille 18 mois au sein des Serres des Près. Habitée par une envie farouche de s’en sortir, elle participe aux travaux des champs, se révèle apte à prendre des responsabilités, sert au magasin de vente de l’exploitation, réalise la préparation des commandes de la Ruche qui dit Oui ! A l’issue de son contrat renouvelé 3 fois, elle s’oriente vers un projet professionnel qui raisonne en elle et intègre une structure pour devenir auxiliaire de vie. Mission accomplie.

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L’intérêt de choisir l’agriculture comme vecteur d’insertion ? Redonner du sens au travail, montrer à quoi sert (concrètement) ce que je fais.

Evidemment, il n’en est pas toujours ainsi mais les chiffres sont plutôt encourageants. En France, les projets d’insertion par les travaux agricoles représentent 8% des structures totales. Leur nombre progresse chaque année, soutenus par une volonté politique (locale, régionale, ou nationale) de développer et démocratiser l’agriculture biologique. « Le bio est un moyen de respecter les personnes qui travaillent, » confie Jean-Guy Henckel.

Mais qui finance et orchestre ces missions d’insertion ? Le plus souvent, il s’agit d’ateliers et de chantiers d’insertion (ACI). Pendant plusieurs mois, on y accueille sur des exploitations des hommes et des femmes de tous âges, en situation précaire (allocataires du RSA, sans revenus, sans domicile, sans qualification ni formation, chômeurs de longue durée, n’ayant jamais travaillé), rencontrant des difficultés d’ordre professionnel, social ou personnel. Ou parfois les trois.

« La structure d’insertion a pour mission de leur réapprendre à travailler et s’intégrer dans un projet collectif, explique Nathalie Picotin-Lo, directrice des Serres des Prés. Cela leur permet de reprendre confiance avant de repartir du bon pied pour se réinsérer dans le circuit professionnel. Notre rôle est d’accueillir, de former, d’accompagner, de redonner du sens au travail, d’apprendre à travailler ensemble. »

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Un des jardins de Cocagne, à Magny-les-Hameaux, dans les Yvelines.

Côté financement, les contrats de travail de personnes en insertion (26h / semaine) sont financés en partie par l’Etat et le Conseil Général. L’agriculture biologique nécessitant beaucoup de main d’œuvre, ça tombe plutôt bien. En contrepartie, l’ACI doit assumer les coûts de la structure (encadrants techniques, encadrants sociaux, frais de fonctionnement) par la vente des légumes, comme toute structure commerciale qui se respecte.

« On doit se décarcasser pour vendre et valoriser les légumes pour équilibrer les comptes, explique Nathalie.  Vente de paniers par abonnements (Jardins de Cocagne), marchés, conciergeries d’entreprises, la Ruche qui dit Oui ! on écluse toutes les sortes de circuits courts. Ce modèle nous oblige à ne pas vivre sous perfusion de l’Etat et à nous former aux métiers de la logistique (préparation de commande), de la livraison et de la vente. »

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Les ESAT aussi marient maraîchage et insertion.

Au final, ne vous attendez pas acheter des légumes bio à prix dérisoire grâce à une main d’œuvre financée par l’Etat. Les légumes sont vendus au « prix du marché » pour équilibrer les budgets et assurer la formation et l’énorme accompagnement nécessaire. Mais ils ont un supplément d’âme, celui d’avoir remis dans les rails des personnes trop longtemps éloignées de l’emploi.

 * Le prénom a été modifié

 

 

 

 

 

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