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La ferme de la Guérie ne connait pas la crise

Journaliste à l’Equipe dans une première vie parisienne, Christophe Osmont est retourné en Normandie pour reprendre la ferme familiale. Longtemps exploitation laitière traditionnelle, la ferme de la Guérie à Coutances est depuis 2011 un élevage de vaches laitières et à viande. Christophe revient sur la crise agricole de cet été.

Cet été vous n’êtes pas allé manifester, pourquoi ?

Manifester non, pas parce que je ne suis pas solidaire du mouvement de ces agriculteurs parce que je ne vois pas où cela peut nous mener. En Europe nous sommes confrontés à cause de la PAC à une agriculture de plus en plus productiviste. On veut produire à moindre coût mais cela se traduit par une baisse de la qualité.

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Pourquoi selon vous ce combat est-il vain ?

Parce que l’État n’y peut rien, la concurrence est mondiale et la France ne peut pas rivaliser en terme de prix. Au final des exploitations agricoles vont disparaître…

Alors quelle est la solution pour le monde agricole ?

On a trop donné de pouvoir aux grandes surfaces, avec leur guerre des prix il ont voulu toujours acheter moins cher. Il faut stopper l’achat à bas prix car il y aura toujours quelqu’un ailleurs dans le monde qui fera mieux. La solution ne sera pas valable pour tous, mais il faut que les agriculteurs produisent de la qualité et communiquent sur leurs produits.

Au final, seul le consommateur a les clés. Si tout le monde veut de la qualité… on vendra de la qualité ! Mais cela nécessite de repenser la place de l’alimentation dans notre budget, avant on y consacrait 1/3 de nos revenus, maintenant c’est 10%. Je suis plutôt optimiste sur le regard du consommateur, mais la transition sera difficile pour les exploitations intensives, des exploitations disparaîtront, celles de taille moyenne souffriront le plus.

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En quoi votre modèle agricole est différent à la Ferme de la Guérie ?

Nous sommes une petite exploitation mais diversifiée, c’est très important, dans la vente directe. Mes parents ont fait le choix en 2011, quand ils sont sortis d’un GAEC laitier traditionnel, de s’adapter à la demande du marché en faisant de la viande de bœuf, veau mais aussi agneau et porc. Quand ils ont voulu se regrouper pour créer un marché de producteurs ils se sont aperçus que d’autres faisaient déjà du lait, alors que personne ne proposait de viande.

Vous envisagez de faire certifier bio votre production ?

Oui, nous produisons déjà l’alimentation des animaux en broyant les céréales à la ferme, nous achetons de moins en moins d »aliments concentrés  (tourteaux de soja ou colza) qui sont coûteux et nécessitent beaucoup d’énergie à produire. Les vaches pâturent le plus longtemps possible, nous les soignons à l’homéopathie et aux huiles essentielles et elles ne reçoivent pas d’antibiotiques préventifs (seulement en cas de nécessité pour une bête très malade).

Nous travaillons déjà en grande partie conformément au cahier des charges AB, obtenir le label nous permettra de vendre notre lait à un meilleur prix.

Christophe s’est regroupé avec d'autres agriculteurs de la région pour créer un magasin de producteurs « La Ferme Coutançaise ».
Christophe s’est regroupé avec d’autres agriculteurs de la région pour créer un magasin de producteurs « La Ferme Coutançaise ».

On parle beaucoup en ce moment de réduire la consommation de viande, qu’en pensez-vous ?

La viande doit redevenir un produit de luxe comme le rôti de bœuf du dimanche de nos parents. Aujourd’hui les gens achètent sans le savoir une viande de réforme qui n’a pas été engraissée ni mâturée pour baisser son coût.

Et l’avenir, vous le voyez comment ?

A la Ferme nous avons fait le choix de maîtriser toutes les étapes en investissant dans un laboratoire de transformation, en ayant un boucher qui vient sur place découper les bêtes. Tout ceci représente un coût élevé. Mais pour l’abattage nous sommes obligés d’emmener les animaux à 1 heure d’ici. Les abattoirs ferment car ils ont été créés pour faire du volume, le système entier est de plus en plus adapté à l’agriculture intensive. Ce qu’il nous faudrait c’est un camion abattoir avec un vétérinaire qui aille de ferme en ferme…

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Retrouvez les produits de Christophe, directement à la Ferme http://fermedelaguerie.jimdo.com/, au magasin de producteurs La Ferme Coutançaise  et dans les marchés éphémères de la Ruche qui dit Oui ! de votre région.

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