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L’histoire d’une conversion

La femme qui murmurait à l’oreille de ses vaches

Plonger dans l’agriculture biologique pour ne plus boire la tasse ? Dans le Tarn, Hélène et Thierry ont fait le grand saut.

Les trente vaches de la ferme arborent des tenues de toutes les couleurs.

La vacherie Rivet, au début, c’est une histoire d’amour. 1991, Hélène est jeune, fraîchement diplômée d’agronomie, Thierry est exploitant, dans la fleur de l’âge lui aussi. Il l’accueille pour un stage dans sa ferme. Et là, c’est le coup de foudre ! « Je ne me voyais pas pour autant démarrer le dur métier d’agricultrice, raconte Hélène encore des étoiles dans les yeux. Enfin pas tout de suite. »  Alors elle voyage un peu, revient en France et devient animatrice à la Confédération Paysanne où elle lance le réseau des semences paysannes.

Quelques années plus tard, en 2000, elle retrouve son amour de jeunesse et s’installe avec lui. L’agricultrice confie en souriant : « j’ai épousé la ferme en même temps que Thierry. » Très vite, le couple prend conscience, avec la crise du lait, qu’il est préférable d’en transformer une partie en fromage. Contrairement à ce qui se passe fréquemment dans les fermes : Hélène gère la partie élevage, très physique, et Thierry se passionne pour la fabrication du fromage, en apparence plus subtile.

Aujourd’hui, à la ferme de Rivet, cohabitent une trentaine de vaches de races croisées : majoritairement des Simmental (rustiques et parfaites pour les fromages de type emmental) et des prim’Holstein (les papesses du lait). Les bêtes coulent des jours heureux, pâturent 8 mois dans l’année, pendant lesquels notre agricultrice amène son troupeau aux champs le matin, après la traite, puis les ramène le soir. Pas d’ensilage dans l’alimentation, mais du foin, et de l’herbe naturelle, sans intrants.

Un jour, j’ai réalisé que les vaches avaient besoin de moi et répondaient à mon appel.

Hélène aime ses vaches, c’est indéniable. Elle entretient d’ailleurs un rapport très particulier avec elles. Elle pratique la traite de bête en bête, c’est-à-dire qu’elle déplace la trayeuse de vache en vache. Cette pratique tombée en désuétude, Hélène y tient plus que tout. « C’est un moment d’intimité, je suis seule avec chacune de mes bêtes, assise à leur côté. » Elle les observe, elle leur parle et en même temps se ressource. « La traite est un moment sacré où je discute avec moi-même ». Et de confier un petit moment de bonheur de ses débuts d’éleveuse : « un jour, j’ai réalisé que les vaches avaient besoin de moi et répondaient à mon appel. »

Les fromages frais de la ferme.

Longtemps, Hélène et Thierry refusent de demander la labellisation de leur lait et de leurs fromages en agriculture biologique. Pourtant, toutes les conditions sont réunies. « Nous voulions rester libres de nos pratiques, explique Hélène. Ne pas être obligés, par exemple, de ne pas traiter une parcelle envahie par le rumex, mauvaise herbe qui s’étend de manière désastreuse. » Par ailleurs, la laiterie à laquelle le couple est lié avait déjà atteint son quota de lait bio et ne souhaitait pas en accueillir plus. « Nos méthodes ont toujours été transparentes vis-à-vis de nos clients, dans les épiceries locales, à la ferme et à l’AMAP. Nous n’avions pas besoin de certification pour justifier nos pratiques ».

Mais finalement, au bout de 5 ans, le couple d’agriculteurs se rend compte qu’il leur est possible d’être rentable tout en suivant en totalité le cahier des charges de l’agriculture biologique. Dans le même temps, la laiterie trouve un nouveau débouché pour du lait biologique et en recherche. Et puis, le prix du lait conventionnel chute quand celui du lait bio reste à peu près stable. En 2015, c’est le déclic, la ferme de Rivet est prête à demander la certification !

Hélène et Thierry aménagent alors leur hangar, à peine utilisé, pour en faire une aire paillée de couchage. Cet espace accueille l’hiver les vaches l’hiver quand il n’est pas possible de les amener en pâture. Elles continuent malgré tout à manger, dormir et donner leur lait dans l’étable. Hélène préserve ainsi son moment privilégié de la traite et continue à parler à ses bêtes. Et avec la certification à venir à l’horizon 2017, elle en a, de belles choses, à leur raconter…

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